Le top des meilleurs films de Steven Spielberg

Duel

1971

Bien des réalisateurs auraient traité le sujet en simple commande, mais le jeune Steven Spielberg, 25 ans, va frapper un grand coup avec Duel, chasse à l’homme mortelle où un camionneur tente de tuer sur la route un pauvre homme (Dennis Weaver) n’ayant rien demandé. Fan de La Quatrième Dimension – dont il réalisera un segment du film adapté – Steven Spielberg comprend tout le danger et le suspense provenant d’un dérèglement anormal de la réalité, marque de fabrique du scénariste du film Richard Matheson, pilier de la série 60’s. Mise en scène nerveuse, cadrage impeccable, montage serré, Duel réussit son exercice de style (filmer 90 minutes de pure poursuite) et élève l’art du téléfilm à un tel point qu’il sortira en salles. Un miracle de cinéma et la naissance officielle d’une légende.

Les dents de la mer

1975

Naissance officielle du blockbuster (d’été), Les Dents de la mer dénote tout l’art de Steven Spielberg à faire monter le suspense en retardant l’apparition du requin tueur le plus tard possible. Malgré un tournage éprouvant et un animal en animatronique défaillant, la tension horrifique des Dents de la mer éclate dès l’intro et ne lâche plus jusqu’aux dernières minutes. Le film est ponctué par l’iconique ostinato sur 2 notes composé par John Williams, le compositeur désormais attitré de Spielberg, motif imitant avec une simplicité efficace les mâchoires (Jaws, comme le titre original) meurtrières. Le succès mérité de ce thriller d’horreur aura pour conséquence de vider les plages américaines pendant l’été de la sortie ! Et d’engendrer 3 sequels à intérêt variable.

Rencontres du troisième type

1977

Premier volet de la « tétralogie extra-terrestre » de Steven Spielberg (suivie par E.T., La guerre des mondes et le chef-d’œuvre méconnu qu’est la série Disparition), Rencontres du troisième type prend le contrepied des films à base d’attaques extra-terrestres de l’époque. Centré sur les humains, leurs questionnements et leurs croyances ébranlées par l’arrivée de visiteurs d’outre-monde, Rencontre du troisième type est un des films les plus subtilement émouvants de Spielberg, qui remanie pour l’occasion le scénario de Firelight, son 1er long métrage (perdu). Le film est notamment parcouru par l’entêtant motif de cinq notes de John Williams. Spielberg profite de l’occasion pour caster le réalisateur François Truffaut, dont il est fan, dans un des rôles principaux.

1941

1979

Unique comédie de Steven Spielberg, 1941 fut une déception à l’époque. Le film part dans tous les sens mais c’est ce chaos jouissif qui donne toute sa sève à ce film de guerre parodique, écrit par les scénaristes de Retour vers le futur, Robert Zemeckis et Bob Gale. Ici, point de patriotisme ronflant, l’armée américaine en prend pour son grade dans 1941, relecture allumée des jours ayant suivi Pearl Harbor, à l’image de la jubilante marche parodique mitonnée par Williams. Bien servie par un cast étoilé : Dan Ackroyd, John Belushi, Toshiro Mifune, Christopher Lee… cette pochade est si irrévérencieuse que John Wayne a (sans succès) dissuadé Spielberg de le réaliser !

Saga Indiana Jones

1981, 1984, 1989, 2008, 2023

On ne présente plus Indiana Jones, le plus célèbre des archéologues à l’écran, créé par Spielberg et George Lucas. En 4 (bientôt 5) aventures, l’explorateur incarné par Harrison Ford a fait le tour du monde, affronté des adversaires plus grands que la vie, vaincu des malédictions ancestrales, aura chaviré les cœurs et franchi les épreuves les plus diaboliques dans une ambiance dépaysante et drôle. Symbole d’une Amérique triomphante, Indiana Jones a bien entendu un thème à sa mesure – signé une fois encore Williams – reconnaissable entre mille à son dactyle rythmique initial.

E.T., L’extra-terrestre

1982

Malgré l’accusation de plagiat pour toujours irrésolue (Spielberg a-t-il volé un scénario de Satyajit Ray ?), E.T., L’extra-terrestre est un triomphe absolu d’émotion où Steven Spielberg exorcise la solitude qu’il a éprouvé sur ses récents tournages, mais aussi adolescent après le divorce de ses parents. L’amitié intemporelle entre un petit garçon et un alien échoué sur Terre est toujours aussi resplendissante, grâce à la réalisation tour à tour spectaculaire et intime de Spielberg et au scénario d’une justesse absolue écrit par Melissa Mathison (Mme Harrison Ford pendant 20 ans). E.T., l’extra-terrestre est un film quintessenciel pour la jeunesse et pour ceux qui retrouvent leur âme d’enfant devant la féérie des images et de la musique, l’une des plus magnifiques de Williams.

