Fast X est attendu au cinéma ce mercredi 17 mai. L’occasion pour nous de revenir sur l’évolution de la saga portée par Vin Diesel et de comprendre comment elle s’est imposée comme l’une des franchises cultes du cinéma d’action.
Vin Diesel s’apprête à faire un nouveau tour de piste avec le dixième chapitre de Fast & Furious. Attendu dans les salles obscures ce mercredi 17 mai, le film réalisé par Louis Leterrier verra Dom Toretto affronter Dante Reyes (Jason Momoa), entre combats au corps à corps et courses-poursuites aux quatre coins du monde ; toujours au nom de la sacrosainte défense de « la famille ».
Depuis plus de dix ans, la saga Fast & Furious a fait de ces éléments les ingrédients de son succès. Film de genre des années 2000, le premier volet a ouvert la voie à une véritable franchise d’action hollywoodienne. En 20 ans d’exploitation sur grand écran, Fast & Furious s’est métamorphosé, devenant un phénomène cinématographique culte.
Alors, à l’occasion de la sortie de son dixième opus, nous avons voulu revenir sur son évolution afin de comprendre le succès d’une série de blockbusters aujourd’hui considérés comme incontournables.
Une saga issue du cinéma indépendant
L’histoire de Fast and Furious commence en 1998 lorsque le réalisateur Rob Cohen tombe sur un article publié le magazine américain Vibe. Intitulé Racer X, il raconte les courses de rue clandestines auxquelles participait au début des années 1990, Rafael Estevez. Sa trajectoire inspirera, trois ans plus tard, le scénario du premier volet de la saga automobile, Rob Cohen voyant dans le pilote le reflet de celui qui deviendra Dom Toretto.
Imaginé comme un remake inavoué de 260 Chrono (1987), Fast & Furious réunit plusieurs références du cinéma indépendant. Par exemple, difficile de ne pas voir des similitudes avec Point Break (1991), le long-métrage de Kathryn Bigelow qui a révélé Keane Reeves au grand public et signé l’un des rôles les plus intéressants de la carrière de Patrick Swayze.
Dix ans après sa sortie, le gang des Présidents mené par Bodhi Salver a laissé place à la famille de Dom Toretto et leur braquage de camions. De son côté, Brian O’Conner (Paul Walker), un policier de Los Angeles chargé d’infiltrer le milieu des courses de rue illégales, représente le digne héritier de Johnny Utah, l’agent du FBI incarné chez Bigelow par Keanu Reeves.
Les moyens n’étaient pas non plus les mêmes en 2001. Loin des explosions et des cascades abracadabrantes des volets suivants, la photographie du premier volet est plus naturelle. Les enjeux sont à la hauteur des personnages, Rob Cohen n’hésitant pas à nous inviter dans leur intimité.
Malgré le spectacle qu’il propose, Fast & Furious est cantonné aux « films de voiture » et dresse le portrait de personnages loin d’être manichéens. On sent alors une véritable profondeur dans l’écriture des protagonistes. Un savoir-faire qui se perdra au fil des adaptations, à mesure que Fast & Furious se transforme en mégalodon d’action. Si le deuxième volet, commandé après le succès inattendu du premier (207 millions de dollars récoltés pour un budget de 38 millions) emprunte la même identité grâce au talent de John Singleton (Boyz N the Hood, 1991), à partir de Tokyo Drift (2006) la saga tente de prendre un virage différent.
Le virage Tokyo Drift
Nouveaux personnages, nouveaux décors, et plongée au cœur des courses illégales japonaises… Avec le film de Justin Lin, Universal, propriétaire historique de la franchise, entend booster cette dernière pour son troisième opus. Si les prémices de l’actionner-movie sont là, la stratégie ne convainc pas la critique et offre à la saga son score le plus bas au box-office mondial à ce jour, avec « seulement » 158 millions de dollars récoltés.
Alors les studios, qui ne veulent pas laisser échapper leur poule aux œufs d’or, doivent réfléchir à une nouvelle formule. En 2009, ils décident donc de faire appel aux acteurs originaux, espérant titiller la nostalgie des fans de la première heure, mais aussi capitaliser sur le statut de star de Vin Diesel. Ce dernier, tout comme Paul Walker, Michelle Rodriguez, Jordana Brewster, Ludacris et Tyrese Gibson rempileront tous, direction Los Angeles.
La franchise d’action par excellence
À cette époque, les équipes ne cachent pas leur intention : prendre les pièces détachées pour construire un nouveau modèle. C’est à ce moment-là que la franchise Fast & Furious entame sa transition, délaissant le simple « film de voiture » au profit du « blockbuster d’action ». Les voitures sont en effet relayées au second plan et les courses illégales ne sont plus au centre de l’histoire.
