Présenté au Festival d’Annecy l’année dernière, Sky Dome 2123 a débarqué dans les salles obscures ce mercredi 24 avril. Film d’animation hongrois, il offre une ode à la vie dans un décor apocalyptique et futuriste. Critique.
Dans un futur où la sécheresse s’est emparée de la planète, l’humanité est contrainte de sacrifier sa population. En effet, ses habitants sont transformés en arbre à l’âge de 50 ans et la société enfermée sous un dôme en verre doit suivre des règles très strictes. Un jour, alors que sa femme décide prématurément de mettre fin à sa vie à 32 ans, son mari, Stefan, va tenter de la sauver quitte à prendre de grands risques.
Imaginé par Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó — deux réalisateurs hongrois — Sky Dome 2123 est un film d’animation dans la plus pure tradition de la science-fiction : une terre dévastée, une population décimée forcée de se livrer aux pires expérimentations pour tenter de se sauver elle-même, et un futur dystopique sont les éléments principaux qui fondent une exposition passionnante au début du film.
Si ce dernier rappelle à nos mémoires le long-métrage Blade Runner (1982) de Ridley Scott, à l’ère des vastes technologies et d’un décor futuriste épuré, son thème reste cependant différent. Car dans Sky Dome 2123, il n’est pas question du lien entre machines et humains, mais plutôt de celui entre l’Homme et la nature.
Un cri de la vie
Bien que le long-métrage, présenté en 2023 durant le Festival International du Film d’Animation d’Annecy, ne nomme pas frontalement la crise écologique, celle-ci est omniprésente à travers la présentation d’un paysage aride dépeint à travers des couleurs chaudes. On devine la trace que l’Homme a laissé dans un récit d’anticipation qui lie ainsi catastrophe écologique et apocalypse de science-fiction, le tout dans un design en trois dimensions mêlant dessin et prises de vues réelles. Que ce soit à travers son histoire et son rythme, ou bien les multiples techniques graphiques utilisées, Sky Dome 2123 témoigne d’une grande vivacité et d’une large pluralité. Comme un dernier élan de la nature et de la vie face à ce paysage désertique !
Ce dernier triomphe trouve également sa raison d’être à travers l’histoire d’amour qui se dresse au cœur de Sky Dome 2123 entre Stefan et sa femme, Nora. À travers un réalisme charmant, le film d’animation dresse un portrait d’une romance aussi naturaliste que complexe, éprouvée par les peines de la vie.
Loin des archétypes classiques, les personnages apparaissent ainsi brisés, têtus, parfois même égoïstes ou naïfs, et cela même en sein du couple. Les réalisateurs n’en font pas des super-héros, capable de défier l’apocalypse, mais des protagonistes qui malgré des conditions terrifiantes du futur tentent de conserver leur humanité, mais surtout de mener une vie « normale ».
Une humanité qui à la fois tente de survivre, mais qui pour cela s’adonne à la pire barbarie. La dichotomie entre ce que prône poétiquement le film, et les actes de la société dépeints est passionnante, Sky Dome 2123 proposant une vision de ce à quoi pourrait ressembler notre futur proche.
L’animation à la fois sombre et chaude accentue, par ailleurs, cette atmosphère où la mort et la vie s’entrechoquent, deux thèmes qui soulignent la volonté de Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó d’offrir ainsi une ode à la vie dans ce qu’elle avoir de plus beau mais aussi de plus chaotique. Cathartique !