Adélaïde de Clermont-Tonnerre propose un roman d’aventure éclatant, centré sur le personnage culte des Trois mousquetaires.
Quel personnage féminin de la littérature aura plus fasciné et passionné que Milady de Winter d’Alexandre Dumas ? Dans le cadre de la rentrée littéraire 2025, l’autrice Adélaïde de Clermont-Tonnerre offre à l’antagoniste des Trois mousquetaires une voix, un passé, une histoire et offre une relecture ambitieuse mais honnête de ce personnage singulier.
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Même s’il ne le sait pas, Charles d’Artagnan est au crépuscule de sa vie. Véritable légende parmi les hommes du Roi, il est désormais capitaine des Mousquetaires et prend part au siège de Maastricht à plus de 60 ans. Alors que son serviteur le questionne entre deux attaques, il se remémore la femme qu’il aura jamais réellement compris et dont le destin funeste le hante encore. Milady de Winter, alliée de Richelieu qui a comploté pour détruire les Mousquetaires, jusqu’à assassiner la femme qu’aimait d’Artagnan, Constance.
En repensant à cette femme insaisissable, la vie de Milady — de son véritable nom Anne — est contée, de son enfance à sa mort. Avec Je voulais vivre, l’autrice inverse le rapport de perception du livre Les trois mousquetaires. Milady est désormais l’héroïne, la femme forte qui s’est construite dans un monde d’hommes violents. Une relecture ambitieuse et passionnante, qui conserve la part d’aventure et de grandeur insufflée par Dumas à ses personnages.
Un regard féminin
Milady étant au centre de l’intrigue, son histoire est racontée avant tout de son point de vue. Un angle féministe qui fait de Milady de Winter une figure en avance sur son temps. Affranchie du monde des hommes, inadaptée à la soumission féminine, elle évolue selon ses règles et ses choix.
D’antagoniste, elle devient sa propre héroïne au passé trouble, difficile et traumatique. Conservant une ambiguïté complexe, ses actions ne sont pas toujours bonnes ou vertueuses, mais le chemin menant à cette profondeur et cette particularité est explicitement montrée dans le livre.
En prenant des figures historiques et littéraires connues, Adélaïde de Clermont-Tonnerre se confronte aussi à la vision des lecteurs concernant l’œuvre de Dumas. Doit-elle y correspondre parfaitement ? Peut-elle s’en éloigner ? Le roman étant une interprétation personnelle et thématique d’un personnage précis, l’autrice peut prendre des libertés, mais semble toujours revenir à ce qui est le plus admis par tous. Les connaisseurs des Trois mousquetaires, tout comme les néophytes, ont ainsi plaisir à découvrir de nouvelles choses, tout en restant dans le cadre bien connu de l’œuvre de Dumas.
Le mythe a dépassé la nécessité de respecter la fidélité. Milady de Winter est un symbole, une métaphore, un propos sur l’émancipation féminine, l’archétype du personnage incontournable de la femme fatale. Ainsi, Je voulais vivre se sert de cette richesse pour aller dans une autre direction, plus humaine et personnelle.
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Avec Je voulais vivre, Adélaïde de Clermont-Tonnerre propose l’un des romans les plus réjouissants de cette rentrée littéraire, sélectionné qui plus est pour le prix du roman Fnac 2025. Sans jamais oublier d’aller à l’essentiel et de proposer un grand roman d’aventure, elle utilise le personnage de Milady de Winter pour accomplir deux choses : parler des femmes au XVIIe siècle d’abord, et dresser un portrait plus nuancé d’une grande antagoniste de la littérature ensuite.
Son livre est un récit initiatique, une fresque de vie, nourrit par la période et par le lieu, qui traite du traumatisme et qui montre comment les choix des autres peuvent venir impacter des chemins de vie.