Pour se plier à de nouvelles réglementations européennes, Apple pourrait abaisser l’une des barrières historiques d’iOS.
C’est une digue majeure qui s’apprêterait à sauter. À en croire les informations rapportées par le bien informé Mark Gurman, les possesseurs d’iPhone et d’iPad pourraient, dès la fin d’année prochaine, installer des magasins d’applications alternatifs sur leur appareil.
Se plier aux mesures de l’Union européenne
L’article de Bloomberg est sans équivoque. Apple ouvrirait bel et bien son écosystème, réputé si fermé, à des magasins d’applications alternatifs d’ici à 2024. Un revirement voulu de très longue date par les utilisateurs et utilisatrices les plus avertis, mais aussi par un certain Epic Games, qui a poursuivi Apple en justice au détour d’un désaccord sur la répartition des revenus générés par son jeu vidéo Fortnite.
Mais il n’y a pas que dans les locaux d’Epic que l’on doit se frotter les mains. Microsoft, qui ne peut en l’état distribuer sa plateforme Xbox Cloud Gaming sur iOS, ou encore Spotify et Netflix, qui cherchent depuis des années à échapper à la fameuse commission de 30% prélevée par Apple sur les transactions, ont probablement sabré le champagne.
Ce n’est pourtant pas par gaité de cœur que la firme de Cupertino opère ce virage à 180°. Dès l’année prochaine, le règlement sur les marchés numériques (DMA en anglais) considèrera comme dans l’illégalité les plateformes qui « se livre à des pratiques déloyales, comme imposer des conditions inéquitables d’accès à sa boutique d’applications ou empêcher l’installation d’applications à partir d’autres sources ». Une définition qui correspond parfaitement aux conditions d’utilisation actuelle d’iOS et d’iPadOS, et à laquelle Apple va donc devoir remédier si elle veut s’épargner une amende comprise entre 10 et 20% de son chiffre d’affaires mondial (soit environ 79 milliards de dollars d’après les résultats de l’entreprise en 2021).
Ce que ça va changer pour les consommateurs
D’après Mark Gurman, on ne parle pas d’un vœu pieux qui demanderait aux consommateurs de patienter des années avant d’en voir la couleur. Apple pourrait en effet apporter ce changement de taille dès la sortie d’iOS 17, qui devrait coïncider avec celle des iPhone 15 à la rentrée de septembre 2024.
Comme sur un smartphone Android, il deviendrait donc possible d’installer des applications en provenance d’autres sources. S’agisse-t-il d’un app store alternatif ou même de fichiers d’installation acquis en ligne. Pour le commun des mortels, cela ne changera pas grand-chose. Sur Android, l’écrasante majorité des utilisateurs et utilisatrices se fournissent sur le Play Store de Google. Mais, pour les plus avertis et, nous l’avons dit, pour les entreprises qui cherchent à échapper à la taxe de 30% prélevée par Apple sur leurs revenus, c’est un monde de nouvelles possibilités qui s’ouvre.
Restera à voir comment Apple abordera ce virage délicat, dans un contexte où elle a toujours défendu le monopole de son App Store comme une nécessité à l’avantage des clients. En effet, l’entreprise défend que seul son magasin d’applications est sûr pour installer des applis sur un iPhone ou un iPad. Les télécharger ailleurs, ce serait prendre le risque de compromettre son appareil avec un fichier corrompu ou vérolé. Des changements qui, d’après Bloomberg, n’enthousiasment pas les équipes d’Apple, qui devra toutefois s’y plier. Exactement comme elle devra finalement mettre son port Lightning aux oubliettes pour se conformer à la législation européenne sur les ports USB-C.