Les BD à lire dans sa vie : la sélection des membres du Forum des Lecteurs

Les grands classiques

@Yza29 se rappelle que, plus jeune, ses BD favorites se trouvaient dans les rangs du comique et de l’aventure. Elle grandit ainsi auprès de Spirou, Tintin, Les Dingodossiers, Les Tuniques Bleues, Lucky Luke, Le scrameustache, Les schtroumpfs, Gaston Lagaffe, Rantamplan, Clifton, Ric hochet, Kid ordinn, Boule et Bill, Cubitus, Léonard… Mais s’il fallait n’en retenir que deux, elle axe néanmoins son choix sur la série Astérix (pour ses références amusantes) et Philémon (pour son univers surréaliste).

Il est évident qu’@Yza29 n’est pas la seule à valider les Astérix et nous retrouvons @cachou qui rejoint la tendance : « Pourquoi ? me direz-vous ! Eh bien tout simplement parce qu’Astérix, c’est un texte plein d’humour, de jeux de mots. Même après plusieurs lectures, je ne m’en lasse pas et je les redécouvre à chaque fois. Puis, il y a aussi les dessins colorés et pleins de détails. » Un engouement certain, malgré tout terni depuis la reprise des aventures par d’autres auteurs.

Avis également partagé par @McLanbass : « Oublions ici les suites, on regrette cette fois (contrairement à Blake et Mortimer) qu’elles existent et viennent ternir l’œuvre d’origine. Car Uderzo et Goscinny ont créé un chef-d’œuvre d’humour et de plaisir narratif adapté à tous les âges. En termes de relecture, je crois qu’on tient ici ma saga la plus usée ! Si je devais en retenir 3 sur une île déserte (impossible d’en sélectionner moins j’avoue…), je dirais Obélix et Compagnie, Le Domaine des Dieux et La Zizanie ».

L’intérêt d’@Yza29 se porte également sur Quino : « Tout, pas seulement Mafalda ». Parce que ses dessins sont toujours drôles et engagés. Même avis sur Jim Davis, « le papa de Garfield, [un] félin que je trouvais désopilant en dépit de sa paresse et de son côté odieux. » 

@cachou ajoute à notre liste la série L’Épervier que les dessins attirent énormément : « Je les trouve magnifiques. » Quant à l’histoire, elle s’enracine dans une grande aventure historique du XVIIIe siècle : « une seule envie nous taraude à la fin d’un tome : continuer l’aventure dans le prochain. »

Pour @Melice, les débuts dans les BD ont commencé en lisant celles de son père, sur l’étagère du salon. Ainsi sont passés dans son radar de grands classiques comme Pierre Tombal, Gaston Lagaffe, Léonard, Les Femmes en blanc.

D’ailleurs, Gaston Lagaffe, @McLanbass nous en a très bien parlé en ces mots : « Ah ce doux rêveur… Merci Franquin de m’avoir, sans que je le sache, initié à la rêverie et à une vision de la vie aussi optimiste. Gaston, c’est une certaine idée du bonheur, simple et poétique, cachée derrière la figure ultime du flemmard. Et c’est écolo avant l’heure, alors chapeau l’artiste ! »

Il nous conseille également l’incontournable série BD Blake et Mortimer. « L’aventure avec un grand A, de la SF, de l’histoire, de l’enquête, de l’action… Et EP Jacobs a eu la brillante idée de laisser son œuvre lui survivre en autorisant les suites, puisque la plupart des tandems qui ont repris la série s’en sortent vraiment bien. Et Olrik est clairement le meilleur méchant de l’histoire de la bande dessinée ! »

On peut aussi nommer Blueberry avec « le dessin parfait de Giraud, une intrigue au long cours, le Grand Ouest américain », et plus spécifiquement Le Spectre aux balles d’or ; Lanfeust de Troy : « ma petite madeleine de Proust, la saga heroic fantasy pour jeunes par excellence. On a tous été amoureux de Cixi ! Non ??? L’univers créé par Arleston et Tarquin est un vrai régal, j’avoue être moins fan des suites. »

(Petite disgression car cette BD est dans le même style : La Quête de l’Oiseau et du Temps de Loisel et Le Tendre « que je considère aujourd’hui comme meilleur que Lanfeust (mais chut, la nostalgie m’oblige à le taire…) ».)

