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Intel, mastodonte des processeurs, serait en passe d’être racheté

23 septembre 2024
Par Pierre Crochart
Intel, mastodonte des processeurs, serait en passe d'être racheté
©Daniel Chetroni / Shutterstock.com

Tourmentée, l’entreprise américaine cherche à maintenir sa tête hors de l’eau, et sa bouée de sauvetage pourrait s’appeller Qualcomm.

Chahuté sur les marchés, à la traîne sur la course à la finesse de gravure des processeurs pour ordinateurs, et encore en attente de faire ses preuves sur le segment des cartes graphiques grand public, Intel ne vit pas sa meilleure année. D’après des informations du Wall Street Journal, un rachat d’envergure se profilerait pour le géant américain.

Intel dans le viseur de Qualcomm

Qualcomm est une autre entreprise américaine, moins connue du grand public, mais qui, elle, a le vent en poupe. La raison ? C’est en partie elle qui porte le drapeau du développement de l’intelligence artificielle sur Windows 11, grâce à ses nouveaux processeurs trouvant leur place au sein des PC Copilot+ présentés par Microsoft cet été.

Un temps entreprise la mieux valorisée du secteur des microprocesseurs, Intel est désormais loin derrière un Qualcomm sur un petit nuage (la marque alimente aussi la majorité du secteur des smartphones avec ses puces Snapdragon). Avec une valorisation boursière de 188 milliards de dollars, contre 93 milliards seulement pour Intel, Qualcomm est dans une position favorable pour s’offrir son concurrent.

Mais pourquoi Qualcomm s’embarrasserait-il d’un achat forcément coûteux, pour une entreprise qui a du mal à suivre le mouvement du marché ? Pour combler certaines de ses lacunes. Si Qualcomm conçoit ses propres puces, il n’a pas l’infrastructure pour les fabriquer lui-même. Intel, lui, dispose d’une cargaison de brevets alléchants et également d’une branche dédiée, Intel Foundry, qui ferait de l’œil à Qualcomm afin de gagner en indépendance vis-à-vis de TSMC – l’entreprise taiwanaise qui produit jusqu’ici ses processeurs.

Quel avenir pour Intel ?

D’après l’agence Reuters, aucune offre n’a encore été faite à ce jour. Mais il est indéniable qu’Intel est en mauvaise posture et a procédé ces derniers mois à une restructuration importante qui a coûté leur emploi à plus de 15 000 employés dans le monde au début du mois d’août.

Intel ne s’est jamais totalement remis de l’abandon d’Apple qui, en 2020, a cessé de se fournir en processeurs Intel au profit de ses propres CPU, les fameuses puces Apple Silicon M. Si la marque est toujours plébiscitée pour les performances de ses processeurs pour les ordinateurs de bureau, son concurrent direct AMD est plus redoutable que jamais et propose des modèles à la fois plus compétitifs et plus efficients, offrant des performances égales et parfois supérieures selon les usages.

Une enfilade de déconvenues pour celui qui était auparavant le leader incontesté d’un marché en perpétuelle croissance, qui pourrait donc mener, d’abord, à une scission en deux entités afin de réduire les coûts (une partie conception, une partie fonderie), puis éventuellement à un rachat par Qualcomm. Si tant est que les autorités de la concurrence américaines laissent passer ce qui commencerait dangereusement à ressembler à un monopole.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste
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