Le Fairphone 4 est un smartphone vraiment pas comme les autres. Sa marque s’engage sur l’éthique, notamment de ses sites de production en Chine, et sur son impact réduit sur l’environnement. Pour cela, il est très facilement réparable.
En résumé
Comme nous l’annoncions en préambule, si l’on jugeait le Fairphone 4 comme un smartphone standard, le bilan serait très moyen. En clair, il y a plus fin, plus rapide, plus autonome, plus doué en photo… pour bien moins cher. Mais choisir ce modèle, c’est s’engager pour la planète et se préoccuper de l’avenir, avec un smartphone plus éthique et écoresponsable qui obtient de très loin le meilleur indice.
Note technique
Détail des sous notes
Notre test détaillé
Cela fait presque dix ans maintenant que l’entreprise néerlandaise Fairphone a été créée avec pour objectif la commercialisation de smartphones éthiques et durables. Des produits uniques sur le marché à plus d’un titre. Le Fairphone 4 est donc, et vous l’aurez certainement compris tout seul, la quatrième génération de smartphone de la marque. Il reprend les arguments forts de ses aînés, sur lesquels nous reviendrons, en amenant en plus une garantie de 5 ans et une certaine montée en gamme, puisqu’il intègre désormais la 5G. Le smartphone existe en deux configurations mémoire, 6/128 Go et 8/256 Go, et en trois couleurs : gris, vert et vert moucheté.
Le design, l’ergonomie et l’interface
Pour appréhender le Fairphone 4, il faut se détacher un peu de ses qualités purement techniques. Car non, ce n’est pas un champion du rapport prix-prestation. Mais ce constat est assumé par la marque, qui poursuit dans sa propre voie, plus éthique et plus durable que ses concurrentes, une volonté qui entraîne des coûts de production certainement plus élevés, mais que l’acheteur d’un Fairphone ne pourra qu’accepter. La fabrication du Fairphone 4 s’appuie sur des processus équitables et contrôlés, des sites d’extraction des métaux rares aux usines chinoises. Les conditions de travail et l’âge des ouvriers, par exemple, sont vérifiés.
Le smartphone en lui-même est prévu pour être robuste et facilement réparable, sans outils trop spécifiques. Ce parti-pris se matérialise sur la partie arrière du Fairphone 4, qui est constituée d’une plaque de plastique pouvant se déclipser très facilement. Une fois celle-ci ôtée, l’utilisateur a un accès direct à un certain nombre de composants qui nécessitent simplement un tournevis classique pour être démontés. Il pourra en quelques minutes changer la batterie, le haut-parleur ou les caméras de son mobile pour les réparer ou éventuellement les upgrader.
La coque en plastique vert sur notre exemplaire offre un toucher agréable et robuste. Le bloc photo au design original dépasse à peine, un plus pour la protection des trois caméras. De l’autre côté, nous trouvons un grand écran de 6,3 pouces qui occupe environ 80 % de la surface. Les bordures autour de la dalle sont donc bien présentes, avec en haut une encoche en goutte d’eau accueillant la caméra frontale. L’écran est protégé par une vitre en verre Gorilla Glass 5.
Les flancs offrent une prise en main sûre et confortable grâce à leur profil rond et à leur épaisseur, le Fairphone 4 étant un modèle plutôt épais avec ses 10,5 mm d’épaisseur. Le bouton de mise sous tension tombe naturellement sous le pouce. Il intègre le lecteur d’empreinte digitale qui fonctionne très bien. Au-dessus, les touches de réglage du volume pourront sembler un peu hautes aux petites mains, surtout celle utilisée pour monter le son. Le smartphone se passe de prise casque, mais, sous le capot arrière, vous pourrez glisser une carte microSD (il faut pour cela ôter la batterie).
L’ensemble procure une réelle impression de robustesse. Pour preuve, il est conforme à la norme MIL-STD-810G. Petite déception, il n’est pas étanche, mais simplement IP54 : il pourra donc simplement résister aux projections d’eau et à un environnement poussiéreux.
En ce qui concerne la section logicielle, nous avons face à nous une version d’Android 11 dénuée de surcouche développée par Fairphone. Le système d’exploitation de Google est simplement agrémenté de quelques applications spécifiques comme My Fairphone, qui va par exemple permettre de mesurer votre production de C02, et Appareil photo. Cela peut sembler assez basique, mais le job est fait. Le smartphone est plutôt stable.
L’écran
Le Fairphone 4 s’appuie sur un écran IPS de 6,3 pouces présentant une définition de 2 340×1 080 pixels soit, selon nos mesures, une densité de 408 ppp. La finesse d’affichage est donc largement suffisante, tout comme le contraste, que nos sondes ont estimé à 336:5, un chiffre tout à fait correct pour de l’IPS.
En revanche, nos appareils se montrent plus sévères quant à la question de la fidélité des couleurs, mais rien de véritablement catastrophique en conditions réelles. Nous avons rapidement remarqué que la luminosité n’était pas exceptionnelle, notamment en extérieur. Mais le véritable point noir de l’écran de ce terminal concerne sa directivité : avec un angle de vision de 30°, ce sont déjà 67 % de la luminosité qui ont disparu. Un chiffre très moyen, plus de deux fois supérieur à celui de la plupart des smartphones récemment passés entre nos mains. En passant à un angle de 45°, la perte de lumière atteint les 85 % !
Cette dalle se contente d’une fréquence de rafraîchissement de 60 Hz en revanche.
