Intégrer le mythique MOMA, même temporairement, n’est pas à la portée de tous les jeux. Retour sur ce véritable exploit.
Le rythme des musées s’appuie sur un temps long, beaucoup plus lent que celui des productions. Un délai nécessaire pour juger de la pertinence d’une œuvre sur le long terme, et son retentissement sur la durée. Le jeu This War Of Mine, sorti en 2014, a vu les développeurs polonais de 11 Bit Studios consacrés au sein d’une exposition dédiée aux arts interactifs.
Baptisé « Never Alone. Video Games and Other Interactive Design », l’événement a choisi le jeu de survie en temps de guerre pour ses nombreuses qualités, qui dépassent largement le cadre vidéoludique. Sa façon de dépeindre la violence des conflits pour les civils, son intelligence et ses nombreuses implications humanitaires ont joué en sa faveur.
L’anti Call Of Duty
À sa sortie en 2014, This War Of Mine a été un vrai succès critique, loué pour son regard différent sur la guerre, aux antipodes des FPS tels que Call Of Duty et consorts. Après un lancement initial sur PC, le jeu a connu de multiples adaptations sur toutes les consoles et sur mobiles, y compris sur Switch il y a deux ans. Une porte ouverte pour la machine de Nintendo, pourtant peu réputée pour ses jeux traitant de la guerre, qui accueillera sans doute un jour Call Of Duty.
Reste que ce déploiement multisupport a donné des ailes aux ventes du titre, qui compte plus de 7 millions d’exemplaires écoulés. Loin de profiter de ce succès à de seules fins économiques, le studio a sans cesse démontré le lien logique entre leur propos et leur engagement. Un premier DLC, baptisé War Childs et disponible pendant une durée limitée, a reversé toutes ses recettes à l’association du même nom, permettant de venir en aide à 350 jeunes victimes de conflits armés.
This Ukrainian War…
Plus récemment, le studio polonais a lancé une campagne d’une semaine visant à récolter un fonds d’aide à l’Ukraine suite à la guerre face à la Russie. Durant cette période, 11 Bit Studios a réussi à lever 850 000 dollars de fonds, une sacrée performance.
Le point de vue original du titre s’intéressant à la survie des civils en temps de guerre, sa réalisation et sa jouabilité, aussi pertinents et réussis que son sujet, ont certes fait mouche. Mais c’est à l’évidence la cohérence entre le projet du studio et son implication dans cette douloureuse réalité, plus que jamais d’actualité, qui en a fait un candidat idéal pour s’inviter au MOMA. Une consécration méritée, aux côtés de monstres sacrés du genre comme Tetris, Pac-Man ou encore Les Sims.
