Monter dans une capsule volante pour se déplacer ? La start-up Caps, fondée en 2018 par trois jeunes ingénieurs normaliens, a conçu un moyen de transport autonome et individuel, annonciateur de ce que sera la mobilité urbaine, promise à un avenir aérien.
« C’est venu d’un ras le bol des transports, des embouteillages et de la pollution ! Face à la problématique croissante du transport urbain et à la saturation des infrastructures, il est temps de passer à la troisième dimension : le ciel », résume Paul Cassé, 27 ans, président de la start-up qu’il a fondée en 2018 avec deux amis normaliens, Kevin Laouer et Pierre de Châteaubourg. Décidés à passer dans les airs, ils imaginent une toute nouvelle génération d’avions basés sur la technologie des drones : des capsules volantes, autonomes et mono-passagères. L’avenir de la mobilité urbaine sera-t-il aérien ? Pour ces trois ingénieurs, la question ne se pose pas. « On a au moins trois ans de recherche et développement devant nous. On tient le cap. On est sûrs de notre idée. »
« L’autonomie est la clé. Un pilote va augmenter le coût et on veut que ces transports soient abordables, à 1 € le km, avec une distance de 15 km maximum en ville. »
Paul CasséPrésident de la start-up Caps
Rapprocher les périphéries du centre-ville
Partant du constat que 70 % des trajets urbains sont individuels et que le trajet périphérie-centre-ville est trop long, ils précisent : « Il faut développer une solution de mobilité qui remette les périphéries à moins de 15 minutes du centre-ville. Cela va permettre une internalisation et une cohérence plus importante de la ville, de fluidifier et d’accélérer les échanges. »
La capsule sera également mono-passagère et autonome. « L’autonomie est la clé. Un pilote va augmenter le coût et on veut que ces transports soient abordables, à 1 € le km, avec une distance de 15 km maximum en ville. » Haute de trois mètres, la capsule est encore trop sonore. « On l’allégera au maximum », lance Kevin, qui planche principalement sur le design et son adaptabilité urbaine. Pour l’heure, elle pèse 350 kg (contre 3 tonnes pour un véhicule aérien collectif).
Des partenariats pour une technologie innovante
Après un premier prototype, Caps en finalise un second destiné à être certifié pour voler. Bien plus complexe, il nécessite des technologies innovantes que seuls des partenaires peuvent apporter. Le premier est Air Énergie, concepteur des batteries de Solar Impulse, le premier avion à avoir fait le tour du monde en tout électrique. « Pour nos capsules, les batteries nécessitent une très haute densité énergétique, beaucoup de puissance, en étant les plus légères possible », explique Pierre.
Le second, dont le nom n’est pas encore dévoilé, aidera sur le système de guidage automatique de l’appareil, tant pour se positionner en temps réel avec des capteurs visuels, que pour naviguer en toute sécurité en détectant l’environnement. « Ce partenaire nous apporte le système de guidage et nous, un système permettant de tester leur système de guidage. » Avec ces partenariats, le trio espère bien obtenir la certification… Et en attendant, prépare une levée de fonds.
Voler à l’horizon 2024-2027
Si le projet est validé, la capsule verra le jour entre 2024 et 2027. « On pourra alors la commander avec son smartphone en payant la course en ligne. Elle arrivera à la borne de collecte des passagers la plus proche de chez vous, vous conduira à destination, avant de repartir automatiquement au centre de stockage et de rechargement le plus proche », précise Paul.
Si 200 projets de ce type existent dans le monde, avec des géants comme Airbus, Boeing ou RATP qui misent sur des aéronefs collectifs, Caps est parmi les seuls à proposer un monoplace 100 % autonome. « Toute la réussite du projet va passer par l’automatisation et un design compact à l’intégration optimale dans l’espace urbain », assurent les jeunes normaliens. Mais avant de s’envoler, reste un défi de taille : rassurer les futurs usagers et leur donner confiance. Le moyen ?
Ces entrepreneurs de la tech misent sur le sport : « Souvent, le sport a permis de démocratiser des avancées technologiques majeures. La prouesse technologique et sportive développe la curiosité et la confiance chez les gens. On verra probablement des courses de voitures, taxis et capsules volantes un jour ! », veut croire le trio.
En attendant, depuis que Cergy-Pontoise accueille le premier hub de la mobilité aérienne et autonome d’Île-de-France avec des tests de vol pour des taxis volants et autres prototypes