La filiale française de Samsung a été mise en examen pour « pratiques commerciales trompeuses ». Le géant sud-coréen est accusé par plusieurs ONG de ne pas respecter ses engagements éthiques.
Période délicate pour le leader du marché du smartphone. Les bonnes ventes des Galaxy S10 n’ont pas totalement éclipsé le départ raté du Galaxy Fold et Samsung France est désormais dans le viseur de la justice. La filiale française du géant sud-coréen a en effet été mise en examen en avril dernier pour « pratiques commerciales trompeuses » dans une enquête sur de possibles violations des droits de l’homme dans les usines du groupe, notamment en Chine, rapportent l’AFP et Mediapart.
L’agence France-Presse précise que cette mise en examen a été ordonnée à l’issue de la convocation d’un représentant de la filiale française du leader mondial des smartphones le 17 avril par un juge parisien. Ce dernier avait été saisi en 2018 par une plainte avec constitution de partie civile des ONG Sherpa et Actionaid-Peuples solidaires.
Ces organisations non gouvernementales demandent que soit sanctionné « l’écart inacceptable » entre les engagements éthiques de Samsung – dont la marque a fait un argument commercial – et les violations présumées « des droits fondamentaux des travailleur∙se∙s qui auraient été constatées dans ses usines de Chine, du Vietnam et de Corée du Sud ». Les deux ONG s’appuient notamment sur divers rapports d’autres ONG qui ont pu se rendre dans les usines asiatiques du groupe. Elles dénoncent « l’emploi d’enfants de moins de seize ans », des « horaires de travail abusifs », des « conditions de travail et d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine » et une « mise en danger des travailleurs ».
Plusieurs ONG ont déjà donné l’alerte
ActionAid France évoque des ouvriers et ouvrières qui sont pour la plupart payés moins de 200 euros par mois pour assembler parfois près de 1600 téléphones par jour. En Corée, pays d’origine de Samsung, l’ONG SHARPS indique avoir répertorié près de 320 cas de maladies graves et 118 morts suspectes d’anciens ouvriers de Samsung. Sur son site, l’entreprise vante pourtant son modèle et met en avant ses Cinq Principes de Conduite des Affaires. « Nous respectons les droits humains fondamentaux de toutes les personnes. Le travail forcé, l’exploitation salariale et l’esclavage des enfants sont exclus, en toutes circonstances », peut-on notamment y lire.
Cette nouvelle plainte visait à contourner le refus du parquet de poursuivre les investigations, en demandant directement à un juge d’instruction de se saisir du dossier, précise l’AFP. Elle fait suite au classement de plusieurs autres procédures. Les ONG ont salué cette décision dans un communiqué, expliquant : « C’est la première fois en France qu’il est reconnu que les engagements éthiques pris par une entreprise sont susceptibles de constituer des pratiques commerciales qui engagent, à ce titre, leur émetteur ». ActionAid évoque également une mise en examen « historique » de Samsung France.