En délocalisant sa production de coques d’iPhone en Inde plutôt qu’en Chine, Apple doit faire face à un changement radical d’organisation du travail et à des rendements inférieurs.
Selon le Financial Times, seule une coque d’iPhone sur deux qui sort des nouveaux ateliers de production en Inde est en assez bon état pour continuer son voyage vers l’usine d’assemblage Foxconn. Des débuts difficiles, mais logiques, pour Apple, qui souhaite réduire fortement sa dépendance à la Chine pour la production de ses appareils.
Il faudra plusieurs années pour s’adapter
Ce genre de nouvelles a moins pour but de critiquer l’organisation du travail d’un quelconque pays que de montrer qu’Apple a bien engagé son processus de réduction de sa dépendance à la Chine pour la conception de ses appareils haut de gamme.
Le géant de Cupertino compte déplacer 25 % de la production globale d’iPhone en Inde d’ici à 2025 et 50 % pour 2028, la Chine perdant chaque année en attractivité. Le Financial Times souligne que ces difficultés de rendement rencontrées ces derniers mois viennent véritablement du caractère récent de l’installation de l’entreprise dans la région pour ses iPhone haut de gamme.
Jue Wang, consultante chez Bain, souligne au Financial Times que l’usine de production des coques du smartphone, située au sud du pays, n’a encore rien à voir avec la célèbre usine de Zhengzhou et ses 300 000 travailleurs. Apple n’en est qu’au début de son installation et doit faire face à un changement des méthodes de travail et de la culture. Des sources internes révèlent que l’entreprise a envoyé sur place plusieurs salariés des États-Unis et de Chine pour former les ouvriers de la nouvelle chaîne de production indienne détenue par le conglomérat Tata. Il se dit qu’il faudra environ trois ans pour que tout se mette à fonctionner convenablement.
Une nouvelle culture
Habituée depuis des décennies à faire fabriquer ses pièces en Chine, Apple, en s’installant en Inde, doit composer avec des organisations bien différentes. Comme le souligne le Financial Times, les travailleurs chinois sont adeptes du « quoi qu’il en coûte » pour garder leurs juteux contrats avec Apple. Des sources indiquent que les Chinois étaient capables de réaliser une tâche en une journée alors que celle-ci avait été estimée à plusieurs semaines. La culture du travail est toute différente en Inde, comme elle l’est dans bien d’autres pays du monde.
Pour des personnes interrogées par le journal britannique, l’Inde réussira à remplir les objectifs dictés par Apple afin de garder, à leur tour, ces contrats si importants pour l’économie du pays. « Mais ce sont des pas de bébé. Apple prend à peine pied sur le terrain et apprend ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas… Donnez-lui trois ans et vous le verrez passer à l’échelle » indique au quotidien Vivek Wadhwa, universitaire indo-américain. Mais Apple devra aussi s’adapter à cette nouvelle culture et faire les efforts nécessaires dans le sens des travailleurs indiens.