Coréalisée par Andréa Bescond, Sylvie Verheyde et Lucie Borleteau, la série met en lumière un problème de société aux conséquences dramatiques.
Depuis le printemps 1990 et le premier épisode de Twin Peaks, la représentation de l’adolescence sur le petit écran n’a plus jamais été la même. Les jours heureux de l’innocence d’Happy Days étaient révolus, et le cadavre de Laura Palmer était imprimé dans leur mémoire pour toujours. De Skins à Euphoria, le monde des séries n’hésite plus à mettre en lumière les terrains sombres qui précèdent le passage à l’adulte, jusqu’alors inexplorés. Nouvelle série de Prime Video, Nudes est bien déterminée à mettre en lumière un sujet aussi sensible que nécessaire : le cyberharcèlement.
1 Un enfant sur cinq a déjà été victime de cyberharcèlement
Réalisée par Lucie Borleteau (Chanson douce), Andréa Bescond (Les Chatouilles) et Sylvie Verheyde (Madame Claude), cette œuvre met le doigt sur un problème encore très peu abordé dans la fiction télévisuelle française. Pourtant, selon le ministère de l’Éducation nationale, un enfant sur cinq a déjà été victime de harcèlement en ligne.
Dans les faits, 86% des jeunes, âgés de 8 à 18 ans, sont inscrits sur les réseaux sociaux, et 67% d’entre eux le sont dès la primaire. 47% des harceleurs justifient leur acte en expliquant qu’ils l’ont fait « pour rire », et 29% ont souhaité suivre le mouvement et « faire comme les autres ».
Les réalisatrices de Nudes ont décidé de mettre ces comportements en lumière, en consacrant un épisode à l’histoire de Victor (Baptiste Masseline), un adolescent ayant filmé une jeune fille sans son consentement. Interviewée par l’Éclaireur, Andréa Bescoud a exprimé son souhait de bousculer les consciences et d’éradiquer « ce qu’on entend trop souvent sur les agresseurs, à savoir que ce sont des monstres. (…) L’agresseur, c’est le gars qui est avec toi, que tu aimes, que tu salues le matin. »
2 Deux ans de prison et 60 000 euros d’amende
La série de Prime Video s’intéresse aussi au revenge porn, une pratique qui consiste à envoyer des photos ou des vidéos à caractère intime ou sexuel à d’autres individus, sans le consentement de la personne présente dessus.
Interrogés dans le cadre d’une enquête Ifop, 990 jeunes de 15 à 34 ans ont parlé de leur « gestion des ex sur les réseaux sociaux. » Près de 4 hommes sur 10 ont indiqué avoir déjà envoyé des photos intimes de leur ex à d’autres personnes. Du côté des femmes, 14% d’entre elles reconnaissent s’être déjà livrées à cette pratique.
Les personnes reconnues coupables de revenge porn peuvent encourir jusqu’à deux ans de prison, et 60 000 euros d’amende. En 2020, 200 condamnations ont été enregistrées pour plus de 3000 plaintes déposées.
3 49% des victimes ont déjà pensé au suicide
Le cyberharcèlement peut avoir de lourdes conséquences sur les victimes. Ces derniers mois, les médias ont relayé de nombreuses informations concernant le suicide d’adolescents victimes de telles pratiques. Cependant, ce phénomène concerne tous les âges.
En France, les tentatives de suicide sont en hausse depuis la rentrée 2020, et ce, presque exclusivement chez les femmes. D’après Gwenaëlle Durand (du Syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé), le cyberharcèlement à caractère sexiste s’est aggravé durant la pandémie.
Interrogée par Libération, cette dernière a confié : « On voit beaucoup de jeunes garçons diffuser sur les réseaux sociaux des images dénudées de jeunes filles dans le but de les humilier après une rupture. Ces violences provoquent un mal-être très important et il n’est pas étonnant que cela puisse aller jusqu’à des tentatives de suicide ».
Selon une étude de 2022 publiée par e-enfance, plus de 49% de victimes de cyberharcèlement ont pensé au suicide comme échappatoire. Pour rappel, des lignes d’écoute anonymes et gratuites sont ouvertes à tous (3018 contre le cyberharcèlement, 3114 pour la prévention des suicides). Un fil santé jeunes est aussi disponible tous les jours, de 9 heures à 23 heures, au 0 800 235 236 ou par chat sur le site.