Après presque quatre saisons sous le signe des confinements et parfois de l’isolement, voici venu le temps d’une fin d’année quelque peu compliquée ! Amateurs de romans, nous vous proposons une sélection de poches parus depuis janvier à lire ou relire le temps des vacances… et même après !
Janvier, l’envie d’hiberner
L’Empreinte, Alex Marzano-Lesnevich (10-18)
Ce récit documentaire se lit comme un roman : Alex, étudiante en droit à Harvard est farouchement opposée à la peine de mort. Cependant, son chemin va croiser celui de Rick Langley qui a commis un crime effroyable. Ébranlée dans ses convictions profondes, sa quête de vérité va la conduire à enquêter sur son propre passé, lourd du poids du secret.
Ce témoignage haletant doublé d’un travail d’investigation mémoriel dans un cadre familial troublé ne vous laissera pas indemne. Ce texte a reçu le Grand prix des lectrices ELLE Document (2019) et le Prix du livre étranger France-Inter-Le Journal du Dimanche (2019)
Toutes les histoires d’amour du monde, Baptiste Beaulieu (Le Livre de Poche)
Depuis l’enterrement de son grand-père Moïse, Jean n’a plus parlé à son père Denis. Ce dernier reprend contact avec son fils afin de l’informer des mensonges qui ont émaillés la vie de Moïse mais il s’effondre, victime d’une crise cardiaque. Jean entre alors en possession des carnets écrits par son grand-père et va se retrouver plongé dans une (en)quête de mémoire, celle du parcours familial de la lignée dans laquelle il s’inscrit. Un roman autobiographique sensible, émouvant et passionnant à découvrir.
Février, difficile de se lever
Tout le bleu du ciel, Mélissa Da Costa (Le Livre de Poche)
Atteint précocement par la maladie d’Alzheimer, Emile apprend qu’il n’a plus que deux ans à vivre alors même qu’il est âgé de 26 ans. Il décide alors de fuir l’hôpital et les atermoiements familiaux et s’achète un camping-car afin d’entamer un long périple dans lequel il sera accompagné par Joanne, compagnonne recrutée par une petite annonce. Un roman digne d’un road-movie à la fois sensible et humain qui ne tombe jamais dans le pathos.
Le Discours, Fabrice Caro (Folio)
Adrien, la quarantaine, connait une rupture sentimentale douloureuse. Lors d’un dîner familial, alors qu’il attend désespérément un message de son ex, son futur beau-frère lui demande de faire un discours pour le mariage de sa sœur… Une comédie romantique tendre et touchante doublée du regard acide et pétillant de l’auteur qui séduira les amateurs de personnages désabusés par l’amour et par la vie.
Mars, quelle farce…
Ciao Bella, Serena Giuliano (Pocket)
Anna, femme moderne, mariée et mère de deux enfants aurait tout pour être heureuse dans sa vie. Mais elle souffre d’une peur irraisonnée de tout ce qui l’entoure et décide de consulter une psychologue afin de se faire aider face à ce problème qui devient fortement handicapant. Au fil des séances, Anna va se libérer en évoquant sa vie, son histoire familiale et son amour pour l’Italie. Un roman ponctué de courts chapitres qui vous réservera bien des surprises.
L’Envol du moineau, Amy Belding Brown (10-18)
Un roman historique comme on les aime ! 1672, Mary Rowlandson vit dans une colonie puritaine venue d’Angleterre dans la baie du Massachusetts dans laquelle elle étouffe tel un oiseau en cage. Elle est faite prisonnière par les indiens qui attaquent son village et va trouver alors cet espace de liberté vital : pourra t’elle retourner à une vie étriquée dans la société blanche ? Quels seront les choix qu’elle devra faire ?
Un roman haletant et vibrant sur l’Amérique indienne de la fin du 17è siècle.
Avril, on a perdu le fil
Alors que nous étions tous confinés, le travail des éditeurs et des libraires s’est interrompu brutalement : en guise de rattrapage, voici deux idées de lectures atemporelles pour se détendre et rire à pleins poumons !
Petits suicides entre amis d’Arto Paasilinna (Folio)
Un groupe de suicidaires d’horizons divers et variés prennent un bus en direction du Portugal afin de mettre fin à leurs jours ensemble : un roman loufoque et hilarant sur un sujet aussi grave que le suicide sous la plume acerbe de Paasilinna. Un bon remède contre la morosité !
