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Sur les réseaux sociaux, les femmes victimes d’un « cercle vicieux du sexisme »

08 novembre 2023
Par Kesso Diallo
Le HCE reproche une image déplorable des femmes dans les contenus publiés sur les réseaux sociaux.
Le HCE reproche une image déplorable des femmes dans les contenus publiés sur les réseaux sociaux. ©RossHelen / Shutterstock

Après avoir analysé les 100 contenus les plus vus sur Instagram, TikTok et YouTube, le Haut Conseil à l’Égalité dénonce un « cercle vicieux du sexisme » dans un rapport publié mardi.

« Un monde fait par et pour les hommes », indique le Haut Conseil à l’Égalité (HCE) pour qualifier le secteur du numérique « qui a tendance à invisibiliser, caricaturer, agresser et exclure les femmes ». Dans un rapport publié mardi, cette instance consultative indépendante, qui estimait déjà en juin que les femmes et les filles étaient « les grandes oubliées » du projet de loi visant à sécuriser Internet, dénonce un « cercle vicieux du sexisme » sur Internet. « Dans les contenus, leur image est déplorable. Dans la filière, leur présence est encore trop minoritaire », reproche le HCE. 

Après avoir analysé les 100 contenus les plus populaires sur Instagram, TikTok et YouTube, l’instance affirme que « les réseaux sociaux participent au triple processus d’invisibilisation des femmes, de reproduction des stéréotypes de genre et de diffusion de la violence symbolique et physique envers les femmes »

Entre monopole masculin, stéréotypes et représentations dégradantes

Dans le détail, YouTube est « le théâtre du monopole masculin et le vecteur de valeurs virilistes », explique le HCE, indiquant que 83% des personnages principaux dans les contenus sont des hommes et que 24% des vidéos comprennent des éléments de violence. De plus, seulement 8% des contenus sur la plateforme de Google sont réalisées par des femmes. 

Instagram est, elle, « la plateforme où les femmes sont le plus soumises aux stéréotypes ». 51% des publications propagent des stéréotypes de genre sur le réseau social de Meta, avec les femmes qui sont cantonnées à des rôles de mères, de séductrices ou décrites comme « sentimentales ». À cela s’ajoutent des contenus incluant des propos à caractère sexuel (27%) et à caractère sexiste (22%).

Si la mixité parmi les créateurs et créatrices est plus présente sur TikTok, les femmes y sont humiliées par le biais de l’humour. 42,5% des vidéos d’humour et de divertissement – les deux genres de contenus les plus représentés sur la plateforme chinoise – contiennent des représentations dégradantes des femmes, révèle le HCE. 61% des contenus publiés sur le réseau social présentent par ailleurs des comportements stéréotypés masculins.

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Un secteur largement dominé par les hommes

Dans son rapport, l’instance explique que « cette question de la valorisation des contenus sur Internet est intrinsèquement liée aux bases de données qui sont biaisées ainsi qu’au calibrage des algorithmes et à celles et ceux qui les créent ». Or, la filière numérique est toujours largement dominée par les hommes. En 2020, seulement 29% des effectifs dans le secteur étaient des femmes, dont 16% dans les métiers techniques et 22% dans les postes de direction. Une sous-représentation qui « entraîne le développement d’outils et de langages qui renforcent la maitrise masculine de cet environnement, repoussant ainsi les femmes à la périphérie des avancées technologiques qui façonnent notre avenir », déplore le HCE. 

Cette inégalité est dû à la faible présence des filles dans les filières de formations scientifiques et numériques. À la rentrée 2020-2021, les femmes représentaient 31% des inscrits dans des formations en sciences fondamentales, dans l’enseignement supérieur, et seulement 23% en informatique, indique l’instance. Selon elle, les femmes choisissent moins les formations scientifiques « à cause du manque de modèles féminins et d’un frein à l’orientation par l’entourage, mais aussi par peur du sexisme ».

Pour réduire la fracture numérique de genre, le HCE recommande de mettre en place des quotas de filles dans les lycées et dans l’enseignement supérieur pour les filières du numérique. Elle propose également que les plateformes se livrent à une évaluation annuelle du sexisme de leurs contenus les plus vus avec un questionnaire fourni par l’Arcom. Une recommandation qui a été accueillie favorablement par Meta et Google.

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Journaliste