Critique

Emily in Paris, saison 4 : on prend les mêmes et on recommence

15 août 2024
Par Agathe Renac
“Emily in Paris”, saison 4, le 15 août sur Netflix.
“Emily in Paris”, saison 4, le 15 août sur Netflix. ©Netflix

La plus américaine des Parisiennes est de retour dans la capitale pour une nouvelle salve d’épisodes qui manquent de rythme, mais qui mettent en lumière de nouvelles intrigues prometteuses.

Autant l’avouer tout de suite : on a dévoré (et adoré) les deux premières saisons d’Emily in Paris. Guilty pleasure par excellence, la série Netflix se binge en quelques heures, pour notre plus grand plaisir. Entre les dramas, les tenues toujours plus folles des héroïnes et les plans pop et colorés, le show avait tous les ingrédients pour nous séduire.

Diffusée en décembre 2022, la troisième salve nous avait néanmoins laissé une impression de déjà-vu, malgré son sens du cliffhanger. La suite de la série parvient-elle à gommer ce défaut ? On a pu voir les trois premiers épisodes de cette saison 4 en avant-première, et notre verdict est plus que mitigé.

Oui oui baguette

Bruno Gouéry nous avait prévenus lors de notre rencontre : « Il y a encore plus de fashion, de décors et de lieux exceptionnels [dans cette nouvelle salve] ». L’interprète de Luc ne nous avait pas menti, on retrouve effectivement tout ce qui a fait le succès d’Emily in Paris. Terrasses de café cosy, boutiques colorées, tour Eiffel illuminée, jardins de la maison de Claude Monet à Giverny… La série capture une nouvelle fois la beauté et la magie de la capitale à travers des plans sublimes.

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Qu’il s’agisse d’un footing au bord de la Seine, d’un rendez-vous avec des clients dans les loges de Roland Garros ou d’une balade en calèche dans les petites rues, tous les prétextes sont bons pour montrer les plus beaux coins de la ville – si bien qu’on croirait revivre certains moments de la génialissime cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Sublimés par une BO très frenchie, ces séquences ne peuvent que nous rassurer : Emily in Paris sait toujours aussi bien faire du Emily in Paris.

De la même manière, la série mise toujours autant sur des tenues colorées et assume à 100 % son côté fashion. Emily en jaune poussin de la tête aux pieds, Emily dans un costume haute couture bleu nuit, Emily sous une capeline noire et une grande cape blanche… Les spectateurs ne sont pas dépaysés et retrouvent l’ADN du show. Ce dernier joue d’ailleurs toujours autant avec les codes des réseaux sociaux (notamment avec un récap très intelligent de la saison précédente à travers une vidéo TikTok du frère de Camille) et multiplie les placements de produit plus ou moins subtils (Vestiaire collective, AMI, Ganni, Samsung…).

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On prend aussi beaucoup de plaisir à redécouvrir les dynamiques entre les membres de l’agence. Ça se chamaille, ça se tire dans les pattes, ça se lance des piques… Comme toujours, Luc et Julien assurent un duo comique qui fonctionne à merveille, Emily accumule les galères, Sylvie lui ordonne de trouver des solutions, l’Américaine sauve la situation avec ses idées originales qui cassent les codes, et l’équipe enchaîne les quiproquos et les malentendus. Bref, on a l’impression de retrouver nos collègues après de (trop) longues vacances, et on sourit en s’apercevant que rien n’a changé.

Girl power

Mais parfois, le changement peut aussi avoir du bon. Après les événements dramatiques du mariage de Camille et Gabriel – où la jeune femme a refusé cette union devant l’autel en raison de l’amour évident entre son fiancé et Emily –, l’Américaine est perdue. Elle a des sentiments pour son voisin (qui attend un bébé avec son ex), mais aussi pour Alfie, qui est tout aussi déboussolé qu’elle.

Gabriel ? Alfie ? Alfie ? Gabriel ? En reprenant la même trame dramatique que les précédentes saisons, ce nouveau chapitre s’essouffle rapidement. Cette redondance impacte le rythme des épisodes, qui peinent à offrir des rebondissements dignes des premières salves.

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Cependant, cette saison 4 trouve sa force dans le développement de personnages qui étaient jusqu’à présent restés secondaires, Sylvie et Mindy nous offrant sûrement les intrigues les plus intéressantes et prometteuses de ce nouveau chapitre. La boss d’Emily doit faire face à un dilemme. Le PDG de JVMA, Louis de Léon, est décidé à racheter l’entreprise de son mari et ainsi collaborer avec les deux époux.

Cependant, une journaliste du Monde enquête sur son comportement inapproprié avec ses collègues féminines et demande à Sylvie de se confier sur ses expériences passées. Une situation qui apporte des questionnements intéressants et plus engagés à la série, cette dernière n’hésitant pas à mettre en lumière les abus dans le monde de la mode et celui des grandes entreprises en général.

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De son côté, Mindy, qui se prépare à l’Eurovision avec son groupe, est aussi victime du comportement toxique de Louis de Léon. Le père de son petit ami se permet des commentaires sur ses tenues et son corps, ce qui pousse Nicolas à lui offrir des vêtements plus « appropriés » pour leurs sorties. Une situation de « slutshaming » que la jeune femme refuse ouvertement.

Au fil des épisodes, le personnage gagne en profondeur et apporte un vrai vent de fraîcheur à l’intrigue. De plus, l’affirmation de Julien dans sa vie professionnelle et les aventures de Luc qui enchaîne les bourdes et personnifie le syndrome de l’imposteur – dans lequel on s’identifie facilement – sont autant de nouvelles histoires qui nous éloignent du triangle (carré ?) amoureux d’Emily, et ça fait du bien.

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On ne va pas se mentir : malgré le manque de rythme et les redondances de cette nouvelle saison, on compte évidemment se jeter sur les prochains épisodes dès leur sortie – d’autant plus que la bande-annonce nous a teasé une escapade à Rome et de nouveaux personnages. Espérons que l’autre ville de l’amour apportera le vent de fraîcheur qu’on espérait et relance cette quatrième salve.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste