Chaque mois, un·e auteur·rice partage avec L’Éclaireur la dizaine de livres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, Guillermo Guiz se prête au jeu.
Il a exercé des métiers aussi différents que footballeur, journaliste, manager et directeur artistique. Depuis six ans, l’humoriste tient une chronique hebdomadaire dans La Bande originale de Nagui (France Inter). Il est actuellement en tournée dans toute la France avec son dernier spectacle, Au suivant.
Le premier livre qui vous a marqué ?
De la brièveté de la vie, de Sénèque. Notre prof de morale laïque nous l’avait fait lire quand j’avais 12 ans, et je n’ai plus jamais vu le temps qui passe de la même manière par la suite. En gros, j’ai complètement perdu mon innocence. Je recommande donc de le lire plutôt vers 92, 93 ans.
Celui qui parle le mieux d’amour ?
Récemment, j’ai lu L’Amour et Les Forêts, d’Eric Reinhardt, et j’ai trouvé ça assez bouleversant. “Ce garçon sait écrire”, comme on dirait à Bruxelles.
Celui qui vous fait rougir ?
Je lisais en cachette des livres érotiques quand j’étais ado. Je me suis fait capter un jour par mon père, qui a retrouvé un livre ouvert dans la salle de bain. J’ai justifié que j’aimais lire au frais. Pire mytho de tous les temps. Après ça j’ai arrêté. Et attendu Internet.
Celui qui vous dérange ?
Le Génie lesbien, d’Alice Coffin. C’est brillant, mais ça te fait quand même vaciller bien fort dans tes certitudes d’homme blanc hétéro. Les bouquins de Liv Strömquist font pas mal le job à ce niveau-là aussi d’ailleurs.
Celui qui vous obsède ?
King Kong Theorie, de Virginie Despentes, c’est de loin le livre que j’ai le plus offert dans ma vie. Mais il est à moins de 10 euros, je n’ai pas de mérite.
Celui qui vous fait rire ?
Le dernier qui m’a fait vraiment rire, c’est L’Amour, c’est surcoté, de Mourad Winter. C’est très provoc’, très touffu, mais malin et hilarant. À chaque page je me disais : “Oh le batard, j’aurais dû l’écrire, cette phrase” !
À lire aussi
Celui qui vous fait pleurer ?
Cœur glacé et La Vie à deux, deux bandes dessinées de mon ami Gilles Dal, qui parlent de la dépression et de l’amour. C’est extrêmement juste, très désabusé, mais d’une grande beauté. Juste, faut pas lire ça quand on est dans le mou.
Celui qui vous console ?
L’Univers à portée de main, de Christophe Galfard. Quand je vais moins bien et que je m’apitoie un peu sur mon sort, je lis un bouquin (accessible) sur l’immensité du cosmos et le côté un poil vain de nos gesticulations. Ça me rappelle à l’ordre. Thomas Pesquet me suit sur Instagram, si ça se trouve, l’espace, pour moi, c’est pour bientôt !
Celui que vous n’avez pas compris ?
J’ai tenté la Phénoménologie de l’esprit, de Hegel, l’une ou l’autre fois. C’est l’un des seuls livres dont je n’ai pas compris au moins une phrase. Ce qui est quand même rare.
Celui que vous voulez lire depuis des années, sans jamais y parvenir ?
À la recherche du temps perdu, de Proust. Faut croire que je n’ai pas encore trouvé assez de temps…