Nous retrouvons aussi Les Tuniques Bleues où l’on plonge pleinement dans la guerre de Sécession, accompagnés d’un duo « aussi drôle qu’incapable »… Ce qui en dit déjà long ! « L’environnement historique ajoute à la BD de Cauvin et Lambil un fond réaliste parfait pour multiplier les aventures de Blutch et Chesterfield. Et la relation d’amour-haine entre le caporal et le sergent, opposés en tout point mais qui sont obligés de se soutenir au quotidien, donne une dimension attachante à cette saga. Je retiendrai surtout Des Bleus en Noir et Blanc, Blue Retro, Bull Run et Vertes Années.

Bien sûr, impossible non plus de ne pas citer le célèbre cow-boy Lucky Luke : « Un vrai régal de narration et une plongée dans le far-west aussi bien documentée qu’elle est drôle, grâce aussi à la ribambelle de personnages secondaires récurrents tous plus idiots les uns que les autres. Je citerai dans mes préférés La Diligence, Billy the Kid, Le Bandit Manchot et Le Fil qui chante. »

On retiendra également Spirou, Iznogoud, Johan et Pirlouit, Kid Paddle, XIII… Et tant d’autres, comme nous le rappelle si bien @McLanbass.

« Monstre du neuvième art, grand maître de la narration, auteur d’albums incontournables, pour les anciennes générations comme pour les nouvelles… », arrêtons-nous sur Hergé !

Pour @Fianso, « il faut relire Le Temple du Soleil, les crachats du lama, les insultes du capitaine Haddock, le confinement des deux héros, les farces des Dupond et Dupont, l’égarement du professeur Tournesol… »

Pour @Pyxide, il est également impossible de ne pas citer dans son entièreté Les Aventures de Tintin : « il est pour moi inconcevable de citer une autre série de bande dessinée à avoir lu au cours de sa vie. Je pense qu’il s’agit pour moi d’une série qui a su traverser les époques et qui est adaptée à tous les âges. On peut leur reprocher certains éléments qui sont selon moi justifiés comme le manque flagrant de femmes, le racisme ignorant de l’époque des premiers tomes, le manque cruel de défauts de Tintin, etc. Mais personnellement, Tintin a pour moi cet effet très « feel-good » qui me rappelle mon enfance et je ne cesserais jamais de m’émerveiller devant les dessins, des paysages plus particulièrement, qui invitent les lecteurs de tout âge à voyager par la lecture. »

Ce plaisir, @McLanbass le ressent aussi, prenant de plus en plus de joie à le lire en vieillissant. Son péché mignon ? Objectif Lune, Le Trésor de Rackham le rouge, Le Temple du Soleil).

De l’aventure, de l’amour, et… du gothique

@Valentin nous conseille la série BD Bone de Jeff Smith : « une superbe aventure dans un monde peuplé de dragons, de créatures inquiétantes et des 3 cousins Bone. Une histoire simple mais attachante, drôle, fantastique, accessible à tous. Tous les personnages sont intéressants, plein de vie. Il y a des scènes prenantes, des scènes drôles et chose rare pour un comics, un début et une vraie fin. Si vous aimez l’héroïc fantasy et l’aventure, plongez dans Bone. »

Amateurs de littérature et culture française, De Cape et de Crocs est certainement la bande dessinée à lire, selon @Jano. « Les deux auteurs [Alain Ayroles et Masbou] au talent fou savent manier l’humour et la verve autant que le dessin et la couleur. Cette série composée de 12 tomes (référence à l’alexandrin) est sans nul doute la série plus aboutie que je n’ai lu. Partants dans une mystérieuse chasse au trésor, les héros rencontrent de nouvelles cultures qui font réfléchir sur notre manière actuelle de penser. L’aventure est captivante, les personnages attachants et l’univers…extraordinaire ! Cette bande dessinée fait réellement l’éloge du beau. Vous pourrez la relire autant de fois que vous voudrez, il y’a toujours des passages ou références qui vous échapperons et que vous découvrirez. Tant pour les jeunes que les moins jeunes, tout bdéphile qui se respecte se doit de lire ces merveilleux ouvrages. »

Est-ce que ça vous a convaincu ? Parce que moi, oui !

Prix BD Fnac 2015, Un océan d’amour de Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione n’est, pour @Cat, rien d’autre qu’une « BD à s’offrir, à offrir », sans texte et seulement composée de dessins d’une « rare intensité ».

