Ce groupe écossais très inventif et terriblement habile techniquement a apporté un côté sophistiqué et arrogant au rock dit indépendant. Il est ainsi devenu l’un des groupes rock les plus populaires au Royaume-Uni et ailleurs. Formé en 2001 à Glasgow, Franz Ferdinand a offert six albums depuis 2004.
Le contexte
Les Franz Ferdinand se font connaître en plein renouveau du rock anglais. Au début des années 2000, avec les Strokes ou les Libertines, ils rappellent au public combien une musique rock basée sur les guitares peut être moderne et attirante. Dès le début, le groupe a du flair pour transformer des idées et concepts branchés en une musique populaire, grand public et visuelle. Cette dernière, à la fois rock-garage et post-punk, suscite l’engouement du public anglais. Franz Ferdinand s’avère rapidement d’une intelligence redoutable, capable de rendre hommage à Howlin’ Wolf sur Take Me Out en 2004, de toucher à la dance music et au dub (Tonight, 2009) ou au disco (Always Ascending, 2018).
Origines du groupe
Avant de former Franz Ferdinand, le chanteur et guitariste Alex Kapranos jouait dans différents groupes tel Yummy Fur dans lequel se trouvait également le batteur Paul Thomson. Fin 2001, le bassiste Bob Hardy commence à travailler avec eux. Ils rencontrent alors Nick McCarthy, pianiste et double-bassiste de formation classique. Celui-ci avait essayé la batterie à ses débuts. Ce beau monde se retrouve chez McCarthy pour des répétitions et des mises en place. À cette époque, Thomson préfère assurer la guitare plutôt que la batterie. Finalement, la logique reprend ses droits et les musiciens se retrouvent dans un hangar abandonné qu’ils baptisent « Le Château ».
Dans ce lieu, ils organisent des évènements au cours desquels la musique a autant d’importance que l’image. Hardy est sorti diplômé de l’école d’art de Glasgow et Thomson se passionne pour toute forme d’art. Le Château gagne une forte réputation locale mais le lieu n’est plus approprié, la police ayant découvert leurs fêtes illicites. Un ancien palais de justice, également une prison à l’ère victorienne, devient leur nouveau lieu de répétition et de provocations.
2002-2005
En 2002, le groupe enregistre un E.P. destiné à être auto-produit. Mais le bouche-à-oreille fonctionne bien, et le label Domino leur offre un contrat en 2003. Peu de temps après, le groupe part en Suède pour travailler avec le producteur Tore Johansson. En résulte le single Darts Of Pleasure, n° 44 du hit single anglais.
Les mois suivants, Franz Ferdinand tourne avec les formations Hot Hot Heat et Interpol. Leur titre Darts Of Pleasure est commercialisé aux Etats-Unis en novembre 2003. Janvier 2004, Take Me Out, deuxième single, entre dans le top 5 des ventes singles. Leur popularité atteint un autre niveau, et le terrain est prêt pour le premier album. Ainsi, Franz Ferdinand sort en février 2004. La fusion entre le post-punk et le disco surprend le pays : l’album entre n° 3 des ventes. Les chansons Dark Of The Matinée et Michael connaissent le même succès. En septembre 2004, l’album remporte le Mercury Price devant The Streets, Basement Jaxx ou Keane, aussi en compétition.
Au final, leur premier opus se vend à plus d’un million d’exemplaires. L’Australie, certains pays européens comme la France ou bien les USA deviennent une belle base de fans pour Franz Ferdinand. 2005 confirme cette tendance. Kapranos et ses potes remportent deux Brit Awards dans les catégories « Meilleur groupe britannique » et « Meilleur groupe rock », plus une nomination aux Grammy Awards américains. Pendant ce temps, le deuxième album est en pleine conception avec le producteur Rich Costey, entre Glasgow et New York.
2005-2010
Sorti en septembre 2005, You could have it so much better élargit leur palette musicale. Des ballades centrées sur le piano et des titres pop d’influences Beatles font leur apparition sur cette deuxième œuvre. N° 1 des ventes albums à sa sortie au Royaume-Uni et n° 8 aux USA : succès populaire et médiatique. Les récompenses ou nominations sont légion.
En parallèle, les Franz Ferdinand s’impliquent dans des projets différents des leurs. C’est le cas de cette collaboration avec la plus française des Britanniques : Jane Birkin. Ils reprennent le Sorry Angel de Gainsbourg pour un album hommage intitulé Monsieur Gainsbourg Revisited en 2006.
Depuis 2005, le groupe écrit des chansons destinées au 3e album. La direction artistique sera davantage orientée vers la pop et la dance music. Dan Carey, producteur entre autres de Lily Allen et Kylie Minogue, est choisi pour la production. Tonight, troisième opus, voit le jour en 2009. Dub, new-wave, pop, dance music sont les genres abordés, et les singles Ulysses et No You Girls permettent à l’œuvre d’entrer n° 2 des ventes au Royaume-Uni.
Depuis 2010…
La notoriété est là. Franz Ferdinand travaille avec Marion Cotillard sur The Eyes Of Mars, chanson composée pour une publicité Dior. Le groupe livre également le titre The Lobster Quadrille pour la B.O. du film Alice In Wonderland. Kapranos et McCarthy font une apparition sur l’album Losing Sleep d’Edwyn Collins. En 2011, des artistes comme LCD Soundsystem, ESG ou Peaches reprennent des titres de l’album Tonight.
En 2013, Alexis Taylor, Peter Björn, Roxanne Clifford et DJ Todd Terje enregistrent avec le groupe pour l’album Right thoughts right words right action qui voit le jour en 2013. Trois ans plus tard, McCarthy quitte le groupe.
En 2017, Franz Ferdinand, riche de trois nouveaux musiciens, travaille avec le français Philippe Zdar pour la conception d’Always Ascending, cinquième album. De son côté, Thomson s’en va en 2021…
2025 : The Human Fear
Vingt ans après le premier album, le groupe revient avec The Human Fear et nous offre 11 titres, dont Audacious et Night Or Day qui sont des singles en puissance. Ils retrouvent le producteur Mark Ralph qui avait déjà œuvré sur le quatrième opus. Guitares distordues pour les fans de base, rythmiques nerveuses pour les clubs et la voix immédiatement identifiable d’Alex Kapranos. Franz Ferdinand est fidèle à sa tradition, afin de conserver ses fans. Mais l’esprit novateur couplé au besoin de créer en repoussant les limites est toujours là, et tant mieux. Classique mais efficace.
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