Cette année, les prépas scientifiques qui préparent les concours d’entrée des écoles d’ingénieur plancheront sur le thème de l’enfance en français-philosophie. Un bien vaste sujet ! En plus des trois œuvres au programme, on en profite pour faire un petit tour des romans qui traitent de cette période si cruciale.
Les textes au programme
Aké, les années d’enfance, Wole Soyinka
Aké, les années d’enfance est le premier tome des mémoires de Wole Soyinka, l’écrivain nigérian. Celui qui remporte le prix Nobel de littérature en 1986 conte ici les onze premières années de sa vie, de 1934 à 1945. Son père directeur d’école, sa mère commerçante, ses frères et sœurs et ses amis : on découvre son univers, entre éducation, traditions africaines, et religion.
Un récit autobiographique parsemé de détails délicats auxquels se mêle une analyse de la société de jadis, et une touche d’humour.
Emile ou De l’éducation, Jean-Jacques Rousseau
Rousseau nous offre un classique des traités d’éducation avec Emile ou De l’éducation, publié en 1762. Dans les quatre premières parties, l’auteur détaille quelle serait l’instruction idéale d’un petit garçon nommé Emile. À l’époque, l’œuvre ne connait pas un très bon accueil : Rousseau s’attirera les foudres de l’Eglise en niant le péché originel. Pourtant, plusieurs siècles plus tard, l’Emile reste une œuvre majeure de la littérature française sur le thème de l’éducation. D’ailleurs, saviez-vous que Rousseau avait abandonné ses cinq enfants ? On vous laisse méditer sur cette information capitale.
Contes, Hans Christian Andersen
Tout le monde connait au moins un conte d’Andersen : La petite sirène, Le vilain petit canard, La reine des neiges, La petite fille aux allumettes …
Ces contes racontés aux enfants viennent réenchanter le réel, tout en faisant passer des messages moraux. Tradition de l’enfance, rite de passage, ou simple souvenir, le conte n’a pas fini de faire parler de lui. En témoignent les récentes adaptations cinématographiques de ces œuvres du XIXe siècle.
L’enfance – Prépas scientifiques 2022
Pour faciliter la tâche des préparationnaires, on vous propose cet ouvrage qui regroupe trois analyses détaillées sur les œuvres précédemment citées. Vous retrouverez également une introduction contextualisant le thème, une réflexion sur l’enfance, ainsi qu’une méthodologie de dissertation et de résumé. Pratique et efficace !
Pour en savoir plus : Prépa scientifique 2021-2022 : Le thème de français au programme
Et pour aller plus loin …
Poil de Carotte, Jules Renard
Poil de Carotte, c’est une nouvelle autobiographique de Jules Renard publiée en 1894. François Lepic est un petit garçon mal-aimé de ses parents et humilié par sa sœur et son frère. Surnommé Poil de Carotte en raison de la couleur de ses cheveux et ses tâches de rousseur, il mobilise sa malice et son humour pour faire face aux injustices. Grâce à ses courts récits, Jules Renard nous fait plonger dans l’enfance émouvante de ce garçon.
L’Enfant, Jules Vallès
D’inspiration autobiographique, L’Enfant de Jules Vallès se place comme une référence parmi les romans réalistes. Premier tome d’une trilogie consacrée à la vie de Jacques Vingtras, Les Mémoires d’un révolté, L’Enfant relate les jeunes années de cet homme battu par ses parents, son parcours scolaire difficile et les lectures qui lui permettent de s’évader. Pauvreté, maltraitance, et injustice : impossible de ne pas être touché à la lecture de ce roman, publié en 1881.
Vipère au poing, Hervé Bazin
Ce sont les rapports plus que conflictuels avec sa mère qui inspirent Hervé Bazin dans Vipère au poing. Dans ce roman d’inspiration autobiographique publié en 1948, le narrateur, Jean Rezeau (« Brasse-Bouillon ») raconte son enfance et son adolescence dans le château familial. Leur mère maltraitante se voit affublée du surnom « Folcoche », contraction de « folle » et « cochonne », et la guerre s’installe entre la génitrice et les enfants.
La haine et le sentiment de révolte transpirent jusque dans les mots de Hervé Bazin. Poignant.
Le Sagouin, François Mauriac
Le Sagouin, c’est Guillaume, le fruit d’une union entre un baron et une jeune femme qui désirait quitter son milieu. Guillaume est disgracieux et limité intellectuellement : humilié par le village et par sa mère, il n’y a que l’instituteur qui le considère comme un être humain.
Un drame familial court et violent, où la bienveillance et l’amour sont quasiment absents. François Mauriac livre en 1951 un roman percutant, qui marquera bien des esprits.
La Gloire de mon père, Marcel Pagnol
Les souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol se déclinent en quatre tomes, et c’est La Gloire de mon père qui amorce la série. Ce roman autobiographique s’ouvre sur la naissance de Pagnol, et relate son enfance, sa scolarisation et ses vacances en famille. Des souvenirs de petit garçon, mais surtout un délicat et poétique récit d’une jeunesse qui s’ancre dans une France provençale, entre Aubagne et Marseille.
Les Aventures d’Olivier Twist, Charles Dickens
Les Aventures d’Olivier Twist est un roman sombre signé Charles Dickens, qui nous plonge au beau milieu des cauchemars de l’enfance. Oliver Twist, l’orphelin, quitte l’hospice où il vivait pour atterrir dans les bas-fonds de Londres. Il se rapproche du chef d’une bande de voyous, et se laisse entrainer dans l’illégalité.
En filigrane, on lit un portrait sordide de la capitale et de la société londonienne, qui réservent un sort cruel aux orphelins et autres marginaux dans les années 1830.
Allah n’est pas obligé, Ahmadou Kourouma
Prix Renaudot et Prix Goncourt des lycéens en 2000, Allah n’est pas obligé est un roman signé Ahmadou Kourouma, dans lequel il décrit la vie d’un orphelin enfant soldat, de la Côte d’Ivoire à la Sierra Leone, en passant par le Liberia et la Guinée. Birahima n’a que 12 ans et il raconte avec un ton décalé la guerre vécue par les yeux d’un enfant : massacres, viols, drogue… Le titre est une référence à la phrase que se répète le garçon « Allah n’est pas obligé d’être juste avec toutes les choses qu’il a créées ici-bas », convoquée pour expliquer tous les malheurs qu’il subit depuis sa naissance. Avec un style très particulier et oralisé, cet ouvrage cru est un indispensable.
Autobiographie d’une Courgette, Gilles Paris
Icare (Courgette) est un garçon de 9 ans : son père est parti faire le tour du monde avec une poule, et sa mère passe ses journées devant la télé, boit de l’alcool, et le bat. Un jour, il la tue accidentellement. C’est en foyer qu’il est placé, et il fera la rencontre d’une ribambelle de nouvelles personnes. Autobiographie d’une Courgette est un joli roman d’amitié et de découverte, précieux et touchant. Il a d’ailleurs été adapté au cinéma par Claude Barras et Céline Sciamma, sous le nom Ma vie de courgette.
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Pour aller plus loin :
La psychologie de l’enfance à travers la littérature et les essais