Avec le temps passé, c’est un nouveau regard que porte @Pyxide sur la bande dessinée : « Je veux me concentrer sur les dessins, m’évader grâce à cet élément essentiel d’une bande dessinée. La découverte des romans graphique a pour moi été une grande révélation et fait désormais partie de mes genres préférés. » Tout d’abord, il y a des BD gothiques dont celles de Georges Bess : Dracula et Frankenstein « avec des dessins grandioses tout en noir et blanc, qui s’adaptent parfaitement au ton de ces récits. »

Puis il y a aussi Malgré tout de Jordi Lafebre, « une histoire touchante au format peu conventionnel » sur fond d’un amour à rebours.

Emma G. Wildford de Zidrou et Edith « est une authentique invitation au voyage et une délicate pépite, raffinée et élégante. L’histoire est délicieuse, à l’image de son héroïne. Emma est une jeune anglaise cultivée de l’après première guerre mondiale, intrépide, attachante et terriblement moderne. La BD, somptueux livre-écrin, presque objet de luxe, s’ouvre comme un coffre-fort avec trois petites surprises glissées entre les pages. Ludique, poétique et captivant. Tous les ingrédients nécessaires pour un joli moment. » nous raconte @butineries. De quoi donner envie de se lancer dans cette belle aventure, en quête de l’autre pour mieux se trouver soi-même.

À coup d’humour

Et si on commençait par un classique de l’humour à plume jaune ? À fond le slip (comprendra qui pourra) ! Je parle de Titeuf, voyons !

Série incontournable qu’il est impossible « de ne pas citer la mèche la plus célèbre de la bande dessinée. » comme le dit si bien @McLanbass : 

« Zep crée un chef d’œuvre sur l’enfance, le rapport à l’imaginaire, à l’éducation, à l’apprentissage du monde adulte… Avec une ribambelle de personnages attachants et un humour qui parle à tout le monde, j’avoue m’y replonger régulièrement avec plaisir. Que Titeuf ne vieillisse jamais ! »

Pour allez voir sa bédéthèque idéale : Interview : La bédéthèque idéale de Fabcaro

Parce que j’ai une très belle collection de BD toutes plus marrantes (et absurdes) les unes que les autres, je me permets d’en ajouter encore deux autres à cette sélection : Faut pas prendre les cons pour des gens (tome 1, surtout !), et Le Problème avec les femmes.

Des BD qui font réfléchir

Vous détestez les préjugés ? Vous voulez casser les codes et prouver que les femmes peuvent faire ce qu’elles veulent : guerrière, journaliste d’investigation, reine des bandits, impératrice… ? La série des Culottées de Pénélope Bagieu est faite pour vous ! D’ailleurs, @Cheshire est bien de cet avis aussi : « Culottées ou comment redonner un peu de place aux oubliées de l’Histoire ! On ne lit pas Culottées, on s’y promène. De biographie en biographie, on sourit, on pleure, mais surtout on apprend ! Ces femmes aux parcours hors du commun nous font traverser les époques en nous embarquant dans différents pays. Leur point commun : la lutte pour être entendues. Grâce à cet ouvrage, on se plonge avec fascination dans ces histoires qui ont fait l’Histoire. L’humour y est distillé avec efficacité par Pénélope Bagieu, et l’esthétisme épuré des dessins met formidablement en valeur le récit fabuleux de ces drôles de dames. »

Pour aller voir sa bédéthèque idéale : Interview : La bédéthèque idéale de Pénélope Bagieu

Pour continuer sur la veine du féminisme, @Fianso nous propose l’histoire d’Anaïs Nin racontée et dessinée par Léonie Bischoff : « un objet résolument unique et farouchement féminin. Il faut découvrir aussi ces merveilles de dessins crayonnés, ces planches vibrantes, cette femme double, douce et orageuse. »

Autre incontournable, en livre comme en BD : Le Journal d’Anne Frank, façonné par Ari Folman et David Polonsky. Conseillé par @Lucile, celle-ci nous le décrit comme un bijou. « Même en connaissant l’histoire (tragique) de cette figure enfantine emblématique du déportement des Juifs vers les camps de concentration, ce roman graphique reste, selon moi, un incontournable. Les illustrations sont splendides et justes, les écrits, repris directement du véritable journal d’Anne Frank, poignants. Accessible aux enfants comme aux plus grands, cette BD est un véritable must-have qui permet de se replonger dans cette macabre tragédie, ici représentée en couleur, différent de l’image sombre qu’on peut s’en faire. »

Tournons-nous  aussi du côté de la catastrophe écologique et du crash informatique avec @Yza29 et Bug, une série où Enki Bilal s’est penché sur ces problématiques contemporaines bien précises. Un beau choix qui vient souligner l’intensité du scénario, ses touches de respirations par l’humour et des dessins fabuleux.

