Décryptage

Pourquoi l’été 2024 est-il si pauvre en blockbusters ?

21 juin 2024
Par Samuel Leveque
“Deadpool et Wolverine” est attendu le 24 juillet au cinéma.
“Deadpool et Wolverine” est attendu le 24 juillet au cinéma. ©20th Century Studios and ™ 2024 MARVEL.

Entre projets annulés, économies et reports, 2024 semble avoir été sacrifiée par certains studios, au profit d’un calendrier 2025 qui s’annonce beaucoup plus rempli : retour sur un été en creux.

À l’été 2023, les compteurs du box-office mondial s’étaient affolés avec les sorties simultanées de Barbie et Oppenheimer. Deux superproductions aux tons et aux sujets on ne peut plus éloignés, mais cumulant à la fois un succès critique et populaire. Un an plus tard, cependant, la saison des gros films estivaux semble assez morose. Retour sur les raisons de cette programmation en creux, et sur ce qui nous attend malgré tout à l’affiche !

Bande-annonce de Deadpool et Wolverine.

Moins de films ? Oui, mais ce n’est pas une surprise

Deux facteurs principaux expliquent la diminution relative du nombre de gros hits cinématographiques par rapport aux années précédentes, et particulièrement à la période 2019-2022. Le principal est sans nul doute le fait que le rythme des sorties a été limité par la baisse du nombre de tournages due à la grève qui a secoué Hollywood pendant une bonne partie du second semestre 2023 ! De nombreux films attendus cette année ont vu leur production ou leur post-production gelée durant des semaines, causant un certain nombre de retards.

Comme le note le magazine Forbes dans un dossier comparant la situation avec celle de l’année dernière, les plus importants studios ont été contraints de repousser de nombreux films à plus tard (le prochain Mission impossible, le Blanche Neige de Disney, le reboot de Blade…), et de compenser leur absence en décalant des films prévus pour le printemps sur la période estivale. Un casse-tête pour les distributeurs et pour le marketing, qui a conduit à une baisse de près d’un quart du nombre de grosses productions à l’affiche, le tout en mettant en avant des licences moins porteuses.

Fall Guy, prévu pour mars 2024, a été décalé au mois de mai pour éviter un « trou » dans l’ouverture de la saison des blockbusters.©Universal Pictures

L’autre raison était également attendue : les plus gros studios ont opéré depuis quelques mois un tournant vers un nombre de sorties plus réduit, au profit de la qualité de production. C’est ce qui a par exemple conduit Disney à ralentir le nombre de ses parutions annuelles. Une tendance qui a été amplifiée par la grève à Hollywood, mais qui n’en est pas à l’origine, ce ralentissement ayant été notable dès la fin 2022.

Une année de transition et quelques belles têtes d’affiche

2024 semble donc devoir être une année de transition, en partie en raison de cette grande réorganisation calendaire dont la programmation estivale pâtit. Cela donne paradoxalement un espace important pour les films qui restent présents sur la période de juin à septembre, comme en témoignent les très fortes attentes autour de Deadpool & Wolverine (24 juillet), seul film de super-héros majeur de la saison. Autres films à licences ayant survécu à cette désorganisation : le quatrième volet de Moi, moche et méchant (11 juillet), Alien : Romulus (14 août) et le Bettejuice 2 de Tim Burton (11 septembre). Des franchises solides qui devraient sauver les meubles d’une fréquentation en nette baisse depuis quelques mois.

Attendu pour le 21 août, le remake de The Crow pourrait bien créer la surprise et bénéficier, faute de concurrence, d’une exposition inattendue.

Un planning relativement espacé qui pourrait également laisser davantage d’espace à des genres moins porteurs que les grosses productions de saison habituelles et à des films français. Lesquels n’ont en toute logique pas subi l’impact de la grève. C’est ainsi que l’on pourra retrouver le Comte de Monte Cristo d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte dès le 28 juin sur nos écrans. Cette proposition confirme le retour en grâce du film d’aventure en costume à la française, après le succès des Trois Mousquetaires en 2023. Dans un même ordre d’idée, l’été 2024 verra le retour à l’écran de Tomer Sisley dans son rôle de milliardaire aventurier dans Largo Winch : le prix de l’argent, attendu pour le 31 juillet.

L’été sera par ailleurs l’occasion de mettre en avant quelques outsiders complets, dont Horizon – Une saga américaine (3 juillet), premier épisode d’une fresque dans laquelle Kevin Costner retourne au genre du western postmoderne. Mais aussi Creation of the Gods (10 juillet), superproduction de fantasy historique chinoise ou encore Project Silence, un thriller sud-coréen attendu pour le 21 août.

Bande-annonce du film Horizon de Kevin Costner.

Un renouveau en 2025 ?

Difficile à ce jour de prédire quelle sera la situation du marché des blockbusters dans un an. Néanmoins, le retour progressif à la normale et la reprise des tournages ont permis d’y voir un peu plus clair concernant la période de la fin du printemps et de l’été 2025, qui devrait être riche en films majeurs, notamment… Ceux qui auraient dû sortir cette année !

C’est par exemple le cas d’Elio, le prochain film d’animation des studios Pixar. Ce film de SF est désormais attendu pour juin 2025. Il fait partie de la stratégie assumée de Disney de reconquérir le jeune public en salle après des années passées à privilégier sa plateforme Disney+.

Du côté des films adaptés de comics, Blade a trouvé une nouvelle date en février après une préproduction catastrophique qui l’a longtemps laissé dépourvu de réalisateur, tandis que le reboot des 4 Fantastiques devrait ouvrir la saison des blockbusters en mai, aux côtés d’un Mission impossible 8 attendu à la même période. Et courant août, c’est la licence Dirty Dancing qui devrait faire son retour, un an après la date prévue.

Entre ces films décalés et ceux qui sont d’ores et déjà prévus pour envahir les écrans à partir de juin (de John Wick: Ballerina à 28 ans plus tard en passant par le Superman de James Gunn ; nouvelle tête pensante DCEU dont l’arrivée a très certainement bousculé le calendrier), il semble que l’on se dirige vers un retour à la situation antérieure et à la densité de superproductions de la période 2020-2022… Si une nouvelle crise n’éclate pas à Hollywood entre temps, bien entendu !

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