Diffusé ce soir sur Canal+, quelques jours avant les César, Yannick est une comédie absurde et émouvante, portée par le talentueux Raphaël Quenard. Critique.
Après Incroyable mais vrai (2022), Quentin Dupieux a présenté Yannick. Douzième long-métrage du prolifique réalisateur – Daaaaaali est actuellement en salles -, le film se déroule à huis clos dans un théâtre. Alors que se joue devant une salle à moitié vide, le vaudeville Le Cocu, notre curieux héros, Yannick donc, à qui Raphaël Quenard prête ses traits, va interrompre la pièce prétextant un ennui mortel.
Raphaël Quenard assure le spectacle
Spectateur, Yannick va aussitôt passer à la mise en scène, réarrangeant le texte, et le scénario, non sans absurdité. Plusieurs rebondissements vont venir rythmer cette réécriture, Quentin Dupieux prouvant une fois de plus son amour pour les situations étonnantes et des dialogues parfois insensés.
Pourtant, le réalisateur apporte dans son nouveau film une émotion réelle, accentuée par les talents hors pair de son acteur principal. Raphaël Quenard offre une prestation aussi amusante que déchirante. Véritable étoile montante du cinéma français, l’acteur semble par moments retrouver le personnage qu’il campait dans la saison 3 de Family Business, série qui l’avait révélé au grand public, offrant tour à tour un jeu inquiétant, touchant, proche de l’innocence enfantine.
Il incarne Yannick, un gardien de nuit qui espère trouver grâce au théâtre un peu de réconfort à sa solitude. Mais c’est peine perdue, à tel point que notre héros envoie balader les conventions et bouscule la pièce ; un geste qui permettra à Dupieux de développer le fond de son film.
Yannick, défenseur de l’art, le vrai
Yannick questionne la place de l’art, le rôle de la création dans le quotidien, ou encore à certains égards la médiocrité des propositions. Avec ce film – sûrement l’un de ses plus accessibles – Quentin Dupieux veut replacer l’émotion au coeur de la création, et questionne le rapport entre le public et le divertissement. Un sujet qui interroge depuis plusieurs années maintenant toutes les formes d’art – depuis l’avénement des plateformes – et que Dupieux abord de façon complètement méta.
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Toutefois, le réalisateur offre son film le plus compréhensible et linéaire. Si cela peut parfois se laisser sentir dans une mise en scène faiblarde, il délaisse ici les délires abracabrantesques de ses précédents films (Fumer fait tousser, Mandibules…) pour une création plus subtile, et humble.
Une réussite plus modeste tournée dans l’intimité et en seulement six jours qui précède, cette année, la sortie de Daaaaaali !, son prochain film présenté dans quelques semaines durant la Mostra de Venise 2023.
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Yannick de Quentin Dupieux avec Raphaël Quenard, Pio Marmaï, Blanche Gardin, et Sébastien Chassagne, 1h05, en salles le 2 août 2023.