Décryptage

Guide d’achat : comment choisir ses objectifs photo ?

31 juillet 2025
Par Sofian Nouira
Guide d’achat : comment choisir ses objectifs photo ?
©Gemini

Naviguer dans la jungle des objectifs photo peut vite devenir un casse-tête, que vous soyez un photographe aguerri ou un débutant déterminé. Mais comment s’y retrouver face à une terminologie parfois obscure et une offre pléthorique ? C’est tout le propos de ce guide, qui a pour but de vous éclairer sur les critères essentiels pour dénicher l’optique qui correspondra le mieux à votre pratique et à vos besoins.

Si le boîtier est le cerveau de l’appareil photo, l’objectif en est indéniablement l’œil. C’est lui qui capte la lumière, définit l’angle de champ, influence la profondeur de celui-ci et, au final, façonne en grande partie l’esthétique de vos images. Tous les photographes chevronnés vous le diront : on n’a jamais assez d’objectifs !

Toutefois, à mesure que le marché de la photographie a rétréci, son matériel est devenu de plus en plus haut de gamme. Si les boîtiers et les objectifs n’ont jamais été aussi bons qu’aujourd’hui, ils sont facturés à la hauteur de cette qualité souvent exceptionnelle. Chaque achat est donc devenu un investissement, certes gratifiant, mais qui mérite d’en comprendre les tenants et les aboutissants.

Décrypter les spécifications techniques essentielles

Avant de vous lancer tête baissée, il est donc indispensable de connaître les principales spécificités qui caractérisent chaque objectif, et que vous trouverez généralement gravées sur le fût de l’optique, en plus d’être détaillées dans la fiche technique du produit.

La longueur focale

La première, et sans doute la plus commentée, est la longueur focale, exprimée en millimètres (mm). Elle détermine l’angle de champ que l’objectif peut embrasser et, par conséquent, le grossissement du sujet. Une focale courte, par exemple un 16 mm ou un 24 mm, offrira un angle de vue très large, idéal pour les paysages, l’architecture ou la photographie de groupe dans des espaces restreints. On parle alors de grand-angle.

Autour de 50 mm (sur un capteur plein format, nous y reviendrons), on considère être sur une focale « standard », proche de la vision humaine, très polyvalente et appréciée pour le reportage ou le portrait en situation. Au-delà, on entre dans le domaine des téléobjectifs (70 mm, 200 mm, voire 600 mm et plus), parfois appelés à tort « zooms » (un zoom est un objectif à focale variable, qui peut être un téléobjectif, mais aussi un grand-angle ou un transstandard), qui permettent de se rapprocher de sujets éloignés, parfaits pour la photographie animalière, sportive, ou pour isoler des détails dans un paysage ou un portrait avec un effet de compression des plans.

Explication Focale

L’ouverture du diaphragme

Vient ensuite l’ouverture maximale du diaphragme, notée f/ (par exemple f/1.8, f/2.8, f/5.6). Ce chiffre, qui peut sembler contre-intuitif, est lui aussi importantissime : plus il est petit, plus l’ouverture est grande, et donc plus l’objectif est capable de laisser passer de lumière. Une grande ouverture (f/1.4, f/1.8) est un atout majeur en basse lumière, permettant d’utiliser des vitesses d’obturation plus rapides ou des sensibilités ISO plus basses, limitant ainsi le bruit numérique.

Elle a également un impact direct sur la profondeur de champ : une grande ouverture permet d’obtenir un arrière-plan joliment flou (le fameux « bokeh »), idéal pour détacher le sujet principal en portrait ou en macrophotographie. Les objectifs à grande ouverture sont souvent plus coûteux et plus encombrants.

La stabilisation

La stabilisation d’image (parfois appelée IS chez Canon, VR chez Nikon, OSS chez Sony, etc.) est une autre caractéristique à ne pas négliger. Intégrée à l’objectif (ou parfois au boîtier), elle compense les micro-mouvements du photographe, permettant de gagner quelques « stops » de vitesse d’obturation et d’obtenir des images plus nettes à main levée, même avec des vitesses plus lentes ou avec de longues focales, particulièrement sensibles au flou de bougé. C’est un avantage certain, surtout si vous photographiez fréquemment sans trépied ou dans des conditions de lumière difficiles.

La compatibilité

La compatibilité est de son côté un point non négociable. Chaque fabricant d’appareils photo (Canon, Nikon, Sony, Fujifilm, etc.) possède sa ou ses propres montures d’objectif (la bague de fixation entre l’objectif et le boîtier). Un objectif conçu pour une monture Canon RF ne se fixera pas sur un boîtier Nikon Z, et vice-versa.

De plus, il faut tenir compte de la taille du capteur de votre appareil. Un objectif conçu pour un capteur plein format (« full frame ») fonctionnera sur un appareil à capteur plus petit (APS-C, Micro 4/3), mais avec un facteur de conversion de la focale (un « crop factor ») qui la « multipliera ».

Inversement, un objectif spécifiquement développé pour un capteur APS-C monté sur un plein format pourra entraîner un vignettage important (assombrissement des bords de l’image) ou une perte de résolution si le boîtier ne recadre pas automatiquement.

Le prix

Enfin, le prix est évidemment un facteur déterminant. Les tarifs peuvent varier de quelques centaines d’euros pour des optiques d’entrée de gamme à plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’euros pour des téléobjectifs professionnels ou des optiques spécialisées très lumineuses. Il est important de définir un budget en adéquation avec ses besoins réels et son niveau d’exigence.