Performances & rapidité
Pour animer son nouveau smartphone, Fairphone a opté pour le processeur Qualcomm Snapdragon 750G. Une puce récemment annoncée par le géant américain qui s’appuie sur une gravure en 8 Nm. Elle intègre deux cœurs Kryo 570 cadencés à 2,2 GHz et six autres Kryo 570 dont la fréquence s’établit à 1,8 GHz. Couplé à 6 Go de RAM sur notre exemplaire, ce processeur offre une expérience correcte dans l’ensemble, même si nous avons ressenti certains flottements, des latences venant ternir un peu l’expérience utilisateur.
Pour en avoir le cœur net, nous n’avons pas manqué de soumettre le Fairphone 4 à notre test de performances, qui est très exigeant. Si le premier niveau, correspondant à des usages simples, ne pose pas de souci particulier, les choses se compliquent très vite. Nous voilà donc face à une mécanique d’une puissance plutôt modeste face aux utilisations intensives. Les jeux seront à sa portée si vous ne poussez pas trop haut le niveau de détails.
La photo
La qualité des photos prises par un smartphone est certainement devenue aujourd’hui l’un des principaux critères de choix des consommateurs. Pour les satisfaire, le Fairphone 4 dispose tout d’abord d’une caméra principale grand-angle, qui équivaut à un 25 mm argentique. Derrière cette optique très lumineuse qui ouvre à f/1,6, nous trouvons un gros capteur de 48 mégapixels. Par défaut, la technologie du pixels binning est déployée. Elle réunit les pixels par groupe de quatre afin d’optimiser l’exploitation de la lumière. Nous obtenons alors des photos de 12 mégapixels. La seconde caméra est un ultra grand-angle dont l’optique f/2,2 affiche un champ de vision de 120°. Ce module impressionne, sur le papier tout du moins, car il s’appuie lui aussi sur un capteur de 48 mégapixels. Enfin, la dernière caméra n’en est pas vraiment une puisqu’il s’agit d’un module TOF 3D qui sera notamment utilisé pour obtenir des effets Bokeh de meilleure qualité.
Les forces en présence semblent plutôt satisfaisantes a priori, mais qu’en est-il sur le terrain ? En journée, les photos sont convenables, sans plus. Les couleurs manquent de dynamisme : le contraste est faiblard et les couleurs manquent de peps. La lumière est parfois difficilement gérée : oubliez les contre-jours trop violents. La caméra affiche parfois une tendance à la sous-exposition et peine à effectuer la mise au point. Le mode 48 mégapixels n’améliore pas le piqué très moyen. Au contraire, même, car il aboutit à une image souvent brûlée.
L’ultra grand-angle est un peu plus convaincant, avec un niveau de détail satisfaisant pour une caméra de ce type. Si les couleurs sont un peu plus séduisantes, la netteté laisse parfois à désirer. La nuit, le Fairphone 4 est très rapidement à la peine, et ce avec ses deux caméras.
Même constat pour les selfies, qui ne tirent pas vraiment profit de la présence d’un capteur de 25 mégapixels. En vidéo, le smartphone peut filmer en 4K à 30 images par seconde ou encore en 1080p à 60 fps. Là aussi, le résultat est très moyen, avec des saccades et une mise au point aléatoire. Pour finir, un mot général sur l’application Appareil photo : son ergonomie imparfaite s’accompagne d’un manque criant de fluidité.
Qualité audio
Le smartphone dispose de deux haut-parleurs. Il s’agit en réalité de composants différents avec en bas un véritable HP et le transducteur utilisé pour la fonction mains libres qui est mis à contribution.
Nos mesures mettent en avant une bonne puissance avec un niveau maximal de 76 dB. Le rendu présente une courbe typique d’un smartphone, avec une prédominance marquée des médiums et des hauts médiums. Les hautes fréquences parviennent à résister assez longtemps et le creux est marqué pour les graves. Faute de prise casque, il faudra recourir à des écouteurs USB-C ou Bluetooth. Le Fairphone 4 dispose d’une puce Bluetooth 5.1 qui ne brille guère face aux mesures que nous avons menées dans notre Labo.
Communication
La partie radio est constitutive de la plateforme Qualcomm. L’optimisation est correcte, comme nous le montrent nos tests. Une petite faiblesse est à souligner dans la bande 8 de la 4G, mais aussi dans la bande 1, soit respectivement des fréquences de 900 MHz et autour des 1 900-2 100 MHz. Du côté du wifi, le smartphone se contente du 802.11ac. Selon nos tests, le Fairphone 4 est un peu à la peine.
Autonomie
Opter pour une batterie amovible est bien évidemment un excellent choix pour l’environnement en facilitant grandement son changement en cas de panne ou tout du moins d’usure. Mais, en contrepartie, le ratio volume-capacité est moins bon qu’avec un accumulateur intégré. Ainsi, malgré son épaisseur importante, le Fairphone 4 doit se contenter d’une batterie de 3 905 mAh. En usage courant, nous avons eu du mal à dépasser la journée d’autonomie et notre impitoyable test mené dans notre Labo confirme notre impression mitigée, avec un temps de 7 h 09 seulement. Le Fairphone 4 est fourni sans bloc d’alimentation. Il accepte une puissance d’entrée de 20 W. Toujours dans notre Labo, il nous a fallu plus de deux heures pour une pleine charge. Là aussi, nous sommes loin des standards actuels.
Général
Dimensions & poids
Conclusion
Comme nous l’annoncions en préambule, si l’on jugeait le Fairphone 4 comme un smartphone standard, le bilan serait très moyen. En clair, il y a plus fin, plus rapide, plus autonome, plus doué en photo… pour bien moins cher. Mais choisir ce modèle, c’est s’engager pour la planète et se préoccuper de l’avenir, avec un smartphone plus éthique et écoresponsable qui obtient de très loin le meilleur indice.