En résumé
Le premier smartphone de Pocophone a certainement beaucoup à offrir pour son prix somme toute contenu. Assurément rapide grâce à son Snapdragon 845 épaulé par 6 Go de RAM et son modem 4G associé à des antennes peu directives, le F1 propose également un grand écran Full HD+ assez séduisant malgré un petit manque de contraste, et une encoche qu’il sera toutefois possible de masquer grâce à la surcouche MIUI for POCO. Celle-ci inclut d’ailleurs d’autres options intéressantes, et la reconnaissance faciale devrait s’y ajouter via une prochaine mise à jour. En attendant, le Pocophone F1 inclut tout de même un lecteur d’empreintes assez réactif, mais pas idéalement placé au dos. On y trouve également un bloc photo à double capteur de 12 et 5 mégapixels assez efficace bien qu’il manque de le porter au niveau des meilleurs photophones, une expérience audio de qualité via la prise jack comme sur haut-parleur ou encore une généreuse batterie de 4000 mAh lui assurant une autonomie des plus satisfaisantes. Seul le design, avec un châssis non-étanche et tout en plastique laissant aussi d’assez larges bordures autour de l’écran, est réellement regrettable, mais on lui pardonnera facilement compte tenu du prix.
Note technique
Les plus et les moins
- Autonomie très confortable
- Réactivité et fluidité
- Toute la richesse de MIUI avec un tiroir d'applications en plus
- Design plastique et non étanche
- Quelques problèmes de sensibilité en 4G
Détail des sous notes
Notre test détaillé
N’hésitant pas à invoquer le nom de sa maison mère Xiaomi pour rassurer sur son sérieux et son savoir-faire, Pocophone entend avec le F1 court-circuiter le marché de la téléphonie mobile en proposant un rapport qualité-prix défiant toute concurrence. Mais le “maître de la vitesse”, comme il l’a modestement surnommé, tient-il toutes ses promesses une fois en mains ? Réponse avec ce test complet.
Avant toute chose, commençons bien sûr par revenir sur l’équipement prometteur du Pocophone F1, pour ceux qui auraient manqué notre présentation complète. Le smartphone, livré sous Android Oreo affublé d’une version modifiée de la surcouche de Xiaomi – MIUI for POCO – présente à l’avant un grand écran Full HD+ avec encoche de 6,18 pouces. Au-dessus se trouve un module photo de 20 mégapixels qui, associé à un capteur et un émetteur infrarouge adjacent, pourra servir à déverrouiller le smartphone, également équipé d’un lecteur d’empreintes au dos. On y retrouve en outre un second module photo équipé cette fois de capteurs de 12 et 5 mégapixels.
À l’intérieur, le Pocophone F1 intègre le dernier chipset haut de gamme de Qualcomm – le Snapdragon 845 – épaulé par 6 Go de RAM, tandis que des capacités de 64 et 128 Go sont proposées pour le stockage, extensible via un port microSD dans les deux cas. Une batterie de 4000 mAh associée à un port USB-C pour la charge alimente l’ensemble, contenu dans un châssis de 155,5 x 75,3 x 8,8 mm dont la tranche présente également une prise jack 3,5 mm ainsi qu’un haut-parleur couplé à un double amplificateur “intelligent” et pouvant fonctionner avec le haut-parleur des appels pour offrir un rendu stéréo.
L’ergonomie et le design
Pocophone suit les tendances, mais pas toutes. Si l’on retrouve bien sur son premier smartphone un grand écran 19:9 dont la partie supérieure a été tronquée pour faire entrer le haut-parleur et les capteurs frontaux – alors même qu’une large bordure reste disponible au bas -, la marque délaisse les matériaux les plus utilisés aujourd’hui pour en habiller les autres faces, comme le verre. Il ne faudra pas espérer de métal non plus sur l’extérieur. Le Pocophone F1 arbore à la place du polycarbonate. Un choix que la marque se défend d’avoir fait pour des raisons purement économiques. Elle invoque à la place la fragilité des autres matériaux cités, et surtout du verre avec la presque obligation d’y associer une coque de protection qui en découle. Elle ajoute d’ailleurs avoir renforcé le châssis du smartphone, mais fournit tout de même une coque qui rassurera les plus angoissés.
