Étoile montante de la musique, Carbonne a dévoilé Imagine il y a quelques mois, véritable carton de l’été. De retour avec l’EP Par nous-mêmes, l’artiste originaire de Montpellier s’est entretenu avec L’Éclaireur afin de parler de cette nouvelle création, de sa notoriété naissante, ainsi que de son univers.
Vous avez sorti votre nouvel EP cet été. Comment avez-vous accueilli ce nouveau succès ?
J’étais très pressé de sortir Par nous-mêmes, parce qu’Imagine était tellement fort. Beaucoup de gens m’ont découvert grâce à ce son, il fallait donc maintenant qu’ils découvrent mon univers. Depuis la sortie, tout s’est enchaîné, on a fait beaucoup de concerts et de festivals. On était aux Ardentes, à Toulouse, à la Maroquinerie à Paris. J’ai quand même trouvé le temps de lire les messages et l’EP semble plaire, ça me fait vraiment plaisir.
Je pense que le public commence à comprendre mon univers. C’est pour cette raison que j’ai fait un EP et qu’il n’y a pas de feat dessus. C’est un EP très personnel, il n’y a que six morceaux. Je vois aussi que Bene plaît beaucoup, il fonctionne bien, tout comme j’ai beaucoup de retours sur Musica. Tout le monde me dit que ce morceau sort du lot.
Comment définiriez-vous votre univers, justement ?
Dans mon univers, on ressent ce côté sud et méditerranéen, aux inspirations espagnoles, notamment dans les mélodies. J’ai fait appel à un guitariste, qui a vraiment arpenté les rues espagnoles pendant des années avec sa guitare. Il fait partie de notre équipe et nous accompagne sur scène. Ça me tenait à cœur de faire un projet où on mélange des éléments acoustiques de la musique traditionnelle et de la musique actuelle à l’atmosphère électronique, comme sur le morceau Jamais j’arrête. Je pense que j’ai cette particularité-là.
« Quand j’écoute des musiques que j’ai écoutées il y a plusieurs années, c’est comme une madeleine de Proust, ça ramène des souvenirs comme des odeurs. »
Carbonne
L’EP n’est pas une live session, mais on ressent la chaleur dans le style. En termes de musique, j’ai aussi mis beaucoup de chœurs dans les ambiances pour qu’on ait cet ensemble fédérateur, cet aspect de Par-nous-mêmes et ce côté famille qui revient sur presque sur tous les morceaux.
Selon vous, à quoi la musique sert-elle avant tout ?
La musique, c’est incroyable. Pour moi, elle peut vraiment être utilisée dans toutes les circonstances, à toutes les étapes d’une vie, à tous les moments de l’année, comme les moments mélancoliques pendant lesquels on a envie d’écouter de la musique en solo, qui va nous faire du bien, nous réconforter ou nous plonger un peu plus dans cette mélancolie. Il y a aussi la musique pour faire la fête, le côté fédérateur grâce auquel on peut chanter notre peine avec le sourire, tous ensemble. Il y a aussi la musique qui t’accompagne…
La musique est tout simplement une accompagnatrice. Elle permet d’avoir des souvenirs et de marquer des moments. Je sais que quand j’écoute des musiques que j’ai écoutées il y a plusieurs années, c’est comme une madeleine de Proust, ça ramène des souvenirs comme des odeurs.
Comment avez-vous commencé la musique ? Qu’est-ce qui a été déclencheur ?
J’ai commencé la musique quand j’avais 4 ou 5 ans, quand ma mère m’a mis à la batterie. Mon oncle aussi était batteur, c’est lui qui m’a appris à en faire. J’en ai fait jusqu’à mes 18 ans. En parallèle, à la maison, j’ai commencé à apprendre le piano et la guitare en autodidacte. Ma mère joue du piano et mon père a toujours joué de la guitare à la maison. J’ai vraiment toujours baigné dans la musique.
