Les températures remontent enfin et nous avons cru apercevoir un furtif rayon de soleil, lançant officiellement la saison des terrasses de cafés bondées. Toutefois, la belle saison ne commence jamais réellement sans que le Printemps de Bourges n’amorce le bal des festivals d’été. Pour célébrer cette fête printanière, c’est avec le très attendu, Aliocha Schneider, que nous avons échangé.
C’est à l’automne dernier qu’il nous délivrait son troisième disque, qui porte sobrement son nom. Une balade qu’il nous décrit comme une photographie d’un instant de sa vie, le fruit d’un éloignement forcé – car le musicien est aussi acteur. Alors obligé par les tournages à « être éloigné des gens que j’aime », il se retrouve en Grèce pendant presque un an, traversé par tout un panel d’émotions. Pour ce disque, Aliocha Schneider dépeint un instant précis, il ouvre une porte sur quelque chose et la referme aussi vite, comme par pudeur.
Il fallait oser
Des souvenirs, des sentiments d’un temps donné. « Je parle souvent de distance, parce que c’est ce que j’éprouvais à ce moment-là et souvent d’ailleurs. J’étais loin des gens que j’aime, ça me rendait triste, mais d’un côté le soleil de la Grèce adoucissait aussi tout ça. » Aliocha fige l’instant, comme on écrit une carte postale que le destinataire gardera précieusement. Cela aboutit à un album de chansons douces aux accents folk, chaleureuses, contrebalancées par la mélancolie des textes.
On se projette dans l’ambiance d’un roman de Françoise Sagan. Le hasard veut que le dernier film dans lequel il a donné la réplique soit une adaptation du roman Bonjour Tristesse (1954) par la réalisatrice Durga Chew-Bose, avec à l’affiche Chloë Sevigny et Nailia Harzoune. Il faudra attendre quelques mois pour le voir en salle.
Né à Montréal, de langue maternelle française, Aliocha Schneider est baigné dans la double culture franco-canadienne. C’est principalement la musique folk qui inspire ses compositions jusqu’alors. Comme il nous le confie : « J’ai le sentiment que ce troisième disque est comme un premier, car pour la première fois je chante en français. Avant, je n’écoutais quasiment que de la folk américaine des années 1960. J’ai été façonné par ce style, et ça a été très dur d’en sortir pour mon projet. Avec le Covid, je me suis mis à écrire en français, j’avais du temps. Ça m’en a pris beaucoup, justement, ça a été très compliqué d’oser et puis, finalement, je suis satisfait, puisque c’est plus proche de moi, plus factuel quelque part. »
Instant décisif
Pour le composer, Aliocha s’est entouré du producteur Marc-André Gilbert, avec qui il a écrit et co-arrangé la plupart des morceaux. Parfois, on perçoit la voix de Charlotte Cardin, sa compagne, mais on entend aussi les voix de ses copains acteurs du tournage de la série de Cédric Klapisch, Salade grecque (2023) sur les titres Paradis et Avant elle. « L’idée, c’était vraiment d’avoir cet instant précis avec les personnes qui m’entouraient. J’ai aimé collaborer sur ce disque, avant j’avais tout fait seul. C’est facile d’avoir des idées, des bouts de couplets, des refrains, mais terminer un morceau c’est si douloureux. Cette fois-ci, le fait d’être entouré a tout rendu tellement plus agréable, plus simple. »
Aliocha Schneider jongle entre sa carrière d’acteur et sa musique. Il a d’ailleurs toujours composé avec ces deux facettes, ne préférant pas une fonction à l’autre. « Récemment, j’ai pu lire dans la presse que j’étais un acteur passionné de musique, alors que je compose, j’écris, je chante et je joue plusieurs instruments… Je suis acteur et musicien. J’ai toujours fait les deux et ça se complète très bien. Ça fait dix ans que je suis signé, j’ai déjà fait trois disques, une tournée… C’est vrai que j’ai eu cette appréhension qu’on me catégorise, et ça arrive encore parfois, mais finalement l’accueil du disque a été super. Pour la tournée, on fait beaucoup plus de dates que ce que j’avais pu imaginer. D’ailleurs, bientôt, on sera au Printemps de Bourges et j’ai déjà hâte d’y être pour présenter ce projet en français. »
Rendez-vous
De toute évidence, Bourges est une scène incontournable pour démarrer la saison estivale. C’est aussi, pour beaucoup, un moment d’appréhension, car tous les professionnels de la musique s’y donnent rendez-vous pour juger quels seront les phénomènes à suivre et à programmer.
Aliocha ne semble pas s’en inquiéter : « On avait déjà fait une date au Printemps de Bourges en 2017 pour ma première tournée. J’en garde un super souvenir, un bel accueil du public et surtout une très belle fête… J’ai hâte d’y retourner avec le groupe, d’y reprendre du plaisir. Évidemment, il y a une petite appréhension quand ce sont des événements auxquels beaucoup de professionnels se retrouvent pour faire leurs réseaux et pas toujours là pour écouter les artistes… Mais il me tarde d’y retourner, je sais déjà qu’on va s’amuser ! »
Le rendez-vous est donc pris, le jeudi 25 avril au Printemps de Bourges, pour chanter avec Aliocha les ballades qui nous accompagneront tout l’été. Du 24 au 28 avril sont aussi attendus, à ses côtés, pour cette immanquable fête : Mika, Eddy de Pretto, PLK, Luther, Eloi, Yamé, ou encore Zaho de Sagazan…
Le Printemps de Bourges, du 24 au 28 avril 2024. Billetterie par ici.