La saga de science-fiction iconique, écrite par Alejandro Jodorowsky et illustrée par Moebius dans les années 1980, sera portée à l’écran par le réalisateur de Jojo Rabbit et Thor Ragnarok. Une œuvre réputée inadaptable.
Taika Waititi se heurtera-t-il à L’Incal comme Jodorowsky s’était heurté à Dune de Frank Herbert dans les années 1970 ? Alors que l’adaptation du roman de Herbert signée Denis Villeneuve continue d’attirer de nouveaux spectateurs – le film a récolté plus de 300 millions de dollars dans le monde et s’apprête à passer le cap des trois millions d’entrées en France – la maison d’édition Les Humanoïdes Associés a annoncé dans une vidéo mise en scène par Frank Pavich (réalisateur du stupéfiant documentaire Jodorowsky’s Dune) que Taika Waititi serait en charge de l’adaptation cinématographique de L’Incal. Publiée entre 1980 et 1988 dans la revue emblématique Métal hurlant – qui vient d’ailleurs de renaître de ses cendres après de nombreuses années de silence – L’Incal est né de la collaboration entre Alejandro Jodorowsky et Moebius (de son vrai nom Jean Giraud) qui, après la tentative avortée d’adapter le livre de Frank Herbert au cinéma, décidèrent d’infuser leurs idées pour Dune dans une oeuvre de bande-dessinée alors révolutionnaire.
L’Incal et ses suites se déroule dans un futur dystopique où un détective plutôt pathétique, John Difool, reçoit des mains d’un extraterrestre au seuil de la mort un artefact aux pouvoirs surnaturels, l’Incal lumière, et devient rapidement l’homme le plus recherché de la galaxie. Ce space-opéra métaphysique est considéré comme une œuvre majeure de science-fiction, qui aura aussi bien influencé le monde de la BD que celui du cinéma, à l’instar du Cinquième Élément (1997) de Luc Besson, qui sera d’ailleurs accusé de plagiat par Moebius et les Humanoïdes Associés (un procès perdu par le dessinateur en 2004). Une adaptation cinématographique de L’Incal semblait donc aussi délirante que l’adaptation mythique de Dune : mais à 92 ans, Alejandro Jodorowsky s’est décidé à laisser son oeuvre (Moebius étant décédé en 2012) entre les mains d’un nouveau cinéaste à l’imaginaire débordant, Taika Waititi.
Ces dernières années, le réalisateur néo-zélandais Taika Waititi a fait forte impression dans l’industrie du cinéma, aussi bien à l’aise sur des projets personnels tels que What We Do in the Shadows (2014) et Jojo Rabbit (Oscar du meilleur scénario adapté en 2020), que sur des superproductions telles que Thor Ragnarok (dont la suite est en cours de production) ou la série The Mandalorian (Disney+). Son univers loufoque et foisonnant à l’humour mordant n’a pas manqué de séduire le réalisateur d’El Topo (1970) et de La Montagne Sacrée (1974) : « J’ai pleinement confiance en la créativité de Taika pour donner à L’Incal une version étonnante, à la fois intime et cosmique », a-t-il déclaré. Taika Waititi est décidément un homme très occupé, puisqu’il planche également sur un film Star Wars, mais aussi sur une adaptation du manga culte Akira ainsi qu’un remake de Flash Gordon, et se prépare à sortir une nouvelle comédie intitulée Next Goal Wins (avec Michael Fassbender). Tout reste donc à faire : une fois écrit, ce projet d’adaptation de L’Incal devra séduire des producteurs qui ont le goût du risque.
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