Par la suite, j’ai découvert les artistes comme Diam’s, ou Soprano. À partir de là, j’ai commencé à écrire mes premiers textes et à composer au piano pour poser sur des instrus. Mais le déclic s’est vraiment fait après le lycée. Je suis parti un an, après le baccalauréat, en sac à dos en Australie avec le visa vacances-travail. J’ai fait toutes sortes de métiers là-bas. C’était incroyable, mais il a fallu que je retourne à la fac. Je savais que je voulais me lancer dans la musique, mais je voulais aussi assurer une carrière, et “assurer la maman”. J’ai donc fait une faculté de lettres à Montpellier.
En parallèle de ma licence, je me suis acheté mon premier micro, ma carte de son, un ordi et j’ai commencé à faire du son de manière un peu plus professionnelle. J’ai ensuite travaillé avec les amis du Hot Sauce Studio à Montpellier. Au début, on travaillait dans une cave, on a commencé à enregistrer les premiers sons là-bas. Puis ça a évolué et, après la licence, je me suis lancé à 100 % dans la musique, j’ai réussi à avoir mon intermittence, j’ai continué à écrire, puis Imagine est arrivé et a tout explosé ! Tout cela a beaucoup de valeur, car on sait qu’il y a beaucoup d’années de travail derrière.
Comment vivez-vous cette notoriété grandissante ?
Je ne m’attendais pas du tout à ce que ça explose comme ça. J’avoue quand même que je m’étais fait un planning de sortie dans ma tête [rires] ! Avant Imagine, je n’avais pas sorti de son pendant six ou sept mois parce que je réfléchissais justement à ma direction artistique, ce que je voulais vraiment faire et amener dans le paysage musical. Je me suis dit que je voulais vraiment faire une musique dont je serais fier dans plusieurs années.
Je me suis rendu compte que le meilleur moyen d’être fier dans trois ans ou dans dix ans, c’était d’être le plus authentique possible à l’instant T. J’ai donc fait une musique qui me ressemble. J’avais prévu de sortir Tout va changer début avril, ce qu’on a fait. Ce qui est dingue dans ce refrain, c’est que je dis : “Je te promets demain tout va changer, mais aujourd’hui faut patienter” et trois semaines après, je sors Imagine. Tout a littéralement changé. C’est très bizarre, mais on ne va pas se plaindre [rires] !
Comment pourriez-vous décrire votre processus créatif ? La musique vient-elle avant les mots ?
Tout dépend des sons. Je compose plutôt seul, chez moi, les sons plus introspectifs et mélancoliques. Je vais écrire plutôt tard le soir quand j’ai l’inspiration, par exemple. Plus généralement, ce qu’on fait, c’est qu’on se retrouve en studio avec l’équipe, on plaque quelques accords au piano, quelques accords de guitare, on trouve un air. En parallèle, je commence à chanter les mots qui me passent par la tête. Je commence à trouver une mélodie. Dès qu’on la tient, l’équipe se concentre sur la production et j’écris. Le son se fait petit à petit. Ça m’arrive aussi, parfois, de repasser dessus. Avec du recul, j’essaie aussi de trouver un thème fil rouge.
« Je suis Carbonne, je porte ce nom de scène, mais derrière il y a vraiment une équipe qui travaille très dur avec moi. »
Carbonne
Tout ce travail est un travail de groupe. Tout le monde est très impliqué dans toute la musicalité. Le groupe qui m’accompagne en studio me conseille beaucoup. On laisse émerger la bonne idée du groupe ! Surtout, on se fait confiance.
Comment vivez-vous la scène ? Avez-vous une préférence entre celle-ci et le studio ?
Tout dépend de la scène et du studio ! J’aime beaucoup les résidences et les séminaires, quand on part une semaine avec toute mon équipe pour faire du son et des maquettes. D’ailleurs, la vidéo qui a cartonné d’Imagine, sous le porche, a été tournée en séminaire, le soir où on écoutait tous les sons de la semaine. On écoute souvent le dernier soir tous les morceaux que l’on a enregistrés. J’adore ces semaines placées sous le signe de la création. On part de zéro, on ne sait pas où ça va aller, mais on crée des choses qui restent dans le temps.
