Après le succès de « Les filles, les meufs », Marguerite, candidate de la dernière saison de la Star Academy, sort son premier EP, « grandir ». Car outre ses gagnant.e.s, le télécrochet de TF1 a révélé de nombreux artistes depuis 2001. Revue de détail.
Il y a un quart de siècle (oui !), la Star Academy débarquait en force en access prime time sur TF1. Le concept mêle deux types d’émissions bien distincts : le télécrochet, show de découverte musicale en direct, qui à l’époque est représenté par Graines de star, et la téléréalité 24h/24, qui vient d’être lancée en France avec Loft Story sur M6.
Olivia Ruiz, la première rebelle
Taillée pour plaire aux collégiens et aux lycéens, qui peuvent suivre, à la sortie des cours, des vingtenaires vivre en vase clos et se former artistiquement, sanctionnés par des évaluations, la Star Academy montre aussi bien les talents de chaque candidat que leur personnalité.
Le casting, pensé pour le storytelling, rassemble donc différents profils : les très bon(ne)s élèves arrivent avec un indéniable don naturel pour la chanson, tandis que d’autres rament davantage, mais se rattrapent par leur côté blagueur ou charismatique. Jenifer, Nolwenn Leroy, Élodie Frégé, Grégory Lemarchal appartiennent à la première catégorie, et gagneront respectivement les quatre premières éditions, tandis que les Jean-Pascal ou George-Alain Jones se démarquent par leur décalage, plus comique qu’autre chose.
Dans la première saison apparaît aussi une candidate qui va, au départ, s’échapper de l’étiquette « ex-participante de la Star Ac ». Olivia Ruiz, demi-finaliste, se rapproche de musiciens qu’elle aime, davantage associés à la chanson réaliste et au rock alternatif français qu’à la variété, et s’émancipe rapidement de l’émission de TF1.
La Femme chocolat, Miss météores ou son dernier album en date, La Réplique, sont autant d’occasions de se forger une discographie où dominent différentes influences, de la nouvelle scène aux musiques latines. Pour autant, elle a fait son retour sur le plateau de la Star Ac en 2024, montrant, in fine, qu’elle devait une partie de son exposition médiatique à un programme dont elle avait cassé le moule.
Des outsiders et des émissions concurrentes
Dans les années 2000, la Star Academy cohabite à la télévision avec d’autres émissions consacrées à la musique – sur M6 notamment avec Popstars et Nouvelle Star. De la première émergent des artistes comme Sheryfa Luna, Chimène Badi et M. Pokora, tandis que la seconde commence, en 2006, à faire exploser des artistes décalés qui adoptent des genres divers, comme Christophe Willem ou Julien Doré.
La téléréalité de TF1 a du mal à renchérir, que ce soit au niveau des gagnants, ou même des outsiders, qui signent en major malgré des éliminations en demi-finale ou en finale. Jérémy Chatelain, pur fan de rap et futur producteur de talent, Patxi, pour la chanson française, Sofia Essaïdi côté comédie musicale, Emma Daumas, en épigone de Fefe Dobson, ou Julia Jean-Baptiste, future chanteuse de Pendentif, parviennent à faire carrière en marge, à la façon d’ailleurs d’un des vainqueurs, Quentin Mosimann.
Mais les audiences en perte de vitesse et le lancement de nouveaux concepts, dont The Voice, vont causer à l’émission une interruption d’une dizaine d’années.
Années 2020 : la Star Ac’ incubatrice de talents
En 2022, la Star Ac fait son grand retour, et, avec elle, certaines caractéristiques propres au format : l’accent est mis sur la formation d’une petite troupe de candidats, filmée toute la journée, avec des résumés diffusés en soirée quotidiennement, puis des prime times avec élimination le samedi soir. Sur la saison 2022, un grand nombre de candidats parviennent à sortir un projet musical après leur participation, mais ces EP et singles ne rencontrent pas un écho important.
Dès 2023, la donne change : le vainqueur, Pierre Garnier, rencontre un succès fulgurant, appartenant aujourd’hui aux artistes les plus en vue du moment. Mais la saison révèle également une chanteuse à part, Candice, qui a fait le buzz cette année avec son EP Premier pétale, à la production R’n’B alternatif assez marquante.
L’autre outsider de la promotion, c’est bien sûr Helena, régulièrement victime de remarques grossophobes de la part de commentateurs hargneux, qui a transformé ces attaques en thème de ses premiers succès, dont Summer Body. Comme un pied de nez aux détracteurs, son premier album Hélé s’est directement placé en première place des charts ce printemps.
Dernière saison en date, l’édition 2024-2025 de la Star Academy aura été marquée par le duel final entre Marine et Ebony, toutes deux consacrées vedettes après la fin de l’émission en janvier 2025.
Pour autant, c’est bien Marguerite qui a percé la première : révélée par ses reprises de classiques « variété » dont Le Coup de soleil de Cocciante ou Le Paradis blanc de Michel Berger, la jeune femme, éliminée prématurément de la Star Ac, a peaufiné six chansons sorties sur Grandir, son premier EP.
Un disque où la personnalité forte de celle qui avait révélé sa bisexualité en chanson (Les filles, les meufs) montre encore une fois que l’émission de TF1 met en lumière des profils variés, et, signe des temps, des interprètes en prise avec les grands sujets de société de notre époque.