Les personnages prennent de l’ampleur. De flics et hors la loi, les voilà propulsés au rang de mercenaires et d’agents secrets travaillant pour une antenne de la CIA. Armés, ils contrent les plans machiavéliques de plusieurs terroristes, défiant les lois de la physique et de la technologie.
À partir des années 2010, l’humour nanaresque s’invite dans une franchise qui repousse sans arrêt les limites. La gravité des premiers épisodes a laissé place à une action bourrine, portée par les gros bras du grand écran. De Dwayne Johnson à John Cena, en passant par l’indéboulonnable Vin Diesel ou encore Jason Statham, la saga mise sur leurs muscles et leur image pour convaincre un nouveau public. Une recette qui fonctionne, puisque Fast & Furious va jusqu’à dépasser le milliard de dollars avec son septième et son huitième volet, un record.
Les ingrédients du succès culte
Fast & Furious est la franchise de l’excès, ce dernier étant à la fois un vecteur de haine et d’adoration. Si ses détracteurs critiquent son manque de crédibilité, la prestation des acteurs ou encore l’idiotie d’un scénario poussif, ses défenseurs assument un plaisir coupable de cinéma, entre nostalgie, humour et action. Cette dichotomie a toujours alimenté la réputation de Fast & Furious, ainsi qu’une certaine fascination pour ce petit vilain canard du grand écran que l’on aime finalement détester.
En vérité, c’est une madeleine de Proust qui fait écho aux films d’action les plus kitsch du septième art et qui cultive un aspect méta à travers ses figures de proue contemporaines (Jason Statham, The Rock, John Cena…).
Par ailleurs, tout le gratin hollywoodien s’invite dans Fast & Furious. D’Helen Mirren à Charlize Theron, en passant par Ryan Reynolds et Idris Elba, la franchise peut compter sur de grosses têtes d’affiche pour attirer le public dans les salles.
La longévité de la saga dans le paysage cinématographique tient également à son influence sur le cinéma d’action moderne. Sans Fast & Furious, des franchises comme Mission: Impossible n’auraient peut-être jamais osé s’aventurer sur le terrain de jeu sans limites prôné aujourd’hui par les blockbusters. Les nanars comme Rampage (2018) et The Meg (2018) n’auraient très certainement pas vu le jour si Fast & Furious ne s’était pas autorisé une liberté totale, quitte à pousser le vice jusqu’à la caricature de genre ; tout comme des héros invincibles à la John Wick n’auraient très certainement jamais existé si Dom Toretto n’avait pas pavé la route pour eux.
La saga portée par Vin Diesel a été un élément déclencheur à Hollywood. Au fil des années, elle a redéfini le cinéma d’action et représente une certaine évolution du divertissement. Bien que cette métamorphose soit avant tout la conséquence de manœuvres financières visant à battre les records de box-office, et d’un plan de communication bien rôdé, l’envie d’offrir du grand spectacle semble toujours autant animer la Fast Family.
Cette dernière est l’élément fondamental de la franchise. Chacun possède sa personnalité : on retrouve ainsi la téméraire Letty Ortiz, les pitres de service, Roman et Tej, ou encore le vertueux, Brian O’Conner. Malgré leur différence, ils forment la Fast Family, un élément qui a toujours apporté de la profondeur et de l’émotion à la franchise. De surcroît, devant comme derrière la caméra, les équipes ont toujours affiché un lien indéfectible favorisant une tendresse pour les personnages et leurs interprètes. Si le prétexte de la famille est l’unique ressort scénaristique des films, il n’en reste pas moins un sujet universel auquel le spectateur a toujours pu facilement s’identifier. Tel un fil conducteur, cette thématique a su nourrir la franchise et guider le public à travers les différentes alliances qui se sont formées en plus de 20 ans d’existence.
De film indépendant des années 2000 à véritable blockbuster d’action surdosé, l’évolution de Fast & Furious rend sa place dans le paysage cinématographique unique. Non seulement la saga a su exploiter cette quête d’excès qui fonde aujourd’hui son identité, mais sa métamorphose, au fil des décennies, a su dépasser le cadre de la franchise pour influencer le cinéma d’action contemporain.
Ce n’est pas tant une réplique, ou une séquence en particulier que l’on retient, mais un ensemble de films qui n’a jamais cesser de mélanger divertissement, émotion et humour. Symbole de la pop culture, Fast & Furious est la saga d’action par excellence. Une reconnaissance acquise au fil des décennies grâce à une fanbase toujours plus puissante et curieuse de découvrir jusqu’où les équipes sont prêtes à aller pour remporter la course du succès.