Auteurs-compositeurs et interprètes aux carrières installées, Gaël Faye, Ben Mazué et Grand Corps Malade se sont réunis le temps d’Éphémère, un mini album sorti mi-septembre 2022.
S’il n’est pas rare qu’un compositeur prête sa plume à un autre le temps d’une collaboration musicale, il est moins courant que des artistes aux carrières installées entremêlent leurs voix sur tout un album. Gaël Faye, Ben Mazué et Grand Corps Malade se sont livrés à cet exercice et ont sorti, ce vendredi 16 septembre, un EP de sept titres originaux, enregistrés en avril dernier dans le studio provençal de La Fabrique. Chacun des textes d’Éphémère témoigne de leurs expériences en tant qu’auteurs-interprètes ou parents et, plus largement, de leurs vies qui se répondent dans une harmonie qui semble aller de soi.
À l’origine de cette collaboration inédite, un rendez-vous autour d’un café sur fond de confinement et de concerts annulés pour cause de pandémie. Grand Corps Malade et Gaël Faye se connaissent déjà depuis dix-huit années et ont en commun leurs premières scènes slam, les balbutiements de leur carrière respective. Quant à Ben Mazué, il fait la connaissance du premier dans le cadre d’un festival, il y a près d’une décennie, tandis que le second fait appel aux services du même musicien que lui, Guillaume Poncelet. Très vite, le trio de quadragénaires se rend compte qu’il partage une inclination pour le rap des années 1990, la portée des mots et la poésie engagée.
Profiter de l’instant éphémère
Éphémère se présente alors comme une parenthèse de légèreté dans leurs emplois du temps surchargé. Une semaine a suffi à son élaboration. Dans l’intimité de l’amitié, les trois artistes se sont mis à nu, replongeant dans leur enfance, les obstacles rencontrés par la suite et les souvenirs en tout genre qui façonnent les êtres. Sur le fond comme sur la forme, les histoires et les mots de chacun complètent ceux des autres dans un sursaut de liberté, induit par la contrainte ou le confort de cette bulle de créativité choisi.
Afin de livrer quelques repères aux auditeurs étrangers à ce cocon, un making-of sous forme de petit carnet de bord accompagne le CD. À l’intérieur s’y cachent les esquisses d’une illustratrice et quelques récits d’un auteur qui les ont suivis au cours de ce processus. Sur la dernière page, on découvre enfin le premier message que Grand Corps Malade – à l’initiative du projet – a envoyé à Gaël Faye et Ben Mazué.
« J’ai créé un groupe qui s’appelait Dinguerie et tout de suite je disais : venez, on fait un truc un peu en dehors des codes, juste pour nous, juste pour s’amuser. On verra ce qui se passe. Peut-être on fera un concert de ça, peut-être pas », confiait-il récemment dans un entretien pour France Info. Sans ambition particulière, le trio s’est ainsi adonné à son art, profitant de l’instant éphémère, d’un désir soudain et instinctif de concevoir ensemble, irrémédiablement inscrit dans le présent. « Cette semaine de création, c’était beaucoup de liberté. La liberté donne de l’envie, donne du jeu et finalement donne un résultat dont on est fiers parce que finalement on a bossé un peu ! », conclut-il.
