Depuis début 2023, Mineral est devenu une startup à part entière d’Alphabet – la holding qui détient Google. Son objectif ? Bâtir une agriculture plus durable grâce aux technologies.
En matière d’AgriTech (la technologie au service de l’agriculture), Mineral pourrait bien faire parler d’elle dans les prochaines années. Cette jeune startup, officiellement née en janvier 2023, existe en réalité depuis 2017. Mais il s’agissait à l’époque d’un simple projet du laboratoire d’innovation d’Alphabet, la maison-mère qui détient Google. Depuis, Mineral s’est focalisé sur l’agriculture de précision afin de répondre aux défis du réchauffement climatique.
Il y a cinq ans, cette branche très secrète de recherche et développement a entamé une exploration poussée de la manière dont le machine learning (ML) pourrait s’appliquer à l’agriculture. Objectif : faire en sorte de continuer à nourrir toute l’humanité tout en préservant les ressources de la planète. Deux ans plus tard, en 2020, le projet a pris le nom de Mineral. Et vient, en 2023, d’être promu au rang de société au sein de la holding Alphabet. Preuve que les recherches menées en matière d’agriculture de précision ont donné satisfaction.
Agriculture de précision, kezako ?
On utilise ce terme quand on parle de technologies de pointe telles que la télédétection, les systèmes d’information géographique, les capteurs, les drones et l’intelligence artificielle pour gérer les cultures de manière plus efficace et efficiente. Cela implique d’analyser et de cartographier de manière détaillée les sols, les cultures, les maladies, la croissance et les rendements pour prendre des décisions plus éclairées en matière de gestion des cultures. Ces technologies permettent par exemple de déterminer avec précision la quantité et la qualité des intrants (engrais, eau, semences, pesticides) nécessaires, les meilleures pratiques culturales à adopter sur ce champ-là en particulier, la fréquence de rotation des cultures, quand décider de récolter, etc.
Pour résumer, l’agriculture de précision permet d’optimiser la production agricole, de réduire les coûts, de minimiser l’impact environnemental et donc de maximiser la durabilité. C’est aussi une piste explorée par les États, car elle est impliquée dans la sécurité alimentaire, dans la mesure où elle permet d’augmenter la productivité agricole et de réduire les pertes de récolte.
Mineral, en pointe sur l’intelligence artificielle et le machine learning
En accumulant énormément de données sur les plantes grâce à la mise au point d’une technologie de détection, puis en organisant et harmonisant ces données pour les soumettre à un processus de machine learning, Mineral veut créer de puissants algorithmes logiciels. Objectif : mener des recherches poussées sur le monde végétal afin d’appréhender en profondeur le fonctionnement des plantes. La startup cherche notamment à comprendre les interactions complexes entre les gènes des plantes, l’environnement et les pratiques agricoles.
« L’IA/ML et la détection dans l’agriculture en sont encore à leurs balbutiements. Il y a énormément d’innovations autour de ça actuellement – et nous en avons désespérément besoin –, mais cette industrie est encore au jour zéro en termes de maturité, a déclaré Elliot Grant, CEO de Mineral, à agfundernews.com. Nous avons donc vu l’opportunité de créer des technologies fondamentales pour aider d’autres entreprises à aller plus vite, mais il n’y a pas assez de données collectées à ce jour et c’est un problème à l’échelle de l’industrie. »
Un robot scanneur et… pas de temps à perdre pour la planète
Concrètement, Mineral a mis au point un robot qui « scanne » les champs (plants et terre sont analysés). Associée à la reconnaissance d’images, cette technologie est capable de recueillir et d’analyser d’énormes quantités de données sur les plantes et leur comportement. La startup d’Alphabet envisage de commercialiser cette AgriTech et de faire en sorte qu’elle puisse être intégrée à d’autres appareils (drones, smartphones…) mais aussi directement sur du matériel agricole.
« Il n’y a pas de temps à perdre pour trouver des variétés de cultures plus résistantes au climat, pour passer à des pratiques moins gourmandes en produits chimiques et en combustibles fossiles, pour améliorer la santé des sols et pour restaurer la biodiversité », affirme Mineral sur son site.
La France n’est pas en reste
Mais l’AgriTech n’a pas attendu que la Silicon Valley s’intéresse au réchauffement climatique pour émerger ailleurs. La France fait d’ailleurs partie des pays où de nombreuses sociétés se développent autour de cette problématique : Morfo utilise des drones pour régénérer des forêts à grande échelle ; TSE Energy développe l’agrivoltaïque (combinaison de canopées de panneaux solaires au-dessus de champs) ; Jungle a créé une ferme verticale à deux pas de Paris ; Telaqua travaille sur l’optimisation de l’irrigation ; Naïo Technologies, startup toulousaine, imagine depuis 2011 une robotique au service de l’agriculture… Autant d’initiatives qui font penser que l’AgriTech sera l’un des grands sujets des années à venir.