Actu

Vidéosurveillance algorithmique : le ministère de l’Intérieur épinglé par la Cnil pour utilisation illégale

16 novembre 2023
Par Kesso Diallo
Le système utilisé en toute discrétion par la police française est édité par la société israélienne Briefcam.
Le système utilisé en toute discrétion par la police française est édité par la société israélienne Briefcam. ©Gorodenkoff / Shutterstock

L’autorité a ouvert une enquête après que le média Disclose a révélé que la police nationale utilise un logiciel de vidéosurveillance algorithmique depuis huit ans.

Depuis 2015, plusieurs départements de la police nationale utilisent un logiciel de vidéosurveillance algorithmique (VSA). C’est ce qu’a révélé le média d’investigation Disclose mardi. À la suite de cette découverte, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a annoncé « une procédure de contrôle vis-à-vis du ministère de l’Intérieur » sur X (ex-Twitter).

Le système en question, utilisé en toute discrétion, est édité par la société israélienne Briefcam. Fondée en 2018 et rachetée par le japonais Canon, elle est spécialisée dans le développement de logiciels destinés à la VSA. Cette technologie permet, via l’intelligence artificielle (IA), de détecter des comportements dangereux à partir d’images captées par des caméras ou des drones. Le système utilisé par la police française lui permet de traquer une personne sur un réseau de caméras grâce à la couleur de son pull par exemple. Le logiciel est également capable d’examiner plusieurs heures de vidéos en quelques minutes et de suivre un véhicule à partir de sa plaque d’immatriculation.  

De potentielles utilisations illégales

Briefcam permet aussi aux services de la police d’utiliser la reconnaissance faciale. En sélectionnant « un ou plusieurs visages » puis en cliquant sur un bouton dédié, il est possible « de détecter, de suivre, d’extraire, de classer, de cataloguer » une personne en fonction de son visage, comme l’explique l’entreprise sur son Internet et dans son manuel d’utilisation. 

Pourtant, contrairement à l’analyse d’images, la reconnaissance faciale est illégale en France, n’étant autorisée qu’à de rares exceptions, tout comme la VSA. Plus tôt cette année, le gouvernement a d’ailleurs interdit l’utilisation de la première lors des Jeux olympiques de 2024. Les députés ont cependant approuvé l’expérimentation de la vidéosurveillance avec des caméras augmentées par la police à l’occasion de cet événement. 

Alors que la police nationale sera autorisée à utiliser la VSA l’année prochaine, le ministère de l’Intérieur aurait dû effectuer une « analyse d’impact relative à la protection des données » et la remettre à la Cnil, comme l’indique le média Disclose, ce qu’il n’a toujours pas fait.

À partir de
15€
En stock
Acheter sur Fnac.com

À lire aussi

Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste