Les acteurs qui passent derrière la caméra, on connait. Mais les humoristes qui délaissent les salles de spectacle pour enfiler la casquette de réalisateur, moins. Dernier en date, Kheiron, qui signe le film Mauvaises herbes, est loin d’être le seul : de Franck Dubosc, à Dany Boon en passant par Nawell Madani, petit tour (non exhaustif) des humoristes à qui tout sourit.
Kheiron : l’éternel optimiste
Découvert au Jamel Comedy Club, Kheiron rejoint rapidement les plateaux de tournage en participant à la série Bref, aux côtés de son ami Kyan Khojandi, créateur de la série. Puis c’est en 2013 qu’il fait ses premiers pas sur grand écran, dans Les Gamins et côtoie alors un joli casting : Max Boublil, Alain Chabat, Sandrine Kiberlain… Deux ans plus tard, il réalise son premier film : Nous trois ou rien et se paye le luxe de choisir Leïla Bekhti et Gérard Darmon pour les rôles principaux. Le film retrace l’histoire de ses parents depuis leur jeunesse en Iran, leur résistance au Shah, jusqu’à leur arrivée en France. Avec son second long-métrage, Mauvaises herbes, Kheiron assoit sa position de réalisateur et signe cette fois, un film sur les difficultés sociales des jeunes, exclus du système scolaire. Avec Catherine Deneuve et André Dussollier à l’affiche, Kheiron semble décidemment ne rien se refuser. À la fois acteur et réalisateur de ces deux films, l’humoriste réussit à aborder des sujets sérieux et sensibles sans jamais se défaire de son humour et de sa légèreté.
Franck Dubosc : l’incontournable
On ne présente bien sûr plus Franck Dubosc que l’on voit depuis des années, autant sur scène qu’au cinéma. Alors que côté humour, sa notoriété explose grâce aux petites annonces tournées avec Elie Semoun, l’humoriste s’impose peu à peu sur grand écran et enchaine les comédies : Boule et Bill, Plan de table, Fiston… Franck Dubosc se met aussi à écrire, notamment pour la saga Camping, où il figure au générique, en tant qu’acteur, bien sûr, mais aussi en tant que scénariste. Puis en 2018, l’humoriste fait le grand saut et passe derrière la caméra. Il réalise Tout le monde debout, comédie mettant en scène un homme (joué par lui-même) prêt à tout pour séduire une femme (Alexandra Lamy), même de se faire passer pour un handicapé. Problème : la sœur de cette dernière est réellement handicapée. Avec ce film drôle et touchant, Franck Dubosc nous confirme que l’humour reste sa première passion.
Alain Chabat : l’infatigable
Humoriste culte, Alain Chabat peut se targuer de réussir à parler à toutes les générations. Si les sketchs des Nuls, tournés avec ses compères Chantal Lauby, Bruno Carette et Dominique Farrugia restent indémodables, Alain Chabat a tout de même parcouru du chemin depuis. Lancé au cinéma grâce à La Cité de la peur, le comédien-humoriste se retrouve très vite dans le fauteuil de réalisateur. Non sans succès, il réalise le film Didier et y joue le rôle-titre : un chien devenu un homme. Carton plein pour cette comédie décalée qui reçoit le César de la meilleure première œuvre en 1998, et qui vaut à Alain Chabat une nomination au César du meilleur acteur. En 2002, il s’attaque à la bande dessinée Astérix et Obélix et adapte l’un des épisodes au cinéma : Astérix et Obélix – Mission Cléopâtre. Une comédie qui a marqué beaucoup d’esprits, tant par ses dialogues que par le choix des acteurs : Christian Clavier, Edouard Baer, Gérard Depardieu… S’ensuivent RRRrrrr!!!, Sur la piste du Marsupilami et Santa et Cie. Infatigable, Alain Chabat n’a (heureusement) pas l’intention de décrocher.