La scène, c’est super, encore plus aujourd’hui, car je vois que dans le public les gens commencent à connaître les paroles. On sent qu’il y a une communauté qui suit l’aventure. J’ai vraiment envie de ramener quelque chose grâce aux musiciens. On passe du studio à la scène en équipe. Je suis Carbonne, je porte ce nom de scène, mais derrière il y a vraiment une équipe qui travaille très dur avec moi.
Le fait d’être en équipe vous permet-il de décompresser avant de monter sur scène ? Dans quel état d’esprit êtes-vous à ce moment-là ?
Je suis assez serein avant d’entrer sur scène. Je pense que vu que je suis avec mon équipe, je suis content d’y aller. C’est un très bon moment qu’on va partager ensemble. Bien sûr, ça dépend des scènes : parfois, j’ai la pression, car c’est une grosse scène, mais j’ai moins la pression qu’avant. Lorsque j’étais moins connu, voire inconnu, je savais qu’il ne se passerait rien si je commettais des erreurs.
Aujourd’hui, je me dis que les gens filment et que j’ai moins le droit à l’erreur. C’est peut-être la seule chose qui a changé. Nous avons fait de très belles scènes, nous sommes tous très contents de montrer ce que l’on peut faire au public. On a fait les Ardentes, qui est un très gros festival, et les arènes de Nîmes aussi, cet été.
Une scène ou bien une salle de concert vous fait-elle rêver plus qu’une autre ?
Honnêtement, je n’ai pas ce genre de but. Mon but, aujourd’hui, c’est de faire une petite tournée, une tournée en France dans les petites salles. C’est ce qu’on va faire à l’automne. C’est super ! Je vais pouvoir rencontrer le public en étant une tête d’affiche. Ça va être une sacrée aventure et ça me fait trop plaisir. Je n’aurais jamais pensé faire ça dans ma vie, c’est incroyable. On va aussi faire La Cigale à Paris, en avril prochain, le Rockstore de Montpellier, à la maison… Je me concentre sur ça, et je dois rester focus, car je me suis rendu compte qu’il fallait vraiment profiter du voyage plutôt que de trop se projeter.
Il faut avoir des objectifs, bien sûr, car c’est comme ça qu’on avance, mais aussi profiter de l’instant présent. Depuis plusieurs mois, on se concentre beaucoup sur la sortie de l’EP et, pour être honnête, on a pas vraiment eu le temps de célébrer notre succès naissant. Profiter du moment présent et être avec les bonnes personnes, c’est ça le plus important.
Peut-on attendre un prochain album prochainement ?
C’est clairement dans les tuyaux. Pour l’instant, il n’y a pas de date. Je ne peux rien vous dire encore. On a sorti un EP avec six titres. C’était un peu risqué de le sortir cet été, car avec les vacances les gens sont moins réceptifs, mais c’était important pour moi de le sortir maintenant. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas sorti un album de 12 titres. J’ai sorti un petit projet, facilement digeste, afin que les gens comprennent l’ADN du projet. Ceci étant dit, c’est certain que l’on prépare aussi la suite.
Avez-vous un featuring de rêve ?
Je dois avouer que je n’ai pas de rêve de gamin en termes de collaboration. Je pense que j’ai écouté plein de gens différents toute ma vie. La seule artiste sur laquelle j’étais vraiment concentré pendant longtemps, mais j’étais jeune, c’était Diam’s. C’est une artiste qui m’a percuté. Sa plume, son interprétation… En concert, c’était incroyable. Après, tout est possible, on avance et on verra petit à petit si des connexions se font.
Quel est votre dernier coup de cœur culturel ?
J’ai beaucoup aimé le film Un p’tit truc en plus ! Il me semble qu’Artus est de chez moi aussi ! Il vient d’une ville à côté de Montpellier. Il est du Sud. C’est un vrai phénomène, il faut croire que c’est l’année des Montpelliérains !
Par nous-mêmes, de Carbonne, actuellement disponible dans les bacs et sur toutes les plateformes d’écoute.