Le Bâtard récalcitrant, Tom Sharpe (10-18)
Lockhart Flawse, bâtard et orphelin est élevé par son grand-père dans une propriété isolée aux fins fonds du nord de l’Angleterre. Lors d’une croisière de plaisance, ils rencontrent une veuve, Madame Sandicott et sa fille qu’ils épouseront sur le navire. S’en suit une série d’aventures rocambolesques et déjantées dans la tradition des meilleurs romans de Tom Sharpe ! Indémodable !
Mai, la semi-liberté
La Vraie Vie, Adeline Dieudonné (LGF)
Une famille anonyme, dans un lotissement tout aussi neutre : il y a le père, un chasseur invétéré, la mère, transparente et les deux enfants, la jeune fille et son petit frère. Une vie moyenne, avec les bizarreries inhérentes à chaque cercle familial. Mais un violent accident va venir bouleverser cet ordre établi et dès lors, la petite narratrice va nous livrer les secrets de sa vraie vie. Un roman coup de poing sur la maltraitrance mais qui laisse place à l’espoir de jours meilleurs. Ce titre a reçu le prix du Roman Fnac en 2018 et le prix Livre et culture en 2020.
Si loin, si proches, Françoise Bourdin (Pocket)
Passionné depuis son enfance par les animaux, Lorenzo exerce la profession de vétérinaire dans un parc animalier qu’il a fondé dans le Jura. Un ancien camarade d’école l’invite à le rejoindre au Kenya pour y passer un mois à étudier la faune sauvage. Lorenzo confie alors le parc à sa meilleure vétérinaire, Julia. Une histoire d’amour à distance voit alors le jour : survivra-t-elle à l’éloignement ? Françoise Bourdin, auteur prolixe nous livre ici un roman d’aventures et de passions : dépaysement garanti !
Juin, un été incertain
Je ne cours plus qu’après mes rêves, Bruno Combes (J’ai Lu)
Les destins croisés de trois femmes d’âges et d’horizons différents mais qui n’ont qu’en seul but en commun : ne plus renoncer à leurs rêves. Louane a 18 ans et vient d’échouer au baccalauréat, Laurène, bientôt 40 ans pour qui la vie professionnelle passe avant tout et Louise, retraitée et veuve qui se retrouve seule pour la première fois de sa vie. Un trio émouvant et touchant que vous n’oublierez pas de sitôt.
La Goûteuse d’Hitler, Rosella Postorino (LGF)
1943, Hitler est reclus dans son quartier général en Prusse orientale. Terrorisé à l’idée que l’on puisse commettre un attentat contre lui, il fait recruter des goûteuses qui auront pour mission de tester tous les plats qui lui sont proposés lors des repas. Le personnage féminin central du roman, Rosa, est inspiré librement de la vie de Margot Woelk qui n’a livré son témoignage de goûteuse qu’en 2013. Un roman poignant et instructif sur un pan de l’histoire de la seconde guerre mondial encore méconnu.
Juillet, fait ce qu’il te plait !
C’est lundi aujourd’hui, Sytske Van Koeveringe (traduction Arlette Ounanian) (10-18)
Un premier roman désarmant : Julia, la trentaine, fait des ménages pour gagner sa vie et rentre ainsi dans l’intimité des personnes chez qui elle intervient. Petit à petit, ces intrusions dans la vie des autres vont lui faire perdre pied et la couper de sa propre existence. Un regard lucide sur notre façon de vivre au XXIe siècle entre solitude et superficialité…
Mamie Cascade, Paul Ivoire (LGF)
Marguerite Courbet, 80 ans, ancienne cascadeuse professionnelle souffre cruellement de sa solitude et songe même parfois au suicide. Mais c’est sans compter sur un réalisateur qui décide que tourner un film sur sa longue carrière cinématographique : l’occasion d’exécuter une ultime cascade ? Cependant, une amitié va se nouer entre le jeune Gustave et Mamie Cascade… Un roman plein d’espoir, entre drôlerie et tendresse.
Août, on fait les fous
Civilizations, Laurent Binet (LGF)
Et si Colomb avait échoué dans sa quête pour découvrir l’Amérique… Et si les Incas avaient par contre envahis l’Europe car ils ont eu les armes pour résister aux conquistadors. Tel est le postulat de base posé par Laurent Binet dans de roman épique et historique. Une uchronie inspirée à découvrir rapidement.
Girl, Edna O’Brien (LGF)
2014. Le groupe islamiste Boko Haram enlève 276 lycéennes à Chibok. Certaines parviennent à s’enfuir, d’autres seront libérées en 2016, mais 112 ne sont toujours pas revenues. Edna O’brien nous livre le portrait de Maryam, une de ces jeunes adolescentes qui va connaître l’enfer des viols, de la fuite en avant, de la peur. Le retour tant attendu parmi les siens sera pourtant une autre épreuve à traverser. Un roman choc qui ne laisse pas indemne.
Septembre, la rentrée et ses méandres
Le Malheur du bas, Inès Bayard
Marie et Laurent, la trentaine, ont tout pour être heureux dans la vie : des métiers passionnants, un appartement cossu à Paris, une famille aimante. Ne manque plus qu’un enfant pour que le bonheur soit total. Mais lorsque Marie se fait violer sauvagement par un supérieur hiérarchique, sa vie bascule dans l’horreur. Murée dans un silence étouffant, elle apprend peu de temps après l’agression qu’elle est enceinte… Un premier roman dramatique qui emporte le lecteur dans une zone d’inconfort : à découvrir absolument !
Pourquoi je déteste l’économie, Robert Benchley (traduction Frédéric Brument) (Points)
Après Pourquoi je déteste Noël, Pourquoi je déteste les enfants, Robert Benchley livre son regard acéré sur l’économie ! L’auteur, décédé en 1945, est reconnu comme un des plus grands maîtres de l’humour décalé et absurde qu’ait connu d’Amérique. Un recueil moderne et hilarant pour se détendre, et qui sera le bienvenu en ces temps de crise.
Octobre, restons sobres
Les Idiots d’abord, Bernard Malamud (traduction Solange et Georges De Lalène) (Rivages poche)
12 nouvelles sur fond de grisaille et de tristesse : la vie de petites gens, du quotidien, de la solitude. Après Le Tonneau magique ou L’Homme de Kiev, on retrouve avec plaisir la plume incisive et parfois mélancolique de Bernard Malamud.
La très mirifique et déchirante histoire de l’homme qui inventa le livre de poche, Rolf Potts (traduction Mathilde Helleu) (Inculte-Dernière marge)
Connaissez-vous Emanuel Haldeman-Julius ? Cet américain est mort noyé dans sa piscine le 31 juillet 1951, après avoir été accusé d’être communiste par la presse, mis sous surveillance par le FBI de J. Edgar Hoover et avoir perdu un procès pour évasion fiscale. Et pourtant, il s’agit de l’homme qui était devenu l’un des éditeurs les plus ingénieux de son époque : il a permis la diffusion de plus de 300 millions de « Petits livres bleus » à 5 cents et qui tiennent dans la poche. Le roman d’une vie dédiée au partage démocratique de la culture !
Novembre, reconfinés dans l’antichambre
13 à table, Collectif (Pocket)
Depuis 2014, toute la chaîne du livre en France s’associe en fin d’année afin de publier ce recueil de nouvelles dont les ventes permettent d’offrir 4 repas par livre acheté aux Restaurants du Cœur. Cette année, les auteurs ont encore répondu à cet appel : de Françoise Bourdin à Alexandra Lapierre, Maxime Chattam ou encore Leila Slimani et tant d’autres sont de la partie ! Sans oublier la couverture originale imaginée et réalisée par Riad Sattouf ! Un chouette livre pour une bonne cause !
Le dernier cerveau disponible, Alexandre Feraga (J’ai Lu)
Un homme se fait tabasser dans la rue et atterrit dans la vitrine d’un coiffeur. Après cette agression sauvage, il perd la parole et la mémoire. Harold et Philomène, les propriétaires du salon de coiffure vont alors le prendre en charge et l’aider à retrouver le fil de sa vie… Une histoire tendre et généreuse qui rassure sur la nature humaine.
Décembre, tisanes au gingembre
Le Déjeuner des barricades, Pauline Dreyfus (LGF)
22 mai 68 : le quartier Latin est en pleine ébullition, le personnel de l’Hôtel Meurice est en grève et occupe les locaux. Le même jour, un certain Patrick Modiano, alors auteur inconnu, doit se voir remettre le prix Nimier… Une journée particulière vue par le prisme de la remise d’un prix littéraire et par là même, une nouvelle lecture des événements de mai 68.
La fantastique famille Telemachus, Daryl Gregory (traduction Laurent Philibert-Caillet) (LGF)
Lorsque Teddy Telemachus, escroc de son état, rencontre Maureen McKinnon, authentique médium, le coup de foudre est immédiat. Trois enfants surdoués aux pouvoirs étonnants vont naître de cette union, et la fantastique famille va parcourir les États-Unis afin de faire le « show ». Jusqu’à ce que le passé de Teddy ne les rattrape quelques décennies plus tard. Un roman hilarant et riche en rebondissements pour terminer l’année sous le signe du rire !
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