Rejetant le rationnel au profit de l’imaginaire, le réalisme magique garde cependant une grande part de réel. À travers cette courte sélection, retrouvez quelques uns des auteurs phares de ce mouvement.
Qu’est-ce que le réalisme magique ?
Dans un environnement réaliste surgissent des manifestations irrationnelles : c’est ce que l’on appelle le réalisme magique.
Présenté par un critique d’art allemand, Franz Roh en 1925, ce courant d’abord pictural s’est ensuite inscrit dans la littérature. C’est donc toute une réalité avérée qui est revisitée sous le prisme de mystères irréels.
Sélection de livres
Cent ans de solitude – Gabriel Garcia Marquez
« Il n’y avait, dans le cœur d’un Buendia, nul mystère qu’elle ne pût pénétrer dans la mesure où un siècle de cartes et d’expériences lui avait appris que l’histoire de la famille n’était qu’un engrenage d’inévitables répéttions, une roue tournante qui aurait continué à faire des tours jusqu’à l’éternité, n’eût été l’usure progressive et irrémédiable de son axe. »
Prix Nobel de la littérature en 1982, Gabriel Garcia Marquez publie en 1967 Cent ans de solitude, tentant de dire avec la plus grande impassibilité les choses les plus étranges. Considéré comme son grand chef-d’œuvre, ce livre est l’exemple parfait du réalisme magique. À travers des mots bien choisis, l’auteur nous narre l’histoire du village fictif de Macondo et de la famille Buendia sur plusieurs générations.
Comment cette famille parviendra-t-elle à conjurer la malédiction de cent ans de solitude ?
De l’amour et autres démons – Gabriel Garcia Marquez
« Aucun fou n’est fou tant que l’on se plie à ses raisons »
Du même auteur, nous pouvons citer : De l’amour et autres démons.
Sierva Maria est la fille unique du marquis de Casalduero. À douze ans, elle se fait mordre par un chien. Considérée comme possédée par l’Inquisition, elle finit enfermée dans un couvent avec pour compagnie un exorciste du nom de Don Cayetano Delaura. Avec lui, elle vivra une forte mais assurément maudite passion. Ce n’est qu’en 1942 que l’on retrouvera, lors de travaux dans le couvent, ses restes ainsi que sa superbe chevelure de vingt-deux mètres.
Le livre de sable – Jorge Luis Borges
« Il me dit que son livre s’appelait le livre de sable, parce que ni ce livre ni le sable n’ont de commencement ni de fin. »
Grand écrivain argentin du XXe siècle, Jorge Luis Borges compose dans Le livre de sable, treize nouvelles. Impalpables, insaisissables, entre le réel et l’irréel, ces courts récits laissent au lecteur la liberté d’imaginer pleinement les divers univers du livre.
Et selon les conseils de l’auteur, portons une attention toute particulière à la nouvelle Le Congrès, où les souvenirs les plus aubiographiques de Borges se mêlent au fantastique.
La Métamorphose – Franz Kafka
« Il n’avait désormais plus rien d’autre à faire qu’à attendre ; alors, assailli de remords et d’inquiétude, il se mit à ramper, à ramper sur tout, sur les murs, les meubles, le plafond pour tomber enfin dans son désespoir, lorsque toute la pièce se mit à tourner autour de lui, au milieu de la grande table. »
Retrouvons ici un autre écrivain majeur du XXe siècle : Franz Kafka. Avec ses nombreux textes comme Le Procès ou Le Château, l’auteur est connu pour porter le lecteur dans une atmosphère parfois cauchemardesque, et tout le temps bien étrange malgré son efficiente réalité.
Dans La Métamorphose, nous suivons le changement de Gregor Samsa en monstrueux insecte. Avec sa Lettre au père, Kafka continue ici de traiter le sujet des relations paradoxales qui lient les familles : les différences attisent aussi bien mépris et qu’admiration, amour et conflits…
Pantaléon et les visiteuses – Mario Vargas Llosa
« Une fois de plus le soussigné se permet d’exhorter les supérieurs pour qu’ils fassent un pas vigoureux et audacieux en avant, et permettent que le S.V.G.P.F.A. accroisse son équipe opérationnelle de 20 à 30 visiteuses, ce qui représentera un progrès important en direction de l’encore lointaine satisfaction de ce que la science appelle la « plénitude virile » de nos soldats de l’Amazonie. »
Lauréat du prix Nobel de littérature en 2010, l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa est notamment connu pour ses romans et essais politiques. Avec Pantaléon et les visiteurs, l’auteur nous décrit une Amérique péruvienne dérangeante et bien loin d’être rationnelle. À travers le S.V.G.P.F.A (Service de Visiteuses pou Garnisons, Postes Frontières et Assimilés), le capitaine Pantaléon Pantoja est en charge de « pacifier » sexuellement les troupes isolées. Mais ces « visiteuses » ne sont rien d’autre que des prostituées, faisant ainsi de lui le plus puissant proxénète du Pérou.
Cependant, l’histoire du capitaine Pantaléon n’est pas la seule à être traitée par l’auteur. Le lecteur pourra également suivre le tragique récit sur le frère Francisco, fanatique qui encourage ses fidèles à crucifier animaux et hommes au nom du Bien.
*Copyright visuel : Jplenio sur Pixabay
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