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Zoom ou focale fixe : le dilemme du photographe

C’est une question récurrente : vaut-il mieux opter pour la polyvalence d’un objectif zoom ou pour les qualités souvent attribuées aux objectifs à focale fixe (parfois appelés « primes ») ? Les zooms offrent l’avantage indéniable de couvrir une plage de focales avec une seule optique. Un 24-70 mm, par exemple, permet de passer d’un grand-angle modéré à un petit téléobjectif, idéal pour le reportage, le voyage ou comme objectif à tout faire. Un 70-200 mm est un classique pour le sport et le portrait. Cette flexibilité permet de s’adapter rapidement à différentes situations sans avoir à changer d’objectif. En contrepartie, les zooms, surtout ceux offrant une grande amplitude, peuvent être plus encombrants, plus lourds, et leur ouverture maximale est parfois variable (elle diminue lorsque l’on zoome) ou, si elle est constante (comme un f/2.8 sur toute la plage), ils sont souvent plus onéreux.

Les objectifs à focale fixe, comme leur nom l’indique, ne proposent qu’une seule longueur focale (35 mm, 50 mm, 85 mm sont des exemples courants). Ce qui peut apparaître comme une contrainte est en réalité souvent perçu comme un avantage par de nombreux photographes. Cela oblige à se déplacer, à soigner sa composition. En termes de qualité d’image, les focales fixes ont la réputation d’offrir un meilleur piqué (netteté), moins de distorsion et, surtout, des ouvertures maximales beaucoup plus grandes (f/1.8, f/1.4, voire f/1.2 ou moins). Elles sont donc reines pour la basse lumière et pour obtenir des effets de bokeh prononcés. Elles sont aussi souvent plus compactes et plus légères que les zooms de qualité équivalente.

Le choix dépendra donc de votre style de photographie. Si la polyvalence et la capacité à réagir vite sont primordiales, un bon zoom sera un allié précieux. Si vous privilégiez la qualité d’image optique maximale, la discrétion, la performance en basse lumière et que la contrainte d’une seule focale stimule votre créativité, une ou plusieurs focales fixes pourraient vous combler. Beaucoup de photographes possèdent d’ailleurs les deux types d’objectifs pour s’adapter au mieux à chaque situation.

S’équiper pour débuter et progresser : quelles pistes ?

Pour un débutant, l’objectif fourni en kit avec l’appareil (souvent un zoom de type 18-55 mm sur APS-C ou 24-70/28-70 mm sur plein format) est une excellente porte d’entrée. Il permet de se familiariser avec différentes focales et de comprendre leurs effets. Une fois ses limites établies, l’une des premières acquisitions recommandées est souvent une focale fixe standard très lumineuse, comme un 50 mm f/1.8 (le fameux « nifty fifty »). Abordable, léger, il offre un bond qualitatif notable en termes de piqué et de possibilités créatives grâce à sa grande ouverture, idéal pour s’essayer au portrait avec un joli flou d’arrière-plan.

Ensuite, selon vos sujets de prédilection, vous pourrez vous orienter vers :

  • Un zoom téléobjectif (type 70-300 mm ou 55-200 mm pour les budgets plus serrés) si vous êtes attiré par la photo de sport amateur, les animaux ou les portraits plus serrés en extérieur.

  • Un grand-angle (zoom ou fixe) si les paysages, l’architecture ou la photo d’intérieur vous passionnent. Un 10-20 mm (APS-C) ou un 16-35 mm (plein format) sont des choix populaires.

  • Un objectif macro dédié si vous souhaitez explorer le monde du minuscule, avec un rapport de reproduction de 1:1.

Il n’est pas nécessaire de se ruiner au début. Le marché de l’occasion regorge d’excellentes affaires, et des marques tierces comme Sigma ou Tamron proposent des optiques de très bonne qualité, souvent à des tarifs plus compétitifs que les objectifs des constructeurs d’appareils (Canon, Nikon, Sony, etc.).

Concurrences marques objectifs

Les fabricants : un écosystème riche et concurrentiel

Les grands noms de la photographie, Canon, Nikon et Sony, dominent logiquement le marché avec leurs propres gammes d’objectifs, généralement très étendues et couvrant la grande majorité des besoins. Pour tenter de garder leurs utilisateurs dans leur univers, ils s’appuient sur des systèmes de montures propres, RF pour Canon, Z pour Nikon et E/FE pour Sony.

En marge, on trouve des fabricants tiers, dits « indépendants », mais dont le rôle demeure essentiel. Ainsi, Sigma est particulièrement réputé pour ses séries « Art », « Contemporary » et « Sports », avec des performances optiques souvent exceptionnelles à la clé, pour des tarifs parfois plus accessibles que les équivalents des grandes marques, ou en proposant des combinaisons de focales et d’ouvertures uniques. D’autres acteurs comme Tamron, Tokina, Samyang/Rokinon contribuent également à la richesse de l’offre, chacun avec ses spécificités et ses points forts.

Avant de nous quitter, un dernier conseil : n’oubliez jamais que le choix d’un objectif est une démarche très personnelle, intimement liée à votre vision de la photographie et à sa pratique. N’hésitez pas à lire des tests, à consulter des avis, et si possible, à louer ou emprunter des optiques avant d’investir. C’est en expérimentant que vous affinerez vos préférences et que vous trouverez les outils qui vous permettront de traduire au mieux vos émotions en images. La quête de l’objectif idéal est un cheminement passionnant, partie intégrante du plaisir de la photographie.

Article rédigé par
Sofian Nouira
Sofian Nouira
Journaliste
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