Reco de @Melice, qui a pu remporter (grâce à un challenge sur le Forum des Lecteurs) l’album du Prix BD Fnac-France Inter de l’année, 1984 de Xavier Coste : « Sublime et que je recommande ! »

Pour en savoir + : 1984 par Xavier Coste : un album honoré du Prix BD Fnac – France Inter 2022

@Pyxide tourne notre attention sur Jonathan Kunz et Elizabeth Pich avec Des sorcières et des hommes : « Internet et Instagram ont donné naissance à de nombreux auteurs de bandes dessinées de quelques cases seulement, souvent très drôles et parfaitement adaptées au format numérique. Je citerais en guise d’exemple War and Peas d’Elizabeth Pich et Jonathan Kunz, à l’humour noir abordant des sujets variés, du féminisme à l’écologie en passant par la technologie. »

Ne pas nommer Maus dans les BD qui sont marquantes et qui font réfléchir, ce serait comme nier que la Terre est ronde (je me permets quelques excentricités syntaxiques) !

Difficile d’en parler et de trouver les bons mots la concernant. Je suis donc ravie de passer ce flambeau à @McLanbass qui se dépatouille d’ailleurs très bien : « Art Spiegelman a créé l’œuvre d’une vie, la sienne et celle de son père, survivant d’Auschwitz. Impossible de mettre des mots sur ce que j’ai ressenti la première fois que je l’ai lu, mais j’en suis sorti changé et j’ai dû depuis relire ces deux tomes une bonne dizaine de fois sans jamais m’en lasser. L’œuvre va au-delà du témoignage sur la Shoah, c’est aussi une mise en abyme de la démarche de création et une analyse très profonde de sa relation avec son père, de l’impact que la guerre a eu sur sa famille, de l’héritage si complexe qu’ont à porter les survivants et leur descendance… Je recommande l’album Metamaus, sorti pour les 20 ans de la BD. Le très long entretien d’Art Spiegelman ainsi que les nombreux dessins d’archives et extraits des discussions avec son père offrent un nouveau regard sur cette pépite ultime. »

Nous pouvons également citer Persepolis qui brille aussi par son adaptation en long métrage d’animation, « encore un témoignage passionnant avec un style graphique très original. Marjane Satrapi nous embarque totalement dans son histoire, en ayant la capacité de nous transmettre à travers son autobiographie une réflexion profonde sur l’exil, le rapport à son pays d’origine, la construction identitaire qui en découle. Une saga géniale que vous pouvez aussi découvrir en film (réalisé par l’autrice elle-même !), et qui me donne l’occasion de citer un chef d’œuvre actuel qui lui ressemble sur beaucoup de plans : L’Arabe du futur, de Riad Sattouf. »

@McLanbass nous parle aussi de Peter Pan qui, vu sous le prisme du regard adulte apporte quelque chose de nouveau, et Loisel le fait très (très) bien ! « La revisite de l’histoire du gamin qui ne veut pas vieillir par Loisel nous plonge dans un Londres crasseux, puant, où les adultes constituent une menace pesante et dangereuse sur le monde de l’enfance. Pourtant, le pays imaginaire où Peter réussit à se réfugier n’est pas moins dangereux. Bref, une réinterprétation adulte et flamboyante de Peter Pan qui se lit avec délectation ! »

Enfin, il nous propose la lecture de Silence de Comès. « Alors là, gare à l’ovni. Cette BD culte de Comès nous plonge dans un petit village des Ardennes, où on suit Silence, jeune homme muet et simplet sous la coupe d’un riche agriculteur. Je ne l’ai pas lu depuis longtemps et rien que d’en parler j’ai envie de m’y replonger, je me souviens vaguement d’une sorcière aveugle, d’un magnifique univers en noir et blanc, d’une ambiance mystérieuse à la limite du fantastique… Bref je sais que cette bande dessinée a eu un énorme impact sur mon imaginaire dans ma jeunesse. »

Pour finir, jetez un oeil à ces quelques autres BD :  L’Autoroute du soleil de Baru ; Léon la Came de Chomet et De Crécy ; Idées Noires de Franquin ; Le Grand pouvoir de Chnikel, Rosinski et Van Hamme ; Le Combat ordinaire de Larcenet ; Le Photographe de Guibert, Lefèvre et Lemercier (OUI) ; Gros déguelasse de Reiser (si vous aimez philosopher en slip kangourou) ; Le Vagabond des Limbes de Godard et Ribéra ; Théodore Poussin de Frank Le Gall.