Le raï algérien a fait son entrée, ce jeudi 1er décembre 2022, au patrimoine mondial de l’Unesco. L’occasion de sceller le débat sur la paternité de ce genre musical, mais surtout de le réhabiliter.
Le raï – qui signifie mon « opinion » en arabe – est une musique populaire aux textes crus, sans tabous, qui parle d’amour impossible, de contraintes sociales et de liberté. Le genre a connu son heure de gloire dans les années 1990, après sa démocratisation dans les années 1960, à l’issue de l’indépendance algérienne.
Difficile de passer à côté des tubes de Cheb Khaled. L’artiste a investi à plusieurs reprises le Top 50 pendant des semaines, notamment grâce à des morceaux tels que Didi (1992) et Bakhta (1993). On peut également citer des figures comme Cheb Hasni et Cheb Mami. Si dans les années 2000, le raï a reculé pour ne toucher qu’un public plus restreint, depuis quelque temps maintenant, cette tradition algérienne revient sur le devant de la scène.
Le raï algérien enfin réhabilité
On peut notamment citer le dernier hit de DJ Snake, Disco Maghreb (2022), du nom de l’emblématique maison de disques oranaise à laquelle le titre de la chanson rend hommage. Ce retour, mais aussi la tradition historique que constitue le raï pour l’Algérie dès la fin du XIXe siècle chez les paysans et les pasteurs, ont motivé la candidature du pays auprès de l’Unesco, afin que l’organisation internationale reconnaisse le raï en tant que patrimoine immatériel de l’humanité.
Grâce à cette nouvelle reconnaissance, l’Algérie espère que le raï regagnera en popularité, et qu’une nouvelle génération d’artiste pourra s’approprier cette tradition musicale ancienne. Cependant, l’entrée du raï algérien au patrimoine mondial de l’Unesco n’est pas du goût du Maroc qui revendique la paternité du genre. Si les deux pays auraient pu déposer une candidature commune – à l’instar de ce qu’ils avaient fait concernant le couscous, classé au patrimoine immatériel en 2020 – les revendications du Maroc, font en réalité suite à plusieurs tensions géopolitiques entre les deux pays. Depuis un an, ils n’entretiennent aucune relation diplomatique.
En tout cas, l’entrée du raï algérien au patrimoine mondial de l’Unesco permet aujourd’hui de réhabiliter un genre dont la paternité a souvent été discutée, mais aussi un genre qui a souvent été décrié par l’Etat Algérien lui-même. « Pendant longtemps, le raï était interdit sur les ondes de radio et les antennes de télévision. Voilà que l’Etat algérien défend cet art populaire. C’est un juste retour des choses » s’est d’ailleurs enthousiasmé Tarik El-Kébir, cogérant du mythique studio de musique Disco Maghreb, après l’annonce de cette décision historique, ce jeudi 1er décembre.