La couleur pourpre

1985

Le « Roi du divertissement » surprend tout le monde en 1985 avec son adaptation de La Couleur Pourpre. Steven Spielberg renonce à la SF et l’aventure et se saisit du terrible best-seller d’Alice Walker : violences brutes, racisme, esclavage, pédophilie, mémoire afro-américaine… Grâce à l’adaptation tout en nuances de Menno Meyjes (transfuge de la série de Spielberg Histoires fantastiques), Spielberg produit un film certes « hollywoodien » mais convaincu. La stand-upeuse Whoopi Goldberg devient célèbre du jour au lendemain pour ce rôle à contre-emploi. La Couleur pourpre n’a pas toujours l’intensité du roman mais elle montre toute la brillante versatilité de Spielberg.

Hook ou la Revanche du capitaine Crochet

1991

Un cinéaste aussi obsédé par l’enfance que Steven Spielberg ne pouvait pas éviter de se confronter au classique de James Barrie : Peter Pan. Dans une acception méta, Spielberg imagine dans Hook un Barrie (Robin Williams) ayant perdu son âme d’enfant. Il va devoir la retrouver pour revenir à Neverland et sauver ses enfants des griffes du Capitaine Crochet (Hook, joué par Dustin Hoffman). Bondissant, épique, aventureux, Hook est encore mal-aimé. Pourtant, à chaque plan se voit la magique empreinte de John Williams et Spielberg, cinéaste pour qui l’imaginaire a autant si ce n’est plus d’importance que la réalité.

Jurassic Park

1993

Le roi des concepts brillants Michael Crichton a frappé fort avec Jurassic Park, roman narrant la lutte entre l’Homme et le Dinosaure ressuscité par la technologie. Il n’en fallait pas plus pour que Spielberg et le brillant scénariste David Koepp se saisissent de l’adaptation. Ils en font un pur plaisir de cinéma, riche en scènes d’anthologie, en visions chocs mais aussi d’inoubliables moments de grâce. Le public en est muet d’admiration, sentiment amplifié par le thème sublime de John Williams. Jurassic Park demeure le 1^er volet mythique d’une des plus impressionnantes franchises hollywoodiennes. Crichton et Spielberg rempileront l’année suivante pour une série appelée à devenir une référence absolue dans son genre : Urgences (15 saisons !).

La Liste de Schindler

1993

Souvent considéré comme LE chef-d’œuvre de Spielberg, La Liste de Schindler voit le cinéaste devant l’un des sujets les plus lourds de l’humanité : l’Holocauste. Le point de vue est autant celui des victimes que celui de l’histoire vraie d’Oskar Schindler (Liam Neeson dans son plus beau rôle), officier nazi qui se rebella contre le massacre en tentant de sauver le plus d’innocents des camps de la mort. Sur un scénario extraordinaire de Steven Zaillian, Spielberg, juif lui-même, déverse les émotions les plus violentes, de la terreur à l’espoir en passant par le chagrin et la rédemption. Œuvre éminemment personnelle (Spielberg renonça à y toucher le moindre salaire), La Liste de Schindler demeure bien un phare d’humanisme au milieu de la barbarie. Un film porté à de célestes hauteurs quand retentit le déchirant solo de violon composé par John Williams, sans doute l’une des plus inoubliables musiques de film au monde.

Il faut sauver le soldat Ryan

1998

Film de guerre dense et âpre, Il faut sauver le soldat Ryan vaut moins pour son histoire-prétexte (une armée envoyée pour secourir un soldat prisonnier) que pour son esthétique révolutionnaire du genre : caméra à l’épaule, angles serrés, photo désaturée… l’héroïsme patriotique est certes là dans Il faut sauver le soldat Ryan, mais ce que Spielberg capte avant tout dans l’impitoyable scénario de Robert Rodat (qui collaborera une autre fois avec Spielberg pour la série Falling Skies), ce sont les horreurs, le ravage des boucheries de la Seconde Guerre Mondiale et la saisissante description des syndromes post-traumatiques des soldats. Les cauchemardesques vingt premières minutes demeurent un modèle du genre. De la rencontre de Spielberg avec Tom Hanks naîtra aussi les séries de guerre Frères d’armes (Band of Brothers) et The Pacific.

Minority Report

2002

Inspiré par une nouvelle de Philip K. Dick, Steven Spielberg tire avec Minority Report un haletant thriller futuriste où les criminels peuvent désormais être arrêtés en avance de leurs crimes. Le jour où l’inspecteur John Anderton (Tom Cruise) se retrouve accusé à son tour, il se démène pour trouver la faille du programme… mais est-il vraiment innocent ? Au-delà de la réflexion morale sur la responsabilité et la dépendance de l’Humanité à la technologie, les scénaristes Jon Cohen et Scott Frank (Le Jeu de la dame) bâtissent un palpitant puzzle mental étendant habilement la nouvelle initiale. Minority Report est à raison un film de SF majeur, et un Spielberg incontournable.