Disons-le tout de suite. L’ensemble, même rehaussé d’une pointe de rouge au niveau du bloc photo arrière, manque de charme et il y a peu de chance que quelqu’un dévore le Pocophone F1 du regard. Inutile d’attendre une grosse surprise en main non plus, même si la préhension n’est pas désagréable pour autant. S’il est préférable d’avoir de grandes mains, les courbes du capot permettent une prise assez ferme et confortable et, surtout, le smartphone a effectivement l’air solide, aidé bien sûr par son poids somme toute conséquent de 180 grammes. L’épaisseur de 8,8 mm joue sans doute aussi, et elle a en plus permis à Pocophone d’intégrer facilement une prise jack à son smartphone alors que de plus en plus de smartphones font aujourd’hui l’impasse dessus.
On trouve également sur le F1 un emplacement microSD, que nous aurions toutefois préféré indépendant des emplacements SIM, ainsi qu’un lecteur d’empreinte plutôt à bonne hauteur bien qu’un peu trop près des appareils photo au dos. Bref, si le Pocophone F1 n’est certainement pas le plus joli des smartphones, il compense par une ergonomie satisfaisante, une connectique complète et sa capacité à prendre quelques coups sans broncher, même s’il fait l’impasse sur l’étanchéité.
L’écran
Pocophone propose au sein du F1 une dalle IPS à la diagonale de 6,18 pouces, et dont la bordure supérieure dessine une large encoche autour du haut-parleur des appels et des capteurs frontaux. Un détail qui ne sera certainement pas du goût de tout le monde, mais qu’une option disponible dans les Paramètres permet de masquer si besoin. La forme ne devrait donc pas poser problème, et l’on note pour le reste une qualité d’affichage satisfaisante. La définition de 2246 x 1080 pixels permet d’atteindre une densité de 402 pixels par pouce qui suffira dans la plupart des cas d’usage et Pocophone a en outre le mérite d’avoir très bien calibré les couleurs de la dalle. En dehors de menus écarts dans le rouge et le bleu, l’espace colorimétrique mesuré en Labo suit de près l’espace sRGB. En résulte un delta U’V’ moyen de 0,01 qui classe son premier smartphone parmi les meilleurs élèves en la matière.
Un peu moins bon en matière de contraste, avec une courbe de gamma un peu longue à décoller et des taux mesurés à 1515:1 et 318:5, l’écran du Pocophone F1 se maintient tout de même un peu au-dessus de la moyenne, et c’est également le cas pour la directivité. Sur une luminosité mesurée à 227 cd/m2 en face, 168 cd/m2 restent perceptibles dans un angle de 15°, soit suffisamment pour voir encore correctement les contenus affichés. On note en revanche une perte un peu plus rapide, et gênante, au-delà, et donc un écran qui oscille entre le très bon et le moyen. Ce qui n’est déjà pas si mal compte tenu du positionnement.
L’interface utilisateur
Le Pocophone F1 est livré avec Android 8.1 Oreo que Pocophone agrémente d’une surcouche baptisée MIUI for Poco. Comme le suggère son nom, elle est donc dérivée de la surcouche de Xiaomi, et s’en distingue essentiellement en proposant un tiroir d’applications, très peu utilisé en Chine mais beaucoup plus en Occident. Celui-ci se montre en plus assez riche, avec un système de classification automatique par thèmes et même par couleurs. La barre de recherche a par ailleurs été déplacée au bas pour en faciliter l’accès à une main. Un ajout très utile donc, et qui permettra évidemment aux habitués d’Android de retrouver facilement leurs repères, alors que les plus téméraires pourront tenter “l’Affichage Plein écran” pour suppléer la barre de navigation par des gestes et pouvoir profiter de toute la surface d’affichage.
C’est l’un des ajouts intéressants à trouver dans les Paramètres, mais il n’y a là rien de réellement nouveau puisque les smartphones Xiaomi proposent la même chose. On trouve également dans les deux cas la possibilité de créer un second espace indépendant, le verrouillage d’applications ou encore des réglages supplémentaires pour l’affichage. Une surcouche assez riche donc, et qui devrait d’ailleurs encore s’enrichir avec l’arrivée de la reconnaissance faciale par mise à jour, mais un peu plus accessible chez Pocophone que chez Xiaomi grâce au tiroir d’applications.
