Pour préparer vos bagages, je vous partage la suite de mes lectures indispensables à emporter. On continue avec mes coups de cœur polar et science-fiction. Une intrigue captivante ou une atmosphère mystérieuse, que demander de plus pour s’évader ?
Les Mains vides – Valerio Varesi (Points)
Le corps d’un homme est retrouvé dans un appartement cossu du centre de Parme. Issu d’une riche famille de commerçants, Francesco Galluzzo a-t-il été battu à mort pour son argent ou du fait de son homosexualité ? Mais pour le flegmatique commissaire Soneri, les apparences sont souvent trompeuses, et rien ne saurait le dévier de sa recherche de la vérité, pas même sa hiérarchie trop pressée. C’est sur un rythme lent et délicat que Valerio Varesi installe sa nouvelle enquête. La résolution de l’affaire n’est peut-être pas l’objectif premier. C’est un prétexte pour nous emmener sur les chemins de l’histoire italienne.
Comme son titre original l’indique « A mani vuote », Les Mains vides, fait référence à la célèbre opération judiciaire contre la mafia italienne « Mani pulite » (mains propres). L’auteur nous invite à une véritable traversée politique et sociale de son pays au travers des thèmes de la perte de valeurs et de la lutte pour les droits humains.
Plus qu’un roman policier, Les Mains Vides est un excellent roman noir à l’atmosphère envoûtante et qui donne envie de découvrir la série complète. Sept tomes sont déjà disponibles au format poche.
Chaque serment que tu brises – Peter Swanson (Totem)
Abigail convole en justes noces avec un jeune et beau milliardaire qui décide de l’emmener pour leur lune de miel sur une île isolée de tout. Mais une succession d’événements troublants risque de transformer l’idylle en enfer.
Si vous cherchez des romans policiers à l’intrigue bien ficelée, vous avez trouvé votre maître avec Peter Swanson.
Dans la grande tradition du polar psychologique haletant aux références hitchcockiennes assumées, Chaque serment que tu brises est un suspense insoutenable doublé d’une pirouette habile sur la condition des femmes. Inutile de résister, vous ne pourrez pas le refermer avant de l’avoir terminé.
Le Silence – Dennis Lehane (Totem)
À partir du combat d’une mère pour retrouver sa fille à Boston en 1973, Dennis Lehane expose les conflits ethniques et sociaux qui gangrènent l’Amérique. L’épopée noire d’une société qui n’en a pas fini avec ses démons. Dialogues de haut vol et narration parfaite. distinguent ce grand cru de l’auteur de Shutter Island ou Mystic River.
Ce qui fait de ce roman un chef-d’oeuvre est qu’il mêle parfaitement les intrigues psychologiques, raciales et sociales. Le lecteur peut être autant effaré devant le racisme décomplexé de Mary-Pat que vibrer avec elle à la recherche de sa fille. Le coup de maître est assuré par le doute qui lentement s’insinue partout. Un doute pour tenter de combler un silence insupportable et qui ne peut conduire qu’à la rage. La rage de savoir, de survivre ou de se venger.
Un final explosif et une narration à laquelle vous ne pourrez résister. Âpre mais aussi empreint de tendresse envers le genre humain, Le Silence est de ces romans qui vous marquent et que l’on n’oublie pas.
De sang-froid – Truman Capote (Folio)
La maîtrise du récit impressionne ici par sa reconstitution des faits aussi méthodique que romanesque. Grâce à son analyse psychologique poussée, Truman Capote nous attrape pour ne plus nous lâcher. Un meurtre sordide qui fait entrer la non-fiction dans la littérature. Un roman culte.
En publiant en 1966 De sang-froid, l’écrivain américain marque un grand coup dans l’histoire du polar faisant de son roman un classique dès sa sortie. Son enquête très documentée sur un quadruple meurtre dans la ville de Holcomb au Kansas lui apportera fortune et prospérité. Une reconnaissance internationale sûrement due à son implication personnelle.
Sous-titré « Récit véridique d’un meurtre multiple et de ses conséquences », l’auteur réussit à faire entrer le lecteur dans la tête de monstres. Ce qui marquera son public durablement, mais aussi l’auteur lui-même du fait de la relation particulière qu’il avait engagé avec les deux criminels.