Arrête-moi si tu peux

2002

L’histoire vraie de Frank Abagnale Jr. arnaqueur de génie, ne pouvait qu’attirer Steven Spielberg, spécialiste de l’enfance. Le cinéaste reconnut en effet en l’ex-criminel d’Arrête-moi si tu peux un adulte qui n’a jamais voulu grandir après une enfance malheureuse, et qui chercha à retrouver dans les changements d’identité le frisson d’une partie de cache-cache géante. Sur un scénario malin de l’habile Jeff Nathanson, Spielberg conte avec allégresse et mélancolie la cavale d’Abagnale (Leonardo di Caprio) face à l’agent du FBI chargé de l’arrêter (Tom Hanks). Arrête-moi si tu peux est un Spielberg enlevé, joyeux, mais aussi désenchanté, propulsé par la ludique musique jazzy de John Williams.

La guerre des mondes

2005

Renversement de ses précédents films aliens, Steven Spielberg dénote dans La guerre des mondes une vision bien plus pessimiste dans cette nouvelle adaptation du roman de H.G. Wells, signée par des habitués du film de SF : Josh Friedman (saga Terminator et Avatar) et David Koepp (fidèle de Spielberg depuis Jurassic Park). Une attaque d’extra-terrestres semblant indestructibles sème le chaos parmi l’humanité qui semble retourner à l’état sauvage. Comment sauver l’innocence de mes enfants ? se demande Ray Ferrier (Tom Cruise) au cours d’un périple sombre. La guerre des mondes est dénué de la chaleur habituelle de Spielberg, mais n’est pas moins éblouissant.

Ready Player One

2018

Pour beaucoup, Ready Player One est le film-somme de Steven Spielberg : dans cette adaptation du roman de Ernest Cline, le cinéaste rend hommage à la culture geek des années 70 et 80 qu’il a tant contribué à forger par ses films de genre. A travers l’affrontement à distance entre le gamer Wade et l’homme d’affaires Sorrento dans un MMORPG en réalité virtuelle, où le futur de l’humanité pèse dans la balance, Spielberg s’amuse. Il parodie les œuvres phares de son panthéon, infuse un esprit de chasse au trésor trépidant où les références pleuvent. Ready Player One est bien un pur plaisir de pop culture.

West Side Story

2021

Bercé depuis son enfance par l’adaptation flamboyante de Robert Wise en 1961 de la comédie musicale de Broadway, Steven Spielberg a longtemps caressé l’envie de réaliser une comédie musicale. C’est chose faite avec cette nouvelle adaptation cinéma de West Side Story, 60 ans après la première. Le scénariste Tony Kushner (Munich, Lincoln…) accentue davantage le front socio-politique et démontre ainsi la pertinence intemporelle de West Side Story. Quant à Spielberg, il conserve les fondamentaux – la magnifique musique de Leonard Bernstein, les lyrics de Stephen Sondheim, la transposition de Roméo et Juliette dans l’Amérique contemporaine où couve la violence sociale entre blancs pauvres et portoricains. Il entraîne un cast éblouissant (Ansel Elgort, Rachel Ziegler, Rita Moreno…) dans cette tragique histoire de passion et de mort.

The Fabelmans

2023

Récompensé aux Golden Globes (meilleur film et meilleur réalisateur), The Fabelmans est pour certains une œuvre quasi autobiographique de Steven Spielberg. Ce nouveau long-métrage narre l’histoire d’un jeune garçon passionné par le septième art et qui ambitionne d’en faire son futur gagne-pain en étant derrière la caméra. Un rêve qui le verra s’opposer à son père qui n’y voit pas d’issue malgré un investissement sans relâche du jeune Sammy Fabelman. Sa mère, interprétée par Michelle Williams, prend le parti de son fils en l’accompagnant vers le métier qu’il a toujours convoité. Cependant, une découverte bouleversante sur elle suite à un déménagement dans l’ouest américain, va chambouler leur relation. Nous y retrouvons également David Lynch, Gabriel LaBelle dans le rôle de Sammy, ou encore Paul Dano qui rejoint un casting étoffé après un passage remarqué dans The Batman l’année dernière. Ce biopic de 2h31 nous plonge ainsi dans une atmosphère très émotionnelle et intime. Steven Spielberg ayant lui-même participé à l’écriture du scénario, nous pouvons espérer une véritable introspection dans le parcours qui l’a conduit à son statut de légende vivante du grand écran. The Fabelmans est nominé pour sept statuettes aux Oscars et peut ainsi s’agrémenter d’un joli palmarès. Sortie en salles françaises le 22 février.