Chaque mois, un·e artiste (acteur·rice, auteur·rice, chanteur·se…) partage avec L’Éclaireur une dizaine d’œuvres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, c’est l’acteur et chanteur Nicolas Maury qui se prête au jeu.
Après s’être fait remarquer dans la série Dix pour cent (2015), Nicolas Maury passe à la réalisation en 2020 avec Garçon chiffon. Le quarantenaire embarque dans l’aventure Olivier Marguerit, qui signe la bande originale et la dernière chanson du film, interprétée par Nicolas Maury himself. Après une période forcée de réflexion, celle des confinements, l’artiste pluridisciplinaire décide de renouveler l’expérience sur un album. On ne change pas une équipe qui gagne. Épaulé par le même compositeur surnommé O et sa compagne, la réalisatrice Shanti Masud, il dévoile aujourd’hui La Porcelaine de Limoges, un autoportrait romantique et fantasmé.
Mais la musique et Nicolas, ce n’est pas une histoire qui date d’hier. Enfant déjà, il chantait du Vanessa Paradis devant la glace comme le montre une scène de son film. L’Éclaireur est donc allé à sa rencontre pour qu’il nous parle des disques et chansons qui ont marqué sa vie.
Quel est le premier disque que vous avez acheté avec votre argent ?
Alors, c’était il y a longtemps. Ce n’était pas un disque, mais une cassette. À l’époque, j’avais un mange-disque orange qui était uniquement adapté aux 45 tours, sur lequel j’écoutais Vanessa Paradis et Elsa. En ce qui concerne cette fameuse cassette que j’ai acheté, ce n’est pas très reluisant, mais ça devait être une compile du genre Top 90. J’aurais bien aimé répondre autre chose, mais c’est la vérité.
Quel est le disque qui vous a donné envie de vous lancer dans la musique ?
Carrie & Lowell de Sufjan Stevens (2015). C’est un artiste américain qui a écrit en partie la B.O. du film Call me by your name (2017). J’ai tous ses albums, mais ce disque en particulier, inspiré par la mort de sa mère, m’a donné envie de concevoir la musique comme un portait, comme des sentiments. Les chansons sont sombres, mais très belles, avec des chœurs d’enfants.
Le disque qui vous définit le mieux ?
La Question (1971) de Françoise Hardy, qui est un album assez parfait. Les mélodies sont assez sèches et les textes impudiques. J’aime son interprétation froide.
Quel est le disque qui vous a le plus ému ?
Très bonne question. Je dirais La Llorona (1997) de Lhasa de Sela qui est malheureusement décédée. Elle avait une voix excessivement mélancolique et elle savait sublimer la douleur avec.
Quel est le disque que vous écoutez quand vous êtes déprimé ?
Parce qu’il m’apporte du soleil, je dirais la B.O. sublime de La Vie aquatique (2003), le film de Wes Anderson. L’artiste brésilien Seu Jorge y chante des chansons de David Bowie en portugais ou dans un anglais très approximatif.
Celui pour faire la fête ?
Harry’s House (2022) d’Harry Styles. J’adore. Cet album me met en joie et me donne envie de danser.
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Celui que vous emporteriez en voyage ?
J’emporterais Elisabeth Schwarzkopf chante les lieder de schubert (1981). Quand je fais des séances photo, je demande qu’on mette cette musique pour me détendre et ne pas avoir peur de l’appareil.
Celui que vous avez le plus honte d’écouter ?
Peut-être des chansons de Dave, Du côté de chez Swann (1975), c’est pourtant magnifique. J’aime beaucoup Dave. Il y a aussi Vanina (1974).
Celui qui parle le mieux d’amour ?
Barbara parle très bien d’amour, des amours déçues ou contrariées. Sa chanson Les Voyages (1959) est une métaphore du plaisir qu’il y a à mûrir, à vieillir. Elle montre aussi qu’au fil du temps, nous sommes plus enclins aux vrais voyages, c’est-à-dire aux histoires d’amour.
La chanson la plus torride ?
Une chanson de Donna Summer, n’importe laquelle. C’est très chaud.
Le disque que vous aimez offrir ?
Five Leaves Left (1969) de Nick Drake. Le titre Day is Done est magnifique. J’adore l’offrir, car les gens connaissent peu.
La chanson que vous avez adorée et que vous ne pouvez plus écouter parce que vous l’avez trop écoutée ?
Les chansons que j’ai le plus écoutées dans ma vie sont celles de Vanessa Paradis. Il y en a que je peux encore écouter, mais Be my Baby (1992), je l’ai trop saignée.
