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Les grands maîtres du cinéma sud-coréen

17 mai 2021
Par Lucie
Les grands maîtres du cinéma sud-coréen

Peninsula de Yeon Sang-ho est la suite de l’incroyable film de zombies Dernier train pour Busan. Alors que les films sud-coréens ont le vent en poupe, on fait le point sur les plus grands réalisateurs, dont le cinéma inventif et sans concessions ne cesse de nous enthousiasmer.

Bong Joon-ho, le plus primé

parasiteCarton plein pour Bong Joon-ho avec son dernier film, Parasite : Palme d’or à Cannes en 2019, Golden Globes 2020 du Meilleur film en langue étrangère, César 2020 du Meilleur film étranger et quatre Oscars cette année, dont celui du Meilleur film et du Meilleur réalisateur. Le tout, suivi d’une presse dithyrambique et de millions de spectateurs à travers le monde. Une habitude pour le réalisateur, dont chaque film est un véritable événement depuis son tout premier, Barking Dog en 2000. On y découvre son goût particulier pour les personnages de perdants magnifiques, vivant de petites combines et d’arnaques et se débattant dans une lutte des classes permanentes.

C’est le cas de Memories of Murder, mettant en scène deux inspecteurs de police aux méthodes radicalement différentes, en proie à un tueur en série implacable ; de The Host en 2006 dans lequel une créature aquatique enlève des enfants ; de Mother avec cette mère de famille prête à tout pour défendre l’honneur de son fils et retrouver un tueur. Un cinéma teinté d’humour noir, poisseux et irrésistible que Bong Joon-ho porte à son paroxysme dans Parasite. Une vision pessimiste de la nature humaine, déclinée également en version américaine, avec deux longs-métrages hollywoodiens dans lesquels il insuffle toutes ses obsessions : Snowpiercer, le Transperceneige d’après la bande dessinée du même nom de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette et Okja, avec Jake Gyllenhaal et Tilda Swinton, critique de notre société de consommation.

Park Chan-wook, le plus radical

mademoiselleDepuis 1992 et la sortie de son premier long métrage, Moon is the Sun’s dream, Park Chan-wook est devenu une référence pour tous les cinéphiles tant son cinéma, âpre et violent, ne laisse personne indifférent. Il fera même une trilogie de films basée sur la vengeance, thème récurrent de son œuvre, initiée par le polar Sympathy for Mister Vengeance, poursuivie en 2003 par Old Boy puis en 2005, par Lady Vengeance.

Old Boy a d’ailleurs permis au réalisateur de connaître une reconnaissance internationale en obtenant le Grand prix du jury lors du Festival de Cannes en 2004. Cette adaptation d’un manga de Nobuaki Minegishi et Garon Tsuchiya a d’ailleurs bénéficié d’un remake américain par Spike Lee, avec Josh Brolin.

Par la suite, Park Chan-wook adapte Thérèse Raquin de Zola à sa manière dans Thirst, version vampire, avant de gagner Hollywood pour le film délicieusement dérangeant Stoker, avec Nicole Kidman et Mia Wasikowska. En 2016, il est nommé au Festival de Cannes pour le sulfureux Mademoiselle, avant de réaliser en Europe la série The Little Drummer Girl, adaptation de La Petite fille au tambour de John Le Carré, avec Michael Shannon et Florence Pugh.

Kim Jee-woon, le plus spectaculaire

j'ai rencontré le diableLe cinéma de Kim Jee-woon est sans doute le plus porté à la fois vers le film de genre et les superproductions hollywoodiennes. Il commence en 1998 avec la comédie horrifique à petit budget The Quiet Family, avant de se faire une notoriété internationale avec 2 sœurs, film de fantôme violent et machiavélique. Il poursuit avec A bittersweet Life, polar sous haute tension sélectionné en compétition officielle à Cannes en 2005. On retrouve ensuite Kim Jee-woon avec un western, Le Bon, la Brute et le Cinglé, hommage aux films de Sergio Leone et film le plus cher de toute l’histoire du cinéma sud-coréen avec 17 millions de dollars de budget.

Toujours porté par les films au bord de l’horreur, il tourne J’ai rencontré le Diable, thriller effrayant qui remporta trois prix au Festival international du film fantastique de Gérardmer en 2011, avant de diriger Arnold Schwarzenegger et Forest Whitaker dans le film d’action Le Dernier Rempart, pour un budget colossal de 45 millions de dollars, qui fut à peine rentabilisé. Quant au drame historique The Age of Shadows, il fut le représentant de la Corée du Sud pour l’Oscar du Meilleur film en langue étrangère en 2017. Jamais là où on l’attend et choisissant toujours le spectaculaire, Kim Jee-woon vient de signer Illang : la Brigade des loups, un film de science-fiction qui ne remporta pas le succès escompté. Où le retrouvera-t-on prochainement ?

