La série très attendue débarque sur Arte cette semaine. De quoi se demander si celle-ci aura droit à une saison 2.
Judith Godrèche n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Aussi, lorsque la comédienne se décide à incarner son premier grand rôle dans une série télévisée, il n’était pas question de se lancer à l’aveuglette. C’est donc un véritable travail d’autrice qu’a décidé d’endosser la comédienne en écrivant et réalisant Icon of French Cinema. Cette nouvelle œuvre télévisuelle créée par l’actrice offre un regard sans concession sur le monde du septième art et sa façon de traiter les femmes.
Fruit d’une fusion intime entre réalité et invention, cette autofiction oscille entre les moments d’exploration introspective et l’autodérision parfois acerbe à l’égard de son héroïne : Judith. Car ce sont bien ses propres expériences parfois douloureuses que la créatrice souhaitait explorer à travers le prisme de la comédie. Mais l’exercice n’est pas aisé, surtout dans nos contrées.
Un genre américain ?
Quand le succès est au rendez-vous, les séries télévisées peuvent s’offrir le luxe d’une longévité que le cinéma peut difficilement se permettre. Si l’on couple cela à l’aspect « tranche de vie » souvent associé au genre autobiographique, la structure offerte par un découpage en plusieurs épisodes semble correspondre parfaitement à ce type de récit. Ce n’est ainsi pas un hasard si le petit écran américain foisonne de ce sous-genre télévisuel.
Nous pouvons citer par exemple la série Master of None d’Aziz Ansari (Parks and Recreation) qui explore les méandres de la vie quotidienne d’un acteur connu majoritairement pour des pubs de yaourt ou encore la tristement méconnue Better Things de Pamela Adlon (la chaotique Marcy de Californication). Mais aucune ne semble égaler le succès de la grinçante Curb Your Enthusiasm (Larry et son Nombril, en français) dans laquelle Larry David incarne une version particulièrement caricaturale de lui-même.
Numéro d’équilibriste
La traduction particulièrement maladroite de cette dernière série n’est d’ailleurs pas si anodine qu’il n’y paraît. Car si bien des artistes se sont cassés les dents en voulant importer le genre chez nous, c’est justement en raison du péché de nombrilisme que les inquisiteurs du public français semblent reprocher plus facilement à leurs auteurs que dans de nombreux autres pays.
Pas totalement infondée, cette critique révèle la véritable difficulté qui frappe les créateurs d’autofiction. Celle de devoir réussir un véritable numéro d’équilibriste entre la confession intimiste et l’art créatif de la fiction, sans tomber dans le narcissisme primaire. Pari réussi pour l’œuvre de Judith Godrèche qui parvient à aborder les problématiques à la fois personnelles et universelles auxquelles elle a dû faire face sans jamais tomber dans l’auto-apitoiement facile, ni dans la glorification de soi-même.
Si les admirateurs de la série ambitieuse se demandent déjà si Icon of French Cinema aura droit à une seconde saison, la journaliste Sandra Muller a déjà interrogé Judith Godrèche à ce sujet lors d’une interview pour La Lettre de l’Audiovisuel. « À la fin du tournage, j’étais profondément déprimée » avait répondu la principale intéressée. « Il fallait laisser partir mon bébé… Pour me remonter le moral, j’ai écrit le premier épisode de la saison 2. Qui parle beaucoup de peluches géantes ! ».