Un rapport de l’organisation Fairplay révèle qu’Instagram, WhatsApp et TikTok ne proposent pas les mêmes niveaux de vie privée et de sécurité dans tous les pays où leurs plateformes sont disponibles.
Une « discrimination de conception » sur les réseaux sociaux. Fairplay, organisation à but non lucratif plaidant pour la fin du marketing ciblant les enfants, vient de publier un rapport indiquant que les niveaux de vie privée et de sécurité proposés par Instagram, WhatsApp et TikTok varient entre les pays. Autrement dit, selon le pays où ils vivent, les jeunes utilisateurs de ces plateformes sont moins protégés que d’autres, notamment par rapport aux jeunes utilisateurs européens.
Un niveau de protection inégal
L’organisation s’est intéressée aux comptes rendus privés par défaut pour les jeunes utilisateurs. L’année dernière, Instagram a annoncé ce changement pour les usagers de moins de 16 ans, mais cela n’est pas appliqué dans tous les pays. Les comptes de ces mineurs sont par exemple privés par défaut au Royaume-Uni, en Allemagne et ailleurs en Europe. En revanche, dans d’autres comme le Brésil, l’Éthiopie ou encore l’Australie, l’utilisateur est incité à choisir entre un compte public et un compte privé.
Lors de l’annonce de ce changement, Instagram avait indiqué que cela permettrait notamment d’empêcher les adultes étrangers de trouver et de contacter les enfants et les adolescents. En se basant sur cet argument, Fairplay indique que les jeunes devraient être universellement protégés, sans que des utilisateurs du même âge soient vulnérables dans certains pays et pas dans d’autres.
Un manque de clarté pour l’âge minimum d’utilisation
L’organisation s’est aussi concentrée sur les exigences d’âge minimum pour l’utilisation des réseaux sociaux. Dans plusieurs pays, dont la France, l’inscription sur ces plateformes est censée être interdite aux moins de 13 ans. Cet âge minimum peut cependant être plus élevé dans certains pays par rapport à la réglementation locale et cela n’est pas toujours clair pour les utilisateurs. Selon les politiques de TikTok en Indonésie par exemple, l’âge minimum peut être de 13, 14 ou 21 ans.
En effet, une section de la politique de confidentialité précise que l’application n’est pas destinée aux enfants de moins de 13 ans. Cet âge est de 14 ans d’après les informations fournies dans les mécanismes techniques relatifs à la contestation de comptes de mineurs, qui indiquent qu’un compte peut être banni si TikTok pense qu’une personne a moins de 14 ans en Indonésie. Enfin, une autre section de la politique de confidentialité explique que l’âge minimum pour utiliser TikTok dans le pays est de 21 ans : « En accédant et/ou en utilisant cette plateforme, vous déclarez que vous être âgé d’au moins 21 ans ou marié ou pas sous tutelle ». Dans son rapport, Fairplay explique que ce manque de clarté était commun aux trois réseaux sociaux.
Un problème sérieux sur TikTok
Bien que Fairplay ait observé les variations des politiques et des pratiques sur Instagram, WhatsApp et TikTok, elle s’inquiète particulièrement du réseau social chinois où ces différences sont « un problème particulièrement sérieux ». Aux côtés de 38 organisations de défense, l’organisation a envoyé une lettre adressée au PDG de TikTok Shou Zi Chew, l’exhortant à lutter contre les discriminations de conception mises en évidence dans son rapport. Elle y mentionne la politique de confidentialité de l’application en Europe, selon laquelle certaines fonctionnalités ne sont pas disponibles afin de fournir une expérience adaptée à l’âge pour les utilisateurs de moins de 18 ans.
Cet élément n’est cependant pas inclus dans les politiques de pays non-européens alors que de nombreux jeunes usagers du réseau social sont situés en dehors du Vieux Continent. « Les plus grands marchés de TikTok sont aux États-Unis, en Indonésie et au Brésil. Tous les enfants et les jeunes méritent une expérience adaptée à leur âge, pas seulement ceux à l’intérieur de l’Europe », déclare Fairplay.
Enfin, l’organisation explique pourquoi les utilisateurs européens des réseaux sociaux bénéficient de niveaux plus élevés en termes de protection et de clarté d’informations. Cela est lié aux réglementations imposant de donner la priorité à l’intérêt de l’enfant, qui sont en place dans plusieurs pays de l’Europe comme le Royaume-Uni, la France ou les Pays-Bas. « Les décideurs politiques et les acteurs de la société civile du monde entier devraient sérieusement prendre en considération ces règlements pour garantir que tous les jeunes bénéficient de la protection qu’ils méritent », conclut Fairplay.