C’est inévitable, l’IA est LE sujet tech du moment – et ça dure depuis quelque temps. Mais les annonces qui se multiplient et l’omniprésence du sujet dans les médias nous font peut-être surestimer son intérêt.
Pour en avoir le cœur net, le Reuters Institute et l’université d’Oxford ont lancé une enquête auprès de 6 000 résidents de six pays du globe (France, Danemark, États-Unis, Royaume-Uni, Japon et Argentine). Et, derrière la curiosité naturelle à essayer un nouveau produit décrit comme révolutionnaire, se cache en réalité un usage moins fréquent qu’on l’imagine.
ChatGPT de très loin l’outil le plus connu
Aujourd’hui, il existe une quantité astronomique d’outils présentés comme utilisant l’intelligence artificielle. Il y a quelques mois, une autre étude du capital-risqueur Andreesen Horowitz en listait les 50 les plus populaires et, déjà, un vainqueur émergeait : ChatGPT. Plutôt logique, l’outil d’OpenAI est l’arbre qui cache la forêt de l’IA.
Une omniprésence médiatique qui fait que plus de 50 % des répondants de chaque pays sondé par Reuters connaissent ChatGPT (ou en ont au moins entendu parler). À titre de comparaison, en France, on passe à 15 % pour la deuxième place, occupée par Meta AI. Google Gemini, Snapchat My AI et Microsoft Copilot se partagent la troisième place avec 13 %. Les outils les moins connus dans l’Hexagone sont Grok (l’IA d’Elon Musk, intégrée à X) et Perplexity.ai.
Dans l’immense majorité des cas (sauf en Argentine où le rapport s’inverse), la majorité des usagers des intelligences artificielles le font dans un contexte privé et pas pour leur travail. 28 % des personnes interrogées utilisent les IA pour créer des médias (images, vidéos, audio), suivies par 24 % pour obtenir des informations sur un sujet donné. En revanche, seuls 5 % des répondants disent utiliser une intelligence artificielle pour suivre les infos (plutôt rassurant).
Un usage des IA surestimé ?
Impossible de se promener sur le Web sans être inondé d’articles traitant de l’IA. La preuve, vous êtes actuellement en train d’en lire un. Il serait donc facile d’imaginer que, derrière le buzz, l’intelligence artificielle soit massivement utilisée. Pas du tout, répond la présente étude, qui dresse un constat assez étonnant sur le sujet.
D’après les résultats obtenus auprès des 6 000 participants, seuls 2 % des Français utilisent ChatGPT tous les jours. Pour Gemini et Copilot, on ne dépasse pas les 1 %. De quoi remettre en perspective la grande popularité de l’outil, même s’il est vrai qu’il est plus prisé par les plus jeunes générations : d’après l’étude, 18 % des 18-24 utilisent ChatGPT toutes les semaines dans les six pays confondus.
Toutefois, nous sommes bien là face à un instantané de l’usage de l’intelligence artificielle en 2024. On l’a dit, le secteur est en ébullition et les entreprises en ordre de bataille pour gagner la course (au point de faire de grossières erreurs ou de bafouer les règles). Aussi, même si l’adoption actuelle des intelligences artificielles est à relativiser, la majorité des personnes interrogées s’attend à ce que les IA aient un impact fort sur tous les aspects de la société. À commencer par les médias (66 %), la science (66 %) et la politique (51 %).