Par ce récit littéraire non-fictionnel, l’écrivain impose un style nouveau et les prémices d’un nouveau genre qu’on appelle aujourd’hui le « true crime ».
Avant les Diamants – Dominique Maisons (Points)
Une superproduction machiavélique sur l’âge d’or des studios d’Hollywood en 1953. Sur fond de guerre froide, l’armée, la mafia et le cinéma semblent mener le même combat. Tous pour l’American dream… et l’arme nucléaire.
Dans Avant les Diamants, peu importe les conséquences pourvu qu’on soit riche et célèbre : « La célébrité est la seule valeur marchande qui compte dans cette ville de pacotille ».
Dominique Maisons décortique le mythe hollywoodien et nous tient jusqu’à la fin dans ce roman noir d’une puissance atomique.
Les Voleurs d’innocence – Sarai Walker (Totem)
Roman d’ambiance à l’atmosphère gothique parfaitement maîtrisée sur laquelle plane l’ombre d’un mystère inquiétant, Les Voleurs d’innocence est d’une attraction irrésistible. Un mal inconnu frappe les femmes d’une riche famille américaine. Conte maléfique ou ode féministe ? Tout semble normal mais rien ne l’est vraiment. Sauf l’enchantement à lire ce roman fascinant.
La famille Chapel a construit sa fortune avec les armes à feu. Père de six filles, le patriarche et chef d’entreprise s’occupe peu de la vie de ses enfants. La mère de famille erre sans but dans les couloirs de l’immense demeure victorienne, quand elle ne remplit pas le manoir de ses hurlements de terreur nocturnes. Une femme seulement apaisée par son jardin et l’étude de la botanique. Toutes ses filles portent d’ailleurs un prénom de fleur : Aster, Rosalind, Calla, Daphne, Iris et Hazel.
Attention nous ne sommes pas ici dans un conte de fées, ni même un conte maléfique, mais peut-être un peu entre les deux. Très vite, on s’aperçoit que quelque chose ne tourne pas rond dans cette maison. Une malédiction étrange semble frapper les Chapel. À peine mariées, les deux aînées meurent subitement.
Inspirée par la vie de Sarah Winchester, veuve du fabricant d’armes dont la maison était paraît-il hantée, des peintures florales de Georgia O’Keefe ou des poèmes mélancoliques d’Emily Dickinson, l’écriture de Sarai Walker exerce à coup sûr une fascination dont il est très difficile de se détacher.
2034 – Elliott Ackerman et James Stavidris (Totem)
Écrit à quatre mains par un ancien marine et un ex-amiral, commandant suprême de l’OTAN, 2034 est un roman d’anticipation géopolitique qui nous projette 10 ans plus tard dans un monde qui n’est pas franchement meilleur que celui d’aujourd’hui.
La grande force de ce thriller politique est la crédibilité de ses perspectives alliée à une puissante force d’évocation. Même si les thèmes de l’espionnage et du militaire prennent beaucoup de place, les personnages sont aussi très bien construits. Elliott Ackerman et James Stavidris ont écrit un grand roman grâce à des profils attachants et un rythme échevelé qui nous tient en haleine jusqu’au dénouement.
Une suite intitulée 2054 vient de sortir en grand format. Plus tard devrait paraître 2074. A suivre donc !
La Horde du Contrevent – Alain Damasio (Folio)
La 34e Horde est prête à remonter la zone de Contre jusque là où personne n’est jamais allé : la source du vent qui balaie la terre connue de ses bourrasques.
Nous ne savons pas vraiment sur quelle planète nous nous trouvons, ni à quelle époque se situe l’action. Plus qu’une aventure, La Horde du Contrevent est un univers entier d’une richesse littéraire rare.
L’inventivité du langage et le rythme imprimé par Alain Damasio en font un roman essentiel de la littérature de l’imaginaire d’une grande beauté, comme un poème à l’humanité. Lien, mouvement et nécessité d’être : « Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents ». Une lecture quasi mystique à découvrir sans tarder.
