Frissons, meurtres, psychologies retorses… Inspecteurs et policiers ne chôment pas pendant la rentrée littéraire ! Qu’il s’agisse de traquer une intelligence artificielle, de résoudre un meurtre impossible, ou de plonger dans la mémoire sombre de l’Occupation, la cuvée 2016 offre des intrigues toutes plus audacieuses les unes que les autres. Chacun de ces huit polars est doté d’un style et d’un anti-héros unique en son genre.
Ada, Antoine Bello (Gallimard)
Inspecteur dans la Silicon Valley, Frank Logan est chargé de retrouver Ada, une intelligence artificielle créée par la société Turing Corp. pour écrire des romans à l’eau de rose. Devenue ambitieuse, Ada s’est échappée de la salle hermétique qui la retenait et compte bien un jour gagner le Prix Pulitzer. Face à cette conscience qui échappe à tout contrôle, sait tenir une conversation et faire de l’humour, Frank est désemparé. Un polar original d’Antoine Bello qui ouvre des perspectives incroyables sur les pouvoirs de l’intelligence artificielle et questionne les fondements de la littérature…
L’Affaire Léon Sadorski, Romain Slocombe (Robert Laffont, La Bête Noire)
1942, pendant l’Occupation à Paris. Léon Sadorski, pétainiste et antisémite, est un policier modèle à la 3e section des Renseignements généraux, en plus d’être un bon mari. Au quotidien, il contrôle et arrête des Juifs qui seront envoyés à Drancy. Soudain, un jour, la Gestapo l’arrête et l’expédie à Berlin, où il finit en prison. Un polar implacable sur la mauvaise conscience française et la collaboration, dont l’antihéros est inspiré de la réalité. Romain Slocombe revient sur une mécanique de répression de notre histoire qui pourrait trouver écho dans l’actualité…
Tabou, Ferdinand Von Schirach (Gallimard)
Voici un étrange mystère imaginé par l’allemand Ferdinand von Schirach, qui interroge les rapports entre vérité et réalité. Dernier héritier d’une vieille famille ruinée, le photographe tourmenté Sebastian von Eschburg est accusé de meurtre. Or bien qu’il ait signé des aveux complets, le corps de la victime reste introuvable et son identité même demeure incertaine ! Des zones d’ombre que l’avocat du plasticien compte bien exploiter. Entre réflexion philosophique et roman à suspense, ce récit d’une fausse-vraie enquête fait tout pour dérouter le lecteur.
En douce, Marin Ledun (Ombres noires)
Dans le Sud de la France, un homme est séquestré dans une grange, isolée de tout au milieu d’un chenil. Sa geôlière, Émilie, y vit seule. Elle l’a séduit avant de lui tirer une balle dans la jambe, puis lui raconte son histoire : il y a cinq ans, un chauffard du nom de Simon Diez lui a coûté une jambe… Un roman sombre et à caractère social de Marin Ledun, sur la banalité de l’existence, centré sur un personnage de femme forte et déterminée, qui comprend intuitivement le monde. La nature environnante révèle le caractère farouche de l’héroïne, tout en révélant une certaine poésie de la vie.
Police, Hugo Boris (Grasset)
Cette histoire ne suit pas des inspecteurs mais des gardiens de la paix, souvent oubliés du genre polar. Hugo Boris raconte une nuit passée par trois collègues dans une voiture. Virginie, Éric et Aristide sont chargés d’une mission en apparence ordinaire : raccompagner un sans-papiers à l’aéroport. Sauf qu’à son retour dans son pays natal, cet homme risque la mort. S’ajoute à ce dilemme moral les préoccupations personnelles… Cette nuit, la vie de chaque policier s’apprête à basculer. Un récit où la tension monte inexorablement dans un huis clos surprenant.
Il était une fois l’inspecteur Chen, Qiu Xiaolong (Liana Levi)
Il s’agit de la dixième enquête écrite par Qia Xiaolong, mais c’est la première de l’inspecteur. Tout a commencé à Shanghai, dans le quartier de la Poussière Rouge. Avec la Révolution culturelle en toile de fonds, le lecteur suit la jeunesse de Chen, aux prises avec la politique parfois absurde de Mao. Chargé de transcrire un manuel de procédures américain pour un commissariat, il se destinait à la traduction mais les circonstances vont progressivement l’amener à devenir policier. Qiu Xiaolong joue avec les limites de la fiction, alors que son passé se confond avec celui de son personnage fétiche.
Le Dragon de Muveran, Marcus Voltanauer (Slatkine & Cie)
Dans le petit village suisse de Gryon, un pasteur découvre au temple un cadavre en croix et aux orbites vides, qui porte ce message planté dans le cœur : « Si donc la lumière qui est en toi est ténèbre, combien seront grandes les ténèbres ! » L’inspecteur Andreas Auer, chargé de l’enquête, s’attend à une longue série de meurtres… Le titre fait allusion à une légende de Gryon, qui existe bel et bien, selon laquelle un dragon se réveille à chaque pleine lune. Phénomène littéraire devenu best-seller dans le pays romand, ce premier roman ressemble à un polar nordique, pourtant, Marcus Voltanauer a situé son intrigue dans les Alpes vaudoises, pour une déclinaison déstructurée du genre.
Là où les lumières se perdent, David Joy (Sonatine)
Baron de la drogue violent et impitoyable, Charly McNeely règne en tyran sur une région isolée des Appalaches, en Caroline du Nord. Son fils de 18 ans, Jacob, devrait suivre la voie paternelle mais il porte le nom McNeely comme une malédiction et préfère prendre ses distances. Jacob se raccroche à l’amour de Maggie, son amie d’enfance, avec qui il espère un jour vivre une vie normale. Après une mission ratée, l’étau judiciaire se resserre autour du jeune homme qui va devoir affronter son père, bien décidé à le retenir… Le premier roman de David Joy, un roman déchirant à la prose lyrique, sur un fils maudit en quête de rédemption.