Récit d’un premier voyage, mémoires d’une résistante et révolutions féministes : cinq bandes dessinées racontent notre monde et en disent long sur nos obsessions collectives et intimes.
| Femme, vie, liberté, sous la direction de Marjane Satrapi
Mahsa Amini. Son nom et sa mort le 16 septembre 2022 aux mains de la police des mœurs pour un voile mal ajusté, ont lancé une révolte en Iran qui ne faiblit pas. Vingt ans après Persepolis, l’artiste franco-iranienne Marjane Satrapi signe une nouvelle bande dessinée : Femme, vie, liberté. Le cri de rage de cette révolte devient le titre de cet ouvrage collectif auquel ont contribué 17 dessinateurs et dessinatrices venues de France, d’Iran et d’Amérique. Le but de cette BD ? Raconter par le dessin cette « première révolution féministe » comme le revendique Marjane Satrapi, mais également dire aux Iraniens et Iraniennes que le monde les regarde et les soutient.
Chaque dessinateur·rice explore une facette de cette révolution. Ainsi, Catel décrypte le fameux « femme, vie, liberté » grâce aux connaissances du journaliste Jean-Pierre Perrin, Coco célèbre les femmes qui luttent pour pratiquer le sport, ou encore la dessinatrice iranienne Shabnam Adiban illustre, sous les conseils du politologue Farid Vahid, l’art de faire la fête comme acte de résistance. Un an de lutte, de révolte et de résistance, dans cet essai graphique magnifiquement illustré. Pour les lecteurs et lectrices engagé·e·s.
| Madeleine, résistante, de Dominique Bertail et Jean-David Morvan
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Madeleine Riffaud a à peine 16 ans. Très rapidement, elle s’engage dans la résistance française. En 2021, sa mémoire est intacte et elle décide de livrer son témoignage au dessinateur Dominique Bertail et au scénariste Jean-David Morvan. Résultat : une bande dessinée, dont le deuxième tome vient de paraître.
Dans Madeleine, résistante, on est plongé dans cette sombre époque, aux côtés de cette jeune femme, déterminée, prête à mourir s’il le faut pour la liberté. Les auteurs avaient originellement signé pour trois volumes, mais annoncent déjà vouloir prolonger l’aventure pour sept ou huit tomes (au moins !)… Signe que cette héroïne de la Seconde Guerre mondiale ne peut laisser indifférentes nos générations et celles de demain. Pour les amateur·rice·s d’histoire.
| Le Grand Incident, de Zelba
Ras-le-bol ! Les femmes nues, peintes ou sculptées, du Musée du Louvre se mettent en grève et disparaissent pour protester contre les visiteurs qui les sexualisent constamment. Ainsi s’ouvre Le Grand Incident, la nouvelle bande dessinée de Zelba. Ce fabuleux conte « fantasticomique » questionne le rapport à la nudité féminine, mais également masculine, dans l’art.
L’autrice y trouve le prétexte pour aborder également les questions du harcèlement de rue, des difficultés d’accès des femmes aux postes de direction et de l’état actuel des grandes institutions culturelles. La solution qui permettra de faire revenir ces femmes de gouache, de marbre et de bronze est aussi délirante que réjouissante… Pour les lecteur·rice·s féministes.
| Jumelle tome 2, de Florence Dupré la Tour
Non, les jumeaux et jumelles ne communiquent pas par télépathie… Florence Dupré la Tour tente de percer, non pas ces idées reçues, mais le véritable mystère de la gémellité dans sa bande dessinée Jumelle, dont la deuxième partie vient de sortir. Cet album vient clôturer un cycle de récits autobiographiques entamé par la dessinatrice en 2016. D’abord avec Cruelle, dans lequel elle décrypte son attitude face aux animaux, suivi de Pucelle, où elle questionne son rapport à la sexualité, et enfin Jumelle, qui revient donc sur sa relation avec sa sœur.
Si le premier tome de ce dytique illustrait la fusion entre elles, c’est la différence qui rythme cette deuxième partie. Comment être à tout prix semblable, tout en étant farouchement différentes ? C’est la question qui hante les jumeaux et jumelles, et cette BD. Florence Dupré la Tour raconte tout ce qu’il y a de merveilleux, mais également de terrible, dans la gémellité, le tout avec beaucoup d’humour ! Pour les lecteur·rice·s curieux·ses de l’âme humaine.
| Shiki, de Rosalie Stroesser
En 2015, alors jeune dessinatrice passionnée des mangas des années 1970, Rosalie Stroesser décide de réaliser son rêve de toujours : vivre au Japon et découvrir sa culture. De Oishi à Tokyo, en passant par Kyoto, la jeune femme sillonne le pays. Shiki, première bande dessinée de l’autrice, raconte son périple aux Pays du Soleil levant.
Ce récit autobiographique révèle une facette moins connue du Japon. Loin de l’image d’Épinal fantasmée par la dessinatrice, la société japonaise, réputée être l’une des plus sûres au monde pour les femmes, se révèle tout aussi patriarcale qu’une autre. Pourtant, Rosalie revient transformée de ce voyage, attachée à jamais au Japon, ses habitants et ses paysages. Un récit initiatique poétique pour les explorateurs et les exploratrices.