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Les nouvelles voix de la poésie française

20 juillet 2023
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Cécile Coulon, figure de la nouvelle poésie française.
Cécile Coulon, figure de la nouvelle poésie française. ©France Inter

La poésie est morte, vive la poésie ! On a bien cru que la tradition poétique française s’était définitivement évanouie… Que nenni !

À l’épreuve du temps, la poésie s’était tarie. Du moins pouvait-on le penser. Ou peut-être était-ce le poids des idoles qui s’était alourdi. Au pays de Ronsard, Baudelaire, Rimbaud et Apollinaire, difficile de faire entendre sa voix, difficile d’oser confronter les traditions, d’incarner un souffle nouveau. Alors, la poésie française fonctionnait en vase clos, des poètes sacrés dont les textes étaient adulés, étudiés par tous les écoliers et dont la vente en poche cartonnait et puis rien, quelques illuminés et des maisons d’édition passionnées qui les publiaient comme pour rigoler.

Puis, contre toute attente, le vent a tourné et de nouvelles voix poétiques se sont élevées. Partout, la poésie s’est mise à résonner. Au cœur des romans de la nouvelle garde, dans les textes et les paroles des chansonniers et même sur les réseaux sociaux qu’elle a inondés. Retour sur un renouveau poétique aussi fulgurant qu’inattendu.

Nouvelles voix romanesques, nouvelles voies poétiques

La poésie se vend mal, ce n’est pas un secret. Surtout quand elle est cataloguée dans les rayons poésie tout au fond des librairies. Heureusement, notre époque signe l’avènement de la porosité littéraire. Fini les cases, les étiquettes, les classements à l’emporte-pièce : désormais, il n’est question que de littérature, des textes qui naviguent entre les formes, les genres, les styles. La nouvelle génération d’autrices et d’auteurs publiés ces dernières années est le brillant symbole de ce bouleversement radical. C’est en effet par le roman que la poésie a fait à nouveau irruption dans le cœur des lecteurs.

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Avec Nino dans la nuit, écrit à quatre mains avec sa compagne Capucine, Simon Johannin a été parmi les premiers à éprouver l’élasticité de la langue romanesque, à la faire se mélanger avec des fulgurances poétiques. C’est le succès de ce roman et la reconnaissance qui en découle qui lui ont permis de se lancer pleinement dans une œuvre poétique à part entière. Nous sommes maintenant nos êtres chers, La Dernière Saison du monde, Le Dialogue : il incarne avec ces recueils la vitalité nouvelle de la poésie française.

Pour Laura Vazquez, les frontières sont encore plus troubles. Que ce soit dans la Semaine perpétuelle ou dans Le Livre du large et du long, récompensé du Goncourt de la poésie cette années, elle déploie une littérature proche de l’épopée, où romanesque et poétique ne font qu’un. Ses histoires tourbillonnent, fuguent du côté de la rêverie poétique avant de reprendre sagement leur cours. Elle est à l’avant-garde de la démocratisation poétique.

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Quelques années avant elle, Marin Fouqué, avec 77 et G.A.V avait lui aussi contribué à faire connaître ce genre hybride, pour réhabituer les lecteurs au cliquetis des mots, au bruit sourd des syllabes, à la force des allitérations. Plus récemment encore, lors de cette rentrée hivernale, Seynabou Sonko, avec Djinns, poursuivait ce combat salutaire.

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Cette nouvelle génération de romanciers/poètes se fait en plus l’ardente défenseure d’une poésie incarnée, une poésie qui se révèle grâce à l’oralité. Simon Johannin, Marin Fouqué, Laura Vazquez, Seynabou Sonko : absolument tous·tes les auteur·rice·s que nous venons de citer arpentent les scènes ouvertes et les festivals pour scander leur texte, ils fabriquent des écrins visuels, auditifs pour que les mots résonnent.

Instagram : berceau d’une nouvelle poésie

En parallèle, contre toute attente, l’essor des réseaux sociaux, royaume des apparences qui consacre l’image plutôt que le texte, a lui-aussi profité à la poésie. Aujourd’hui, certaines plateformes comme Instagram sont même devenues un terrain de jeu pour toute une nouvelle génération de poètes. Ces insta-poètes et leur plume furieusement créatrice ont d’abord fait parler d’eux de l’autre côté de l’Atlantique. L’Américaine Amanda Gorman et surtout la Canadienne Rupi Kaur rassemblent sur les réseaux sociaux une communauté gigantesque et chacune de leurs parutions fait instantanément l’événement en librairie.

Cela fait longtemps aussi que la poétesse et romancière française Cécile Coulon se sert des réseaux sociaux comme d’une tribune pour éprouver son art. Grâce à Facebook et Instagram, elle expérimente tous les procédés créatifs, joue avec les mots, les symboles, pour compiler des textes. Elle donne à voir à ceux qui la suivent le manuscrit d’un prochain recueil en préparation. N’en déplaise aux grincheux qui criaient aux loups contre les réseaux sociaux, coupables à leurs yeux de détourner les regards des livres et des belles lettres, il semblerait plutôt qu’ils soient devenus un laboratoire d’expérimentation où se fabrique la littérature de demain.

De ces essais littéraires sont nés plusieurs recueils pour Cécile Coulon. Les Ronces en 2018, Noir volcan en 2020 et En l’absence du capitaine paru l’année dernière. Depuis trois ans, Cécile Coulon cherche également à faire éclore de nouveaux talents puisqu’elle dirige avec Alexandre Bord « L’Iconopop », une collection des éditions L’Iconoclaste consacrée aux textes brefs, intimes et percutants. Des textes aux formes libres et variées, au carrefour des cris de révolte, de la poésie et du slam.

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Dans un autre style, Morgane Ortin, créatrice du compte Amours solitaires, utilise Instagram pour réunir autour de la puissance des mots. Sur sa page, elle publie les plus beaux messages d’amour d’anonymes et façonne un univers poétique et intime qui séduit près d’un million de followers. Cette aventure est même devenue un livre, puis deux. Comme la belle histoire d’une romance du XXIe siècle.

Seghers, un éditeur engagé poétiquement

Le renouveau de l’éditeur historique de poésie Seghers et sa mue récente sont le témoin d’une littérature poétique qui se porte bien. Grâce à une nouvelle identité visuelle et une communication habile, la maison dépoussière la poésie.

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D’abord, elle offre une seconde vie aux poèmes de Paul Éluard, Robert Desnos, Aragon ou encore le plus méconnu René Guy Cadou, mais, en parallèle, elle se plaît à offrir une tribune poétique à des artistes issus d’horizons différents, comme le chanteur de Feu Chatterton ! Arthur Teboul ou l’actrice Sophie Marceau. Tous les artistes se piquent désormais de poésie !

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