La firme est visé en Allemagne par une enquête antitrust pour avoir manqué de transparence sur la collecte de données au sein de ses propres applications.
Lancée en avril 2021, l’App Tracking Transparency (ATT) est une fonctionnalité qui permet aux utilisateurs et utilisatrices d’un iPhone ou iPad de refuser qu’une application tierce suive leurs activités en ligne et sur d’autres sites Web. Un module censé renforcer la sécurité des données personnelles sur les appareils de la marque, mais qui présente un angle mort plutôt embarrassant.
Apple manque de transparence
Depuis iOS 14.5, le lancement d’une application est normalement suivi par l’apparition d’une pop-up demandant l’autorisation de l’utilisateur pour que l’éditeur de l’app puisse accéder à certaines données personnelles. En cas de refus, comme c’est environ le cas pour 65% des mobinautes (source : Flurry), Apple brouillera les pistes en attribuant un identifiant unique mais très vague à l’appareil. Ce faisant, le lien avec l’utilisateur ne peut être établi par des tierces parties.
Problème : le régulateur allemand de la concurrence, le Bundeskartellamt, a remarqué qu’Apple omettait quelque chose d’important avec l’ATT. Le fabricant ne ferait en effet pas apparaître cette fameuse fenêtre de consentement sur ses propres applications.
Dans un communiqué publié cette semaine, l’institution déclare avoir initié une procédure visant à évaluer la bonne foi d’Apple en matière de transparence. Selon elle, la firme de Cupertino est prompte à faire appliquer des règles à autrui alors même qu’elle ne s’y plie pas. « Cela permet à Apple de valoriser ses propres applications ou d’entraver celles d’autres entreprises », détaille le Bundeskartellamt.
Que reproche-t-on exactement à Apple ?
Dans le détail, la suspicion du régulateur allemand s’établit sur le fait que toutes les applications tierces présentes sur l’App Store sont soumises à la vérification préalable du consentement des utilisateurs et utilisatrices à partager leurs données personnelles. Or, aucune application estampillée Apple ne nécessite cette vérification. Par conséquent, le Bundeskartellamt estime que ce passe-droit arrange les affaires d’Apple, au sens où ses applications ne font pas apparaître un message qui, si l’on n’est pas prévenu, peut être rebutant.
Toutefois, il est de notoriété publique qu’Apple ne fait guère commerce des données personnelles de ses clients. On pourrait donc estimer que l’entreprise n’a pas à se soumettre à sa propre règle. Une question de point de vue, répondra sans doute l’institution allemande, qui s’est vue dotée l’an dernier de pouvoirs renforcés pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles.
Des reproches qui sont souvent adressés à Apple. Souvenez-vous : l’entreprise avait été trainée en justice l’an dernier par Epic, après que ce dernier a vu son jeu phare Fortnite retiré de l’App Store suite à une tentative de se soustraire à la commission de 30% que prélève Apple sur chaque transaction.
Un procès duquel Apple est ressorti gagnant, mais qui a écorné son image. La preuve : Pavol Durov, créateur de la messagerie Telegram, a accusé hier la marque d’intentionnellement brider les fonctionnalités Web du navigateur d’iOS et d’iPadOS pour éviter la démocratisation des web apps, lesquelles échapperaient de fait à la fameuse commission du constructeur.