Nawell Madani : l’indépendante
Révélée par le Jamel Comedy Club, elle rencontre un vif succès sur scène, notamment avec son premier one man show C’est moi la plus belge. Ce n’est qu’en 2017 que Nawell Madani s’essaie au cinéma en tant qu’actrice dans le film de Philippe Lacheau, Alibi.com. Lancée, son premier film sort quelques mois plus tard. À travers C’est tout pour moi, inspiré de son histoire personnelle, elle nous livre une autobiographie intime et rend hommage à ses parents. On découvre le parcours de cette jeune femme, fraîchement débarquée à Paris pour vivre son rêve de danseuse-chorégraphe, qui va de désillusions en désillusions. L’occasion pour le grand public de connaître un peu plus la femme qui se cache derrière l’humoriste. Nawell joue bien évidemment le rôle principal aux côtés de François Berléand.
Dany Boon : le chouchou
Habitué des one-man show, Dany Boon en compte plus d’une dizaine à son actif. C’est sur scène qu’il déclare se sentir le mieux et met à profit son talent. Mais loin de s’en contenter, il se met rapidement à la comédie et fait des premières apparitions au cinéma. Il réalise son premier film La Maison du bonheur en 2006 avec Michèle Laroque et Daniel Prévost. Mais, c’est en 2008 qu’à lieu la grande révélation, avec la sortie du film Bienvenue chez les Ch’tis. Dany Boon en est le réalisateur et laisse le rôle principal à Kad Merad. Le succès est immense, le film devient numéro 1 au box-office français et passe devant l’indétrônable Grande Vadrouille. Il signe ensuite plusieurs films : Rien à déclarer, Supercondriaque, Raid Dingue et La Ch’tite famille, qui connaissent moins de succès. Mais peu importe, preuve que Dany Boon a conquis le cœur des spectateurs, il est élu personnalité préférée des français.
Alex Lutz : le perfectionniste
Après avoir foulé les planches de théâtre, Alex Lutz se lance à la télévision. On l’aperçoit notamment dans la série Malone, diffusée sur TF1 et plus récemment dans le programme court parodique Catherine et Liliane. Puis le comédien-humoriste se dirige naturellement vers le cinéma : on le retrouve dans OSS 117 : Rio ne répond plus en compagnie de Jean Dujardin, ou encore dans Hollywoo aux côtés de Florence Foresti. En 2015, Alex Lutz se lance dans la réalisation et sort son premier film Le Talent de mes amis, dans lequel il incarne un trentenaire dont la routine et les idéaux vont être bouleversés par l’arrivée dans sa vie d’un ancien camarade de classe. Non content du succès de ce premier film, Alex Lutz en réalise un second : Guy, ou l’histoire d’un fils illégitime d’une star des années 80 qui s’infiltre dans sa vie. Adpete du changement d’apparence, on ne doute pas que l’humoriste nous réserve encore bien des surprises !
Fabrice Eboué : le persévérant
Autre poulain du Jamel Comedy Club, Fabrice Eboué se retrouve rapidement projeté sur le devant de la scène grâce à un humour insolent. Quelques années plus tard, il fait ses premiers pas au cinéma dans le film Fatal de Michaël Youn et coréalise dans la foulée son premier film avec son compère Thomas N’Gijol. Avec son humour potache mais rafraîchissant, Case départ, comédie sur l’esclavage, rencontre un vif succès. L’humoriste ne s’arrête pas là puisqu’il travaille ensuite sur deux autres films : Le crocodile du Botswanga, coréalisé avec Lionel Steketee et Coexister, qu’il réalise, cette fois, seul. Le succès mitigé de ces long-métrages poussent alors Fabrice Eboué à s’éloigner quelques temps des plateaux de cinéma pour se concentrer sur son dernier one-man show : Plus rien à perdre, nominé au Molière de l’humour. Si le rôle de réalisateur peut s’avérer parfois difficile à endosser, l’humour aide heureusement, à relativiser.
Photo : © Mars Films