Le rachat d’ARM par Nvidia continue de susciter des remous. Selon les informations de Bloomberg, les autorités britanniques envisageraient de bloquer cette méga-acquisition. Londres invoque des raisons de “sécurité nationale”.
Annoncé en septembre 2020, le rachat d’ARM par Nvidia pour 40 milliards d’euros a du plomb dans l’aile. Selon Bloomberg, le Royaume-Uni envisagerait de bloquer l’opération en raison de craintes pour la sécurité nationale. Le média américain, cité par les agences Reuters et l’AFP, rappelle que le gouvernement britannique avait demandé en avril à l’autorité britannique de la concurrence (la CMA) d’ouvrir une enquête sur cette méga-acquisition. Elle devait évaluer les risques et vérifier si le mariage entre ARM et Nvidia pouvait être considéré comme anticoncurrentiel. Rendu fin juillet, le rapport fait part d’inquiétudes pour la sécurité nationale du Royaume-Uni et cela pousserait les autorités à envisager un rejet du rachat.
Pas de décision avant 2022
Aucune décision n’a été prise et Londres devrait mener une enquête approfondie avant de se prononcer. À l’AFP, une source proche du ministre du Numérique Oliver Downden assure qu’il rendra sa décision sur la prochaine phase “en temps voulu” afin de “réduire l’incertitude sur ce dossier”. Même si ARM n’est plus à proprement parler britannique (la pépite est détenue par le japonais SoftBank depuis 2016), le siège social est à Cambridge et l’avis de nombreuses autorités de régulations, dont celui du Royaume-Uni, compte. En début d’année, nous rappelions que la méga-acquisition devait être finalisée d’ici à mars 2022, sous réserve d’obtenir l’approbation de ces autorités. Or, l’opération suscite de vives inquiétudes et de grands clients d’ARM comme Google, Qualcomm ou Microsoft se disent préoccupés par ce rachat.
Confiant, Nvidia s’est engagé à maintenir l’indépendance d’ARM et veut “continuer à travailler sur le processus réglementaire avec le gouvernement britannique ». Cependant, la Chine, l’Union européenne et les États-Unis doivent également approuver le projet et le gouvernement chinois se montre lui aussi dubitatif. Selon The Information, il a retardé l’annonce de sa décision et la procédure pourrait prendre jusqu’à dix mois. Un retard qui pourrait contrarier les plans de la firme au caméléon. Dans le même temps, certains rivaux de Nvidia comme Qualcomm se sont dits prêts à investir dans ARM pour l’aider à rester indépendant.
L’omniprésent ARM
Méconnu du grand public, ARM est aussi discret qu’incontournable dans nos vies numériques. Cette société présente la particularité de ne pas fabriquer de puces, mais elle en dessine les plans et l’architecture. Ses technologies sont ensuite utilisées par des partenaires qui se chargent de la production. ARM estime aujourd’hui être présent dans 95 % des smartphones et ses puces, fabriquées sous licence, s’invitent aussi dans des capteurs, dispositifs informatiques ou objets connectés.