Un projet de loi prévoit l’interdiction des cryptomonnaies privées sur le territoire, offrant au passage un cadre pour la création d’une monnaie numérique officielle.
Alors que des États adoptent les cryptomonnaies, d’autres préfèrent s’en passer. C’est le cas de l’Inde, qui pourrait prochainement les bannir par le biais d’une loi. Selon un document du Parlement dévoilé le 23 novembre, un projet de loi visant à interdire « toutes les cryptomonnaies privées » (comme bitcoin) dans le pays sera présenté, évalué et adopté lors de la prochaine session parlementaire, qui débutera le 29 novembre. Des exceptions sont néanmoins prévues afin de « promouvoir la technologie sous-jacente de la cryptomonnaie et ses utilisations », soit la blockchain.
L’objectif de ce projet de loi est également de « créer un cadre facilitant la création de la monnaie numérique officielle qui sera émise par la Reserve Bank of India ». D’après Shaktikanta Das, le directeur de la banque centrale indienne, cette monnaie, correspondant à une version numérique de la monnaie fiduciaire, pourrait être lancée dès le mois de décembre. Pour lui, les cryptomonnaies constituent une menace pour la stabilité macroéconomique et financière de l’Inde. Leurs valeurs étant uniquement définies par le marché, elles sont en effet volatiles.
Le marché des cryptomonnaies en Inde
La banque centrale indienne a déjà essayé – par le passé – d’interdire les transactions en cryptomonnaies, avec une circulaire publiée en avril 2018. La Cour suprême a annulé cette directive en 2020. Le marché des monnaies virtuelles en Inde aurait depuis explosé : selon le cabinet spécialisé Chainalysis, il a connu une progression de plus de 600 % entre juillet 2020 et juin 2021. De plus, entre 15 et 100 millions de personnes posséderaient des cryptomonnaies dans le pays, selon des acteurs de l’industrie et des études.
L’annonce du Parlement indien intervient quelques jours après une réunion tenue par le Premier ministre Narendra Modi pour discuter de l’avenir des cryptomonnaies. Celle-ci aurait notamment été l’occasion d’évoquer les publicités prometteuses qui induisent les jeunes investisseurs en erreur. Un consensus se serait ainsi dégagé sur le fait qu’elles ne devraient plus être diffusées. Cette réunion aurait également permis de parler du risque que les marchés de cryptomonnaies permettent de blanchir de l’argent et de financer le terrorisme par manque de réglementation.