C’est officiel, à partir du 1er septembre prochain, il n’y aura plus de trottinettes électriques en libre-service dans les rues de la capitale. Les Parisiens se sont exprimés par leurs votes hier dans la journée.
Paris devient ainsi la première capitale européenne à interdire complétement les services de trottinettes électriques en libre-service dans ses rues. La maire de la ville, Anne Hidalgo, s’est engagée à respecter les résultats du vote organisé hier, lors duquel se sont exprimés quelque 103 000 habitants et habitantes.
Une faible participation
Cette décision marque à la fois par son côté inédit en Europe, mais aussi par la très faible participation qui l’a rendue possible, relevée par l’opposition au sein du conseil municipal. Selon les résultats des bureaux de vote installés dans les mairies d’arrondissement de la ville, seules 103 084 personnes se sont déplacées pour s’exprimer, soit environ 7,5 % des électeurs inscrits. Peu de votants donc, mais qui se sont très majoritairement (89,03 % des voix) exprimés en faveur de l’interdiction des trottinettes électriques en libre-service.
Pour Madame Hidalgo, qui faisait campagne contre ces trottinettes, ce résultat permettra de réduire « les nuisances » sur le bitume et les trottoirs de la capitale. Le contrat des trois entreprises autorisées à distribuer leurs véhicules électriques (Lime, Dott et Tier), ne sera ainsi pas renouvelé après son expiration le 31 août prochain. 15 000 trottinettes disparaîtront donc des rues parisiennes en septembre 2023. Les trois opérateurs ont confirmé cette nouvelle.
« Nous prenons acte de cette consultation inédite, dont la mobilisation aurait pu être plus large et représentative si les modalités de la votation avaient été différentes : plus de bureaux de vote, scrutin électronique [pour toucher plus largement les jeunes, ndlr], information municipale », mentionne le communiqué publié en commun par les trois entreprises hier soir. Celles-ci de souligner que cette décision aura un impact à la fois sur les déplacements de milliers de personnes chaque mois, mais aussi sur les 800 personnes employées en tout par ces entreprises à Paris.
Une opposition solide aux trottinettes électriques
Depuis leur instauration dans la ville en 2018, ces trottinettes en libre-service, et même les trottinettes électriques en général, ont rapidement rencontré un fort mouvement d’opposition à leur utilisation. En témoignent les nombreux engins jetés dans la Seine et les canaux au fil des ans, brûlés ou jetés dans les poubelles. Les détracteurs de ce mode de transport ne manquent pas d’arguments contre ceux-ci : à force d’être abandonnées n’importe où, les trottinettes polluent l’espace public, elles ne sont pas aussi écologiques qu’on ne le dit, les utilisateurs et utilisatrices frôlent trop régulièrement les piétons à forte vitesse sur les trottoirs, etc.
Effectivement, les trottinettes électriques, quelles qu’elles soient, sont dangereuses dans l’espace public, mais le problème vient majoritairement des utilisateurs eux-mêmes plutôt que des engins. En 2022, les trottinettes électriques, selon les autorités, ont été impliquées dans 408 accidents, faisant au total trois morts et 459 blessés.
Les opérateurs ont bien essayé de leur côté d’échapper à toute interdiction, en employant parfois des méthodes très critiquées. Par exemple, les entreprises ont fait appel à des influenceurs sur les réseaux sociaux afin de tourner l’opinion en faveur de ces services de location de trottinettes, ou encore ont proposé une course gratuite le jour du vote. Les trottinettes électriques privées sont, elles, toujours autorisées. Il n’est pas à exclure que la ville de Paris ne décide dans le futur de nouvelles réglementations afin d’encadrer au mieux leur pratique dans les rues.
Cette nouvelle pourrait faire les affaires des marques et vendeurs de trottinettes électriques, dont la demande pourrait augmenter prochainement.