Entretien

Lee Eisenberg (The Office) : “Lessons in Chemistry est la plus belle histoire d’amour qu’on ait jamais vue”

11 octobre 2023
Par Agathe Renac
“Lessons in Chemistry” est disponible sur Apple TV+ depuis le 13 octobre.
“Lessons in Chemistry” est disponible sur Apple TV+ depuis le 13 octobre. ©Apple TV+

Pour sa nouvelle série, Apple TV+ nous a concocté la recette parfaite : beaucoup de Brie Larson, un soupçon de chimie et une grande dose de cuisine. L’Éclaireur a profité de sa sortie sur la plateforme pour entrer dans les coulisses avec le showrunner Lee Eisenberg et la réalisatrice Sarah Adina Smith.

À l’origine, Lessons in Chemistry est un roman. Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette histoire au point de vous lancer dans une adaptation en série ?

Sarah Adina Smith : Quand j’ai reçu le projet, mon premier réflexe a été de lever les yeux au ciel en me disant : “Ooooh l’histoire d’une femme blanche dans les années 1950 qui subit du sexisme… Comme c’est original !” Cependant, Lee m’a fait changer d’avis. Il m’a montré que ce récit était universel et qu’il pouvait parler au plus grand nombre. On a beau contrôler ou vouloir prédire les événements de notre vie, ils seront toujours bousculés par des surprises qui donneront un autre sens à notre existence.

Lessons in Chemistry n’est pas uniquement l’histoire d’une femme confrontée au sexisme. D’ailleurs, le livre n’est pas devenu un best-seller par hasard. Nous avons fait énormément de progrès en termes d’égalité, mais nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir – surtout dans ce pays [les États-Unis, ndlr]. Je pense que beaucoup de lecteurs se sont identifiés aux personnages, malgré le fait que l’intrigue se déroule dans les années 1950.

La série parle aussi d’amour : celui du couple, de la science, de la cuisine…

Lee Eisenberg : Oui, l’amour est clairement au cœur de l’intrigue. On le voit même dans le titre, car “chemistry” a un double sens : il renvoie à la discipline, la chimie, mais évoque aussi l’alchimie entre deux personnes. L’amour est partout : dans l’histoire romantique entre deux scientifiques passionnés par la chimie, entre une mère et sa fille, entre Elizabeth et la pratique de la cuisine… D’une certaine manière, c’est la plus grande et belle histoire d’amour qu’on ait jamais vue.

Justement : voyez-vous la cuisine comme une science ou plutôt comme une déclaration d’amour aux personnes pour lesquelles vous cuisinez ?

L. E. : Bonne question… Personnellement, je pense que c’est un peu des deux. En revanche, Elizabeth la voit comme un moyen de se sentir libre. Quand elle est au travail, elle s’isole. C’est la scientifique la plus intelligente de son laboratoire, mais personne ne la prend au sérieux.

Par exemple, tous ses collègues (qui sont des hommes) lui demandent d’aller faire le café. La nuit, elle revient secrètement pour réaliser de nombreuses expériences sans être vue. D’une certaine manière, elle retrouve dans la cuisine cet aspect très intime des expérimentations. C’est sa safe place. Ça lui permet de se calmer.

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C’est aussi ce qui la lie à Calvin. Elle cuisine pour lui, et c’est grâce à ces moments de partage que leur relation va naître. Plus tard, l’émission consacrée à cette discipline sera un moyen de s’affirmer et de parler à son public, à toutes ces personnes qui se sentent oubliées et discriminées. Elle leur explique pourquoi la cuisine est si importante, comment elle réunit les gens, et pourquoi le fait d’être mère est le travail le plus difficile qui existe.

Brie Larson a-t-elle dû prendre des cours de cuisine ou de chimie avant de se lancer dans le tournage ?

S. A. S. : Brie est une actrice très professionnelle qui travaille dur. Elle se prépare à tout. Elle a pris des cours de cuisine, a étudié la chimie… Elle s’est vraiment beaucoup entraînée avant le tournage. Elle a tout fait pour que son personnage soit le plus réaliste possible.

« Notre styliste culinaire a dû faire un millier de lasagnes juste pour s’assurer que nous puissions avoir un plan parfait. »

Sarah Adina Smith
Réalisatrice

Quels sont vos plus beaux souvenirs liés à cette expérience ?

S. A. S. : Pour moi, chaque jour était une fête. C’était un plaisir de travailler avec ce groupe. Le dernier jour, nous avons tourné le plan d’ouverture, qui est assez long et compliqué à réaliser. J’avais besoin de le répéter avec l’équipe, avant que les acteurs n’arrivent.

Les différents membres de l’équipe jouaient les personnages, et c’est comme si on montait une petite pièce, tous ensemble. On a dû s’y reprendre à dix fois pour avoir le bon mouvement de caméra, mais quand on a réussi, on était tellement heureux ! C’est comme si on célébrait tout le travail qu’on avait fait depuis le début. On était devenu une vieille machine bien huilée.

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L. E. : Quand vous écrivez, c’est comme si vous étiez dans une grotte, isolé de tout. Puis, petit à petit, ce que vous aviez imaginé devient réel. Des spécialistes ont construit les décors, puis les ont peints, la production a commencé à faire la décoration et à apporter les étagères et les livres… Ils ont bâti la maison dans laquelle j’allais passer les cinq prochains mois.

Mon souvenir le plus marquant est donc celui-ci : le fait de voir toutes ces choses que j’avais imaginées prendre vie. C’était fou de pouvoir réellement me promener dans le laboratoire, rempli d’équipements scientifiques des années 1950, ou encore dans le lieu de vie de Calvin.

Avez-vous rencontré des difficultés lors du tournage ?

S. A. S. : Je pense que les scènes les plus difficiles à tourner étaient celles consacrées à la science et à la cuisine. Nous souhaitions être le plus réalistes possible et montrer une vraie vie de laboratoire. Cependant, cette dernière peut se montrer lente et répétitive et il ne se passait finalement pas grand-chose à l’écran. Nous avons donc travaillé avec des consultants scientifiques pour proposer quelque chose de bien plus intéressant et dynamique aux spectateurs.

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Concernant la partie gastronomique, nous voulions mettre l’eau à la bouche du public. Cependant, la cuisine classique américaine des années 1950 n’est pas connue pour être fun ou particulièrement appétissante. Nous avons donc apporté une touche de modernité en nous assurant que les plats proposés étaient séduisants. C’était un travail lent et minutieux. Notre styliste culinaire, Courtney McBroom, a dû faire un millier de lasagnes juste pour s’assurer que nous puissions avoir un plan parfait.

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L. E. : Je pense que la plus grosse difficulté a été de jouer avec un chien. Dans le livre, c’est un personnage à part entière et nous voulions qu’il ait une place importante dans la série. Cependant, le passage de l’écrit à l’écran n’a pas été si simple. Dans un roman, le chien peut faire absolument tout et n’importe quoi. Dans un show télévisé, c’est super difficile de lui demander de traverser la pièce d’une manière précise. Il va forcément le faire à sa façon, sans nous écouter, ou se laisser distraire par autre chose (rires). Sans aucun doute, les scènes avec un animal étaient mon plus gros challenge !

Lessons in Chemistry sera disponible sur Apple TV+ et MyCanal dès le 13 octobre.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste