ByteDance, la maison mère de TikTok, a licencié quatre salariés qui ont utilisé l’application pour traquer deux journalistes ayant écrit sur l’entreprise.
Nouvelle polémique pour TikTok. Alors que le réseau social chinois inquiète de plus en plus concernant son utilisation en tant qu’outil de surveillance, sa maison mère, ByteDance, vient d’annoncer que des employés s’en sont servis pour espionner des journalistes. À la suite d’une enquête interne, l’entreprise a découvert que quatre salariés de l’équipe « Audit interne et risques » – dont deux basés aux États-Unis ont exploité les données de l’application pour les traquer.
Plus précisément, ils ont exploité l’adresse IP et d’autres informations provenant des comptes TikTok de Cristina Criddle, journaliste du Financial Times, et Emily Baker-White, ancienne journaliste de BuzzFeed. Les quatre salariés cherchaient à identifier les employés ayant fait fuiter des informations à ces deux médias. Concrètement, ils ont croisé les données des journalistes avec celles d’employés suspects pour savoir s’ils se sont déjà trouvés au même endroit.
Un réseau social vu comme une menace
Dans une nouvelle enquête publiée la semaine dernière, Emily Baker-White, qui travaille désormais pour Forbes, a révélé que plusieurs journalistes de ce média américain ont été traqués par ByteDance. En octobre, elle avait déjà dévoilé le projet de la maison mère d’utiliser l’application afin de suivre à la trace des citoyens américains. « En octobre, j’ai découvert Project Raven et que ByteDance projetait de tracer ma position physique, tout comme celle de mes collègues », a-t-elle tweeté jeudi. « On ne pouvait pas tout révéler, afin de protéger nos sources », a poursuivi la journaliste.
Ces nouvelles révélations n’arrangent pas les affaires de TikTok et de son propriétaire. « La confiance du public, que nous avons mis tant de temps et d’efforts à bâtir, va être sapée par la mauvaise conduite de quelques individus », a écrit Rubo Liang, le patron de ByteDance, à ses employés.
Ce scandale intervient dans un contexte où l’accessibilité des données des utilisateurs par la Chine en préoccupe plus d’un, notamment aux États-Unis. Une proposition de loi bipartisane visant à interdire l’installation de TikTok sur les appareils gouvernementaux pour cause de menace pour la sécurité nationale vient d’être adoptée par le Congrès. Plusieurs États, comme le Texas ou le Dakota du Sud, ont, eux, déjà banni l’application des appareils des fonctionnaires. Une autre proposition de loi bipartisane a aussi été déposée le 13 décembre pour interdire TikTok aux États-Unis, ce que Donald Trump avait déjà essayé de faire en 2020 mais sans succès.