Le Bac de Philo a débuté ce matin, l’occasion pour les lycéens de s’attaquer à deux auteurs incontournables de la philosophie, Claude Lévi-Strauss et Adam Smith.
Coup d’envoi pour les épreuves du Baccalauréat 2023. Depuis ce matin, les lycéens, toutes sections confondues, planchent sur plusieurs sujets en lien avec la justice, la liberté, ou encore l’art. Le bonheur est-il affaire de raison ? L’art nous apprend-il quelque chose ? Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ? Autant de problématiques sur lesquelles les futurs bacheliers vont devoir réfléchir, et philosopher.
Pour les adeptes de la dissertation, en revanche, les lycéens de la section générale ont pu commenter un texte issu de La Pensée Sauvage de Claude Lévi-Strauss sur « un bricoleur », tandis que ceux de la section technologique ont dû s’attaquer à un extrait de la Théorie des sentiments moraux d’Adam Smith et ses paradoxes.
Claude Lévi-Strauss et Adam Smith, les incontournables de la philo
Publié en 1962, La Pensée Sauvage est devenu un classique de l’ethnologie qui consiste en l’étude des caractères culturels. Dans cet essai, le philosophe et anthropologue belge s’attaque à la pensée à l’état sauvage présente chez tous les Hommes. Il décrit ainsi les mythes, les rites, les croyances et les autres faits de culture comme autant d’êtres « sauvages » comparables à tous ceux que la nature engendre sous formes, animales, végétales et minérales. Pour lui, la pensée sauvage est présente chez tous les Hommes tant qu’elle n’a pas été domestiquée à des fins de rendements.
Le texte de Lévi-Strauss a été décisif pour les sciences sociales modernes, tout comme celui d’Adam Smith, Théorie des sentiments moraux. Dans cet ouvrage philosophique, publié en 1759, l’économiste écossais s’interroge sur le fait qu’un même individu puisse, dans certaines situations, manifester des comportements égoïstes où prime l’intérêt personnel alors que, dans d’autres situations, il se révèle agir « sous le regard d’un spectateur impartial », érigé par la communauté.
Selon Adam Smith, il faut établir une distinction entre l’économique et la morale. L’égoïsme domine la sphère économique tandis que la vie sociale est conduite par « les sentiments moraux ». Cette réflexion va alors préfigurer, à l’époque, sa théorie sur l’économie de marché, ainsi que la politique libérale, mais aussi bâtir les fondations d’un autre texte incontournable de l’auteur, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776).
Le choix de ses auteurs montre l’exigence attendue de la part des lycéens dans l’étude de texte. Incontournables de la philosophie et des traditionnelles épreuves du baccalauréat, Claude Lévi-Strauss et Adam Smith ont marqué leurs époques respectives par leurs réflexions inédites. Ces choix de la part des institutions et de l’Éducation Nationale font, dans un sens, également écho à l’actualité française bousculée depuis plusieurs mois par une crise institutionnelle remettant en question l’ordre, la morale, la justice, la politique. C’est également l’occasion d’aborder la crise environnementale, vaste débat que la société ne peut plus ignorer.
Le Bac de Philo : terrain de jeu de Twitter
Le Bac de Philo n’a d’ailleurs pas tardé à enflammer la Toile et Twitter. Beaucoup d’internautes ont ainsi créé leurs propres sujets avec humour et dérision, tandis que la classe politique a profité de l’épreuve pour se laisser aller à plusieurs tacles sur la politique d’Emmanuelle Macron.