Les performances
Pocophone a décidé d’équiper son premier smartphone d’un Snapdragon 845. Une puce que l’on connaît bien, puisque c’est celle qui équipe la majorité des smartphones Android haut de gamme de cette année 2018. On retrouve donc un CPU octa-core basée sur l’architecture Kryo 385 de Qualcomm, avec une fréquence de 2,8 GHz pour les quatre cœurs les plus rapides et de 1,8 GHz pour les quatre autres, alors qu’un Adreno 630 se trouve en charge du traitement graphique. Le tout est accompagné de 6 Go de RAM, et même d’un système de refroidissement pour éviter les coups de chaud et les baisses de performances qui vont avec.
Soumis à notre test Javascript, le Pocophone F1 s’en sort bien, mais sans plus. S’il parvient à exécuter la première séquence, soit celle visant à simuler des processus très légers, en un temps raisonnable de 79 ms (13 fps), un fort ralentissement est à noter dès la seconde. Le temps d’exécution est presque doublé, passant à 151 ms (7 fps). La tendance se confirme avec les séquences Javascript les plus lourdes. Il aura fallu 226 et 316 ms pour qu’elles soient exécutées, soit des cadences de 4 et 3 fps.
En comparaison, le Xperia XZ2 de Sony, également équipé d’un Snapdragon 845, s’en sort mieux sur les trois premiers paliers tout en finissant lui aussi à 3 fps, alors qu’un Galaxy S9 sous Exynos 9810 ne descend pas sous les 4 fps. Le Pocophone F1 arrive donc légèrement derrière. Pour autant, nous n’avons pas relevé de ralentissements à l’usage. Les applications se lancent et se chargent rapidement, et la reprise est toute aussi réactive en multitâche. Le système de refroidissement est quant à lui plutôt efficace. Une légère chauffe se fait sentir sur la moitié supérieure du mobile lorsqu’il est lourdement et longuement sollicité, mais jamais celle-ci ne devient réellement gênante.
La photo et la vidéo
Le Pocophone F1 s’appuie pour la prise de vue sur un module à double capteur au dos. Le premier, de 12 mégapixels avec des photosites de 1,4 µm, est fourni par Sony (IMX363) et associé à une optique ouvrant à f/1.9 tandis que le second, fournit par Samsung, est limité à 5 mégapixels, mais ne sert qu’à améliorer les effets de profondeur en association au mode portrait.
Ce mode portrait fonctionne d’ailleurs assez bien, parvenant généralement à détourer correctement les sujets pour ne flouter que l’arrière-plan. Moins convaincante, l’intelligence artificielle entraînée pour reconnaître 206 scènes différentes afin d’optimiser les paramètres de prise de vue a tendance à pousser un peu trop la saturation des couleurs et dénaturer le résultat final même si ce n’est pas le cas à chaque fois. D’autres ont donc fait pire, comme Asus sur les derniers Zenfone, mais mieux vaut donc s’en passer pour être sûr d’obtenir des couleurs naturelles.
Colorimétrie mise à part, le Pocophone F1 livre généralement des clichés de qualité honorable, même s’il peine à rivaliser avec les meilleurs photophones. Une observation d’ailleurs confirmée dans notre Labo. En dehors d’aberrations chromatiques plus ou moins visibles, l’optique associée au capteur principal de 12 mégapixels ne cause que peu de problèmes et la qualité d’image est très bonne au centre des clichés. On ne peut toutefois pas en dire autant en périphérie, où des dégradations importantes peuvent même avoir lieu. Il ne faudra pas non plus espérer pouvoir effectuer des recadrages importants, et la grande taille des photosites ne suffit pas à maintenir de bonnes performances en basse luminosité. Le Pocophone F1 est loin d’être mauvais dans de telles circonstances, mais reste moyen en raison d’un lissage un peu trop poussif et altérant la restitution des détails les plus fins.
Dans sa catégorie de prix, peu de smartphones peuvent se targuer de faire mieux, et le smartphone apporte en plus avec cela quelques fonctions pratiques comme le redressage automatique des clichés pour ceux qui ont du mal à cadrer droit. Côté vidéo, la 4K est supportée avec une cadence maximale de 30 images par seconde alors que le smartphone peut monter jusqu’à 240 images par seconde en 1080p, pour créer des ralentis.
La caméra frontale de 20 mégapixels du Pocophone F1 se montre elle un peu moins convaincante, surtout au regard de sa résolution. On espérait évidemment plus en possibilité de recadrage. La qualité d’image est là aussi moins bonne en périphérie, mais tout de même très bonne au centre. Du moins lorsque la luminosité est bonne. Sans grande surprise, le capteur déçoit en effet lorsque la lumière baisse, et peine alors à restituer les détails. Notons pour finir que des aberrations chromatiques peuvent également apparaître dans les selfies.
Le rendu audio
Le Pocophone F1 s’en sort étonnamment bien sur la partie audio, même s’il n’échappe pas à l’éternel problème de restitution des graves sur haut-parleur. Les aigus ne sont pas vraiment à la fête non plus, mais les médiums sont bien représentés et, surtout, la puissance est tout bonnement excellente pour un smartphone. Pour 10 % de distorsion, notre micro placé à 50 cm a enregistré un niveau acoustique de 80 dB.
Pour l’écoute au casque, le smartphone dispose du Bluetooth 5.0 pour les modèles sans fil et d’une prise-mini jack pour les modèles filaires. Testée dans notre Labo, cette dernière se montre très satisfaisante, n’altérant que peu la qualité du signal lors de son passage. Distorsion et bruit se montrent discrets, et aucun problème de diaphonie n’est à déplorer. Le Pocophone F1 délivre en outre une bande passante très linéaire au travers de sa prise casque, ainsi qu’un niveau acoustique moyen de 64 dB et une tension de 107 mV à 1 kHz, 0 dB. Même les écouteurs fournis, en dehors d’une distorsion tout de même un peu gênante, se révèlent finalement assez corrects.
La qualité de réception (performances radio)
Profitant du modem intégré au Snapdragon 845, le Snapdragon X20, le Pocophone F1 se montre évidemment compatible avec les réseaux 4G, 3G et 2G. Autant de scénarios qu’il nous est possible de tester dans notre Labo. C’est donc ce que nous avons fait, avec des résultats parfois décevants à la clé, malgré une prestation très satisfaisante dans l’ensemble.
Le premier smartphone de Pocophone peine par exemple à offrir une connexion 4G de qualité en passant par la bande 7 (2600 MHz), pour laquelle il se montre à la fois peu sensible et très directif. Les débits mesurés se révèlent également moyens. Il s’en sort déjà mieux sur la bande des 1800 MHz, malgré une sensibilité toujours à la peine, mais il faudra passer par la bande des 800 MHz pour éviter les problèmes de réception. En 3G, le Pocophone F1 manque également de sensibilité, alors que c’est davantage la directivité qui risque de poser problème en 2G, sur la bande des 1800 MHz. Vous devriez néanmoins pouvoir passer des appels à peu près partout en 900 MHz.
L’autonomie
Le Pocophone F1 est alimenté par une batterie plutôt conséquente de 4000 mAh, et cela se ressent sur notre test d’endurance. Le smartphone s’est en moyenne éteint après 10 heures et 41 minutes de navigation web. Une excellente performance puisque peu de modèles dépassent la dizaine d’heures. Au quotidien, la batterie du Pocophone F1 devrait permettre de tenir entre un jour et demi et deux avant qu’il ne soit nécessaire de le recharger, et il faudra en moyenne prévoir un peu plus de 2 heures de temps pour passer de 0 à 100 %.
Conclusion
Le premier smartphone de Pocophone a certainement beaucoup à offrir pour son prix somme toute contenu. Assurément rapide grâce à son Snapdragon 845 épaulé par 6 Go de RAM et son modem 4G associé à des antennes peu directives, le F1 propose également un grand écran Full HD+ assez séduisant malgré un petit manque de contraste, et une encoche qu’il sera toutefois possible de masquer grâce à la surcouche MIUI for POCO. Celle-ci inclut d’ailleurs d’autres options intéressantes, et la reconnaissance faciale devrait s’y ajouter via une prochaine mise à jour. En attendant, le Pocophone F1 inclut tout de même un lecteur d’empreintes assez réactif, mais pas idéalement placé au dos. On y trouve également un bloc photo à double capteur de 12 et 5 mégapixels assez efficace bien qu’il manque de le porter au niveau des meilleurs photophones, une expérience audio de qualité via la prise jack comme sur haut-parleur ou encore une généreuse batterie de 4000 mAh lui assurant une autonomie des plus satisfaisantes. Seul le design, avec un châssis non-étanche et tout en plastique laissant aussi d’assez larges bordures autour de l’écran, est réellement regrettable, mais on lui pardonnera facilement compte tenu du prix.