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Lee Chang-dong, le plus poétique

D’abord écrivain engagé et même ministre de la Culture en 2003, Lee Chang-dong s’est tourné vers la réalisation en 1997 avec le film Green Fish, un drame qui attire rapidement l’attention sur son travail. Il entame alors tout un cycle de films pessimistes et poétiques, à l’instar de Peppermint Candy, Oasis ou encore Secret Sunshine, qui obtient le Prix d’interprétation féminine pour Jeon Do-yeon au Festival de Cannes 2007.

Poetry traitera de la maladie d’Alzheimer avec délicatesse, tandis que Burning fera parler de lui en 2018. Cette adaptation des Granges brûlées de Haruki Murakami est à ce jour son plus grand succès à l’international et dans son pays natal.

un jour avec un jour sans

Hong Sang-soo, le plus mélodramatique

Chacun des films de Hong Sang-soo, ou presque, est à la fois une ode au cinéma et à l’amour impossible, mais aussi à l’alcool, une des thématiques récurrentes de ses œuvres. Comme le ferait Claude Lelouch, ses romances sont tournées sur des points de vue différents, avec des histoires simultanées qui s’entrechoquent. Le réalisateur n’hésite pas à tourner plusieurs films par an, avec des temps de tournage parfois fort réduits.

Parmi ses films les plus célèbres, le trio amoureux La Vierge mise à nu par ses prétendants en 2000, La Femme est l’avenir de l’homme en 2003, inspiré par Aragon, Hotel by the river, Seule sur la plage la nuit ou encore In another country avec Isabelle Huppert qu’il retrouve pour La Caméra de Claire. Sans oublier le drame Un jour avec, un jour sans.

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Kim Ki-duk, le plus esthétique

Porté par des films contemplatifs aux images qui se suffisent à elle-même, Kim Ki-duk peut se vanter de posséder l’une des filmographies les plus intéressantes et primées du cinéma sud-coréen.

On retiendra notamment les prix internationaux reçus pour le sublime Printemps, été, automne, hiver… et printemps, l’Ours d’argent 2004 pour Samaria, le Lion d’argent 2004 pour Locataires, le prix Un certain regard 2011 pour Arigang ou encore le Lion d’or 2012 pour Pieta. Des drames intimes, touchants et oniriques qui font de Kim Ki-duk l’un des réalisateurs sud-coréens les plus reconnus dans le monde entier.

Yeon Sang-ho, le plus animé

dernier train pour busanYeon Sang-ho s’est tout d’abord tourné vers le cinéma d’animation, d’abord pour des courts métrages, puis des longs, comme The King of Pigs en 2011, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2012 ou encore The Fake, fort applaudi au Festival international du film de Toronto en 2013.

Mais c’est un film live qui va le révéler au monde entier, précédé d’une rumeur impressionnante : un film de zombies se déroulant presque exclusivement dans un train. Dès lors, tout le monde souhaite le voir et la séance de minuit du Festival de Cannes de 2016 affiche rapidement complet. Tout ceci pour Dernier train pour Busan, qui a remporté près de 100 millions de dollars de recettes à travers le monde et enregistré plus de 11 millions d’entrées en Corée du Sud. Un univers qui a tellement séduit le réalisateur qu’il en a tourné un préquel en animation la même année, Seoul Station, et une suite en version live, Peninsula, labellisé Festival de Cannes 2020, qui se situe quatre ans après les événements de Dernier train pour Busan

Sans oublier…

D’autres réalisateurs sud-coréens font de plus en plus parler d’eux. C’est le cas de Na Hong-jin qui a réalisé un sans-faute avec ses trois premiers films, des thrillers dérangeants au possible : The Chaser, The Murderer et surtout, l’éblouissant et chamanique The Strangers. On retiendra également Kim Seong-hoon, révélé à l’international avec le film policier d’humour noir Hard day et l’asphyxiant Tunnel dont on ne ressort pas indemne. Dernièrement, c’est Kim Yong-hoon qui a fait parler de lui avec le thriller Lucky Strike, conçu comme une poupée gigogne pleine de surprises horrifiques et cyniques. Des talents à suivre qui marchent sur les traces de leurs aînés.

Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
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