Parmi tous les ouvrages qui sortent en librairie en cette période, il est parfois difficile de s’y retrouver. Voici nos sept coups de cœur de cette rentrée littéraire foisonnante !
La rentrée littéraire est, comme chaque année, l’occasion de faire le plein de livres tantôt distrayants, tantôt larmoyants, tantôt irrévérencieux. Un panel réjouissant, qui se termine symboliquement par la remise des récompenses littéraires comme le prix Goncourt.
| Le Syndrome de l’Orangerie, de Grégoire Bouillier
On l’avait quitté avec le foisonnant Le Cœur ne cède pas en 2022. Cette année, Grégoire Bouillier revient en force avec une nouvelle enquête de son alter ego littéraire, Bmore. À l’origine de ce livre : une visite de l’auteur au musée de l’Orangerie de Paris. Face aux Nymphéas de Monet, cette série impressionniste qui défie tous les qualificatifs, Grégoire Bouillier se sent mal. Très vite, il fait une crise d’angoisse.
À partir de cet instant, il décide de faire entrer Bmore en scène. Jamais loin de son acolyte Penny (qui, ici, ne participe pas concrètement à l’enquête), Bmore se met alors en tête de sonder Monet et tout ce qu’il a enterré derrière son chef-d’œuvre. Un roman réjouissant sur le rôle de celui ou de celle qui regarde, mais aussi sur les conséquences que le passé peut avoir sur nos vies actuelles.
| Célèbre, de Maud Ventura
Après le succès de son premier roman, Mon Mari, Maud Ventura fait un retour remarqué, porté par une héroïne que l’on adore détester. Dans ce nouveau roman, on fait la connaissance de Cléo qui, depuis toute petite, est obsédée par une chose : devenir célèbre. Dès lors, elle met tout en place au cours de sa vie pour atteindre cet objectif et finit par y arriver !
Chanteuse adulée, richissime, convoitée, elle nous raconte son histoire, son parcours, son quotidien, et l’on découvre un personnage irritant à plus d’un titre, mais touchant dans ce qu’elle a de conviction d’être une idole. À la frontière du thriller psychologique et de la comédie, Célèbre est une réflexion pleinement contemporaine sur ce que le monde des superstars a de plus ambivalent.
| La Petite Bonne, de Bérénice Pichat
Dans ce premier roman, celle que l’on ne nomme pas est une « petite bonne » à qui l’on n’a rien à redire. Efficace, courageuse, elle a le goût du travail bien fait. Un jour, elle entre au service d’un couple dont le mari est handicapé et dont la femme, Alexandrine, est quelque peu accablée par la vie.
Un jour, cette dernière s’éclipse, laissant son mari et la bonne seuls. Entre eux, un lien sans commune mesure va se créer, jusqu’à ce que le bourgeois révèle un plan plus qu’étonnant à la bonne. Le trio s’en sortira-t-il indemne ? Sur fond de musique, de pudeur et de travail psychologique, Bérénice Pichat n’en oublie pas moins la forme, puisque La Petite Bonne est un huis clos à plusieurs voix, où différents styles réjouissants viennent cohabiter, à l’instar des vers libres. Le roman nous pose, enfin, une question simple, mais essentielle : et nous, comment aurions-nous réagi à leur place ?
| Alors c’est bien, de Clémentine Mélois
Le père de l’autrice, Bernard Mélois, était un sculpteur, un artiste, mais aussi un bricoleur rempli de fantaisie. Quand vient l’heure de ses derniers jours, les filles et leur mère se retrouvent autour de cette figure afin de faire de ces moments un souvenir le plus joyeux possible.
Dans ce récit aussi touchant que fantasque, l’oulipienne Clémentine Mélois fait le récit d’un chagrin familial jamais loin de la lumière, où l’on peint les cercueils en bleu et dont un certain rapport à la vie se détache. En parallèle, la fille fait également le récit de vie de son père et retranscrit sa voix sur le papier, pour ancrer la mort comme une manière de célébrer la vie.
| Le Harem du roi, de Djaïli Amadou Amal
Le grand public a fait connaissance avec Djaïli Amadou Amal à travers Les Impatientes, qui a reçu le prix Goncourt des lycéens en 2020. En cette rentrée littéraire, l’autrice d’origine camerounaise poursuit son travail avec une histoire où l’amour et les ambitions se heurtent de plein fouet.
Boussoura et Seini forment un couple stable, moderne, épanoui. Un jour, Seini, fils de roi, est appelé à prendre la succession. Très vite, on comprend que l’appel du pouvoir est plus fort que tout, plus fort même que l’amour pour Boussoura. Comme une colonne vertébrale, Djaïli Amadou Amal appuie là où ça fait mal et dénonce certains tabous qu’elle a pu rencontrer dans sa vie, à l’instar de la polygamie ou des mariages forcés. Un livre bouleversant, qui nous fait réfléchir au poids des traditions.
| Mille Images de Jérémie, de Clément Ribes
Mille Images de Jérémie est un livre hybride. Composé de fragments, il est d’abord le roman d’une histoire que l’on n’oublie pas. Le narrateur se remémore un autre homme qu’il a aimé. Amant, amour, tout n’est pas toujours dit, mais les souvenirs sont ici l’occasion de faire des ponts, de se perdre dans le labyrinthe de son cerveau.
À travers mille microsouvenirs en forme de liste, Clément Ribes nous fait faire le tour d’une mémoire, mais aussi d’une histoire qui, à plus d’un titre, ressemble à toutes les histoires du monde et à aucune autre à la fois.
| Jour de ressac, de Maylis de Kerangal
La narratrice de Jour de ressac est doubleuse au cinéma, à Paris. Un jour, un policier l’appelle : elle doit se rendre au Havre, ville où elle a vécu, car un corps a été retrouvé. Un corps dont elle ne sait pas encore vraiment ce qui le lie à elle.
Au fil du roman, on suit cette double enquête, dont le socle reste l’identification : qui est ce corps qu’elle peine à reconnaître et qu’a-t-il de commun avec elle ? À la faveur de tout ceci, des souvenirs ressurgissent comme des vagues. En toile de fond, Le Havre, personnage à part entière de Jour de ressac, qui est également la ville